DOI issue:
Nr. 3
DOI article:Gauthiez, Pierre; Frizzoni, Gustavo: Nouvelles recherches sur Bernardino Luini
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0219
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en relation avec les Sforza. Il y a lieu de croire que ces portraits,
exécutés à la fresque, furent commandés en témoignage de grati-
tude et de respect pour d’illustres protecteurs. Que l’on n’y cherche
pas d’ailleurs une ressemblance rigoureuse avec leurs prototypes;
leur aspect solennel, leur caractère en quelque sorte monumental,
nous atteste qu’ils durent être reproduits assez librement d’après
ces médaillons en pierre de grandes dimensions, incrustés dans les
murs des anciens édifices, ou même d’après des pièces numisma-
tiques bien connues. Les portraits peints ne devaient fournir à l’ar-
tiste qu’une occasion d’exercer les ressources de son coloris, tant
pour le visage des modèles que pour les riches vêtements dont ils
sont couverts. La dignité, la grâce,
qui caractérisent leurs physiono-
mies, le charme de leurs expres-
sions, nous font deviner le nom du
peintre, qui n’est autre queBernar-
dino Luini. On n’a qu’à comparer
ces fresques, pour s’en convaincre,
avec celles d’une authenticité in-
discutable, qui décorent l’église
Saint-Maurice.
Les portraits sont au nombre
de quatorze. Le premier est celui
Je Muzio Attendolo, désigné par
le nom seul de Sforza en raison
de son indomptable énergie, nom qui se substitua pour ses descen-
dants à celui de la famille. Muzio Attendolo était né à Cotignola,
près de Ravenne, en 1309; sa vie se passa à combattre les diffe-
rents souverains de la péninsule, au service tantôt des uns, tantôt
des autres. Ce fut un redoutable condottiere dont l’image nous
donne une impression puissante et originale. Mais on ne sait où
Luini a puisé pour se procurer des documents exacts à son égard.
François son fils devint le premier duc de Milan de la famille
Sforza, par son mariage avec Bianca Maria, fille du dernier des Vis-
conti, Philippe-Marie.
Les deux époux fondèrent le grand hôpital de Milan ; on voit en-
core sur sa façade leurs portraits, en de grands médaillons de pierre;
François entreprit également la reconstruction du château, ancienne
résidence des Visconti, démoli par le peuple milanais lors de la pro-
clamation de la République ambrosienne. Son successeur, Galeazzo
ATTENDOLO SFORZA
FRESQUE PAR B. LUINI
(Musée municipal, Milan.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en relation avec les Sforza. Il y a lieu de croire que ces portraits,
exécutés à la fresque, furent commandés en témoignage de grati-
tude et de respect pour d’illustres protecteurs. Que l’on n’y cherche
pas d’ailleurs une ressemblance rigoureuse avec leurs prototypes;
leur aspect solennel, leur caractère en quelque sorte monumental,
nous atteste qu’ils durent être reproduits assez librement d’après
ces médaillons en pierre de grandes dimensions, incrustés dans les
murs des anciens édifices, ou même d’après des pièces numisma-
tiques bien connues. Les portraits peints ne devaient fournir à l’ar-
tiste qu’une occasion d’exercer les ressources de son coloris, tant
pour le visage des modèles que pour les riches vêtements dont ils
sont couverts. La dignité, la grâce,
qui caractérisent leurs physiono-
mies, le charme de leurs expres-
sions, nous font deviner le nom du
peintre, qui n’est autre queBernar-
dino Luini. On n’a qu’à comparer
ces fresques, pour s’en convaincre,
avec celles d’une authenticité in-
discutable, qui décorent l’église
Saint-Maurice.
Les portraits sont au nombre
de quatorze. Le premier est celui
Je Muzio Attendolo, désigné par
le nom seul de Sforza en raison
de son indomptable énergie, nom qui se substitua pour ses descen-
dants à celui de la famille. Muzio Attendolo était né à Cotignola,
près de Ravenne, en 1309; sa vie se passa à combattre les diffe-
rents souverains de la péninsule, au service tantôt des uns, tantôt
des autres. Ce fut un redoutable condottiere dont l’image nous
donne une impression puissante et originale. Mais on ne sait où
Luini a puisé pour se procurer des documents exacts à son égard.
François son fils devint le premier duc de Milan de la famille
Sforza, par son mariage avec Bianca Maria, fille du dernier des Vis-
conti, Philippe-Marie.
Les deux époux fondèrent le grand hôpital de Milan ; on voit en-
core sur sa façade leurs portraits, en de grands médaillons de pierre;
François entreprit également la reconstruction du château, ancienne
résidence des Visconti, démoli par le peuple milanais lors de la pro-
clamation de la République ambrosienne. Son successeur, Galeazzo
ATTENDOLO SFORZA
FRESQUE PAR B. LUINI
(Musée municipal, Milan.)