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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 5.1922

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Nr. 1
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Vitry, Paul: Les accroissements du départment des sculptures (Moyen Age, Renaissance et Temps modernes) au Musée du Louvre (1917 - 1921)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0031

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20

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

liers franco-flamands du temps de Charles Y dont elle dérivait, une plus
robuste certitude et une énergie plus puissante. Le Louvre ne possédait jus-
qu’ici, en dehors du tombeau de Philippe Pot dont l'effigie n est pas la partie
la plus intéressante, aucun portrait bourguignon. Nous avons eu la bonne
fortune de pouvoir rattraper en 1919 une statue priante qui avait appartenu
jadis à l’église des Jacobins de Poligny, transformée en entrepôt municipal et
qui en était sortie indûment vers 1903. J’en ai raconté l’histoire récemment
d’ajorès les renseignements qui m’avaient été fournis par le regretté abbé
Brune1. 11 s’agit de l'effigie que Thomas de Plaine, président au Parlement
de Bourgogne, originaire de Poligny, avait fait dresser entre 1470 et i48o,
en regard de celle de sa femme, qui a disparu, aux côtés d’une Vierge de pitié
également perdue, et il y a toute chance pour que nous ayons là un mor-
ceau de la main du sculpteur avignonnais établi à Dijon, Antoine Lemoi-
turier, auquel on peut attribuer précisément aussi le tombeau de Philippe
Pot. Malgré les mutilations et les restaurations de la face, la statue du parle-
mentaire dijonnais, largement drapée dans la robe aux longues manches en
forme de sac, avec l'autorité un peu rude de ce visage aux pommettes et au
menton saillant, est un excellent exemple de ces figures de donateurs où
s’exerça le génie réaliste de nos vieux imagiers et que les tourmentes révolu-
tionnaires ont trop souvent emportées.

A travers la Renaissance italo-antique, ce même accent de vérité animera
encore la série de nos portraits funéraires français du xvT siècle et le talent
d'un Pierre Bontemps, dont les recherches si précieuses de M. Maurice Roy
nous ont permis d'inscrire le nom au-dessous de la statue de Charles de
Maigny (y 1556), capitaine des gardes de la porte du roi, est lhéritier ici
de celui des imagiers gothiques. Il serait tentant d’attribuer au même auteur
le buste énergique et simple d’un autre militaire de la cour des Valois, Guil-
laume Frœlich, colonel général des Suisses (j- 1562), qui provient des
Cordeliers de Paris. Ce buste, du Musée des Monuments français, était passé
au Musée de Versailles où il était peu connu et peu remarqué. Un heureux
accord avec la conservation actuelle de Versailles, complétant ceux que
Courajod passa avec M. de Nolhac, nous a permis de faire entrer au Louvre
ce magnifique portrait dont on appréciera ici la saveur robuste.

A côté de nos séries françaises et italiennes aujourd’hui déjà assez sérieu-
sement constituées, il importera un jour prochain de coordonner celle,
encore éparse et trop incomplète, des sculptures septentrionales. Déjà quel-
ques morceaux essentiels, comme le Calvaire de Nivelles ou la Vierge d’An-
nonciation de Riemenschneider, figurent dans notre salle du xive siècle ou

1. Revue de l’art ancien et moderne, février 1921, p. 182-134-
 
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