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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 3
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Stryienski, Casimir: Le Salon de 1761, 3: d'après le catalogue illustré par Gabriel de Saint-Aubin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0235

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d'une jeune Indienne de Tangiaor 1 dans le costume et avec les orne-
ments de son pays (n° 91), et Saint-Aubin ajoute : « comme cercles
d'or aux bras et aux jambes, chaînes de perles, ceinture d’or, or aux
doigts de pied » ; Une jeune personne occupée à lire une brochure (n° 92),
avec cette note : « panier à ouvrage passé au bras » (le croquis est
si minuscule que ce détail n’y avait pu trouver place) ; Les charmes
de l’Harmonie représentés par une Vénus ailée qui joue de la
harpe (n° 93), (note : « lit à pieds d’or, pour M. »); U Espérance qui
nourrit l'Amour (n° 94). Ces deux derniers dessins2 sont très poussés
et donnent une idée du charme et de l’élégance de ces panneaux
décoratifs dont le Journal encyclopédique disait : « Ils font admirer
les talents de M. Doyen et montrent que sa vive imagination, qui a
effrayé dans Diomède, sait se déployer au gré des objets : cette touche
terrible est ici pleine de grâces et paraîtrait n’être faite que pour les
amours. »

Page 24. Un croquis d’après Joseph-Ignace-François Parrocel :
VAdoration des Rois (n° 95), et trois croquis d’après Greuze : Le Dau-
phin (n° 96) ; Portrait de AI, Babuti, beau-père du peintre, et la célèbre
Accordée de village (n° 100), dont le titre primitif était : « Un
mariage, à l’instant où le père de l’accordée délivre la dot à son
gendre ». Saint-Aubin a écrit entre les lignes : « M. de l’Ecluse, sou-
venir, » ce qui signifie peut-être que l’un des deux personnages, le
père ou le gendre, fut dessiné de souvenir d’après un M. de l’Ecluse.

Le Salon de 1761 fut un triomphe pour Greuze. On sait quelle
superbe description Diderot fit de VAccordée de village. Greuze était
vraiment son homme, de même que Plutarque était l’homme de
Montaigne et de Shakespeare. Cette peinture morale et moralisante
flattait les idées du critique : il voulait que la peinture, comme son
théâtre à lui, fût une école de vertu, et il s’imaginait avoir trouvé en
Greuze l’apôtre de ses rêves! — Avant Greuze, un artiste anglais
avait aussi été préoccupé delà morale. William Hogarth (1697-1764)
fut un peintre prédicant, mais sans aucune mièvrerie; si Diderot
avait vu ses tableaux3, il eût été choqué de leur réalisme, mais, la
thèse l’emportant, il aurait peut-être montré autant de lyrisme à le

1. Ce tableau, ainsi que le Diomède, appartenait au prince de Turenne. « La
bordure à fond noir [du Diomède, Saint-Aubin la dessine] est du choix de
M. de Turenne. »

2. Au-dessous de ces deux croquis une note : <c Voir la Suzanne de Rubens. »

3. Il cite Hogarth, à propos de Chardin (Salon de 1763) : « Je ne pardonne pas
à Hogarth d’avoir dit que l’école française n'avait pas même un médiocre colo-
riste. »
 
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