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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
et sur cette étonnante SJirimp girl, toute baignée d’ombre légère et
ensoleillée, digne de Frans liais (National Gallery). Certes, il se
dégage de son œuvre de puritain convaincu une brutale sincérité,
il ne fait aucune concession au joli, au convenu; ce n’est pas de lui
que l’on a pu dire comme du peintre français : « Entre la femme
représentée par Greuze et le Désir, il n’y a plus la barrière, le four-
reau rigide, le fichu sobre des bourgeoises de Chardin... Ce ne sont
que corsets et brassières aux lacets lâches, aux nœuds Hoches, toi-
P O R TBAI T Dl L I 13 R A IRE B A B U TI, P A R GREUZE
(Collection de M. Rodolphe Iïann.)
lottes déliées, sans résistance, ne tenant à rien, et que la première
attaque, semble-t-il, va faire couler à terre E »
Greuze a suivi, malgré son tempérament, le chemin de la vertu,
mais un chemin fleuri et parfumé ; il croit s’embarquer pour Athènes,
il croit offrir un holocauste à Minerve ; il se trompe de route, il fait
escale à Cythère et c’est à Vénus qu’en dépit de lui-même il sacrifie.
Diderot, tout en portant aux nues son peintre de prédilection, a
noté, discrètement il est vrai, les principaux défauts de Greuze;]il
a vu que ses personnages manquent de variété, que Téniers est « fort 1
1. J. et E. de Concourt, L’art an xvwe siècle, 2° série.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
et sur cette étonnante SJirimp girl, toute baignée d’ombre légère et
ensoleillée, digne de Frans liais (National Gallery). Certes, il se
dégage de son œuvre de puritain convaincu une brutale sincérité,
il ne fait aucune concession au joli, au convenu; ce n’est pas de lui
que l’on a pu dire comme du peintre français : « Entre la femme
représentée par Greuze et le Désir, il n’y a plus la barrière, le four-
reau rigide, le fichu sobre des bourgeoises de Chardin... Ce ne sont
que corsets et brassières aux lacets lâches, aux nœuds Hoches, toi-
P O R TBAI T Dl L I 13 R A IRE B A B U TI, P A R GREUZE
(Collection de M. Rodolphe Iïann.)
lottes déliées, sans résistance, ne tenant à rien, et que la première
attaque, semble-t-il, va faire couler à terre E »
Greuze a suivi, malgré son tempérament, le chemin de la vertu,
mais un chemin fleuri et parfumé ; il croit s’embarquer pour Athènes,
il croit offrir un holocauste à Minerve ; il se trompe de route, il fait
escale à Cythère et c’est à Vénus qu’en dépit de lui-même il sacrifie.
Diderot, tout en portant aux nues son peintre de prédilection, a
noté, discrètement il est vrai, les principaux défauts de Greuze;]il
a vu que ses personnages manquent de variété, que Téniers est « fort 1
1. J. et E. de Concourt, L’art an xvwe siècle, 2° série.