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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 5.1922

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Nr. 1
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Clemenceau, Thérèse: Un regard sur la mode (1919 - 1921)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0078

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UN REGARD SUR LA MODE

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ou de fourrure. Le haut peigne d’écaille dentelé les accompagne, fièrement campé.

Tout doucement nous glissons vers 1921.

Un changement appréciable se manifeste. Les jupes se sont allongées à tel point,
que beaucoup couvrent la cheville. Les tailles ont suivi le mouvement, et les voici
placées presque sur les hanches. C’est une ligne totalement nouvelle, jolie d’ailleurs,
mais pas très seyante pour tout le monde. Hier pas de manches; aujourd’hui, des

manches énormes : largeur,

longueur,

impossible de rien rêver de plus vaste. On
en voit qui s’évasent dès l’épaule, rasent
terre et semblent de véritables ailes. Tantôt
elles se font toutes simples, sans orne-
ments-; tantôt elles sont perlées, brodées,
comme des châsses. Mélange de tissus,
mélange de couleurs, — c’est une débauche
de fantaisie. Parmi les nouveautés amu-
santes, voici la ceinture roulée, énorme
corde souple, recouverte en torsade d’un
tissu différent ou assorti à la robe, plus
large que la taille et posée en biais. Voici
revenus les bijoux de corail sculpté qui
avaient fait la joie des belles dames de
i848. Le gant de jour, forme crispin, se
brode de laine, de soie aux jolies couleurs.

Les boucles d’oreilles, très longues, frôlent
l’épaule lorsqu’on est immobile et bien
sage, et soufflettent le visage au moindre
mouvement un peu rapide. Enfin, si à la
panoplie paternelle vous voyez accroché
un grand beau sabre, dépendez-le bien
vite et courez le porter chez votre mar-
chand de parapluies qui le recouvrira d’une
soie changeante.

La Chine et le Japon ont attiré nos
grands maîtres couturiers, depuis le somp-
tueux manteau mandarin jusqu’au petit
« netsuké » d’ivoire qui se pavane sur nos sacs. On puise sans cesse en Extiême-
Orient. Avec raison, car la richesse des coloris de ces pays exotiques tranche avec
l’habitude du noir qui avait tout atteint, robes, manteaux, chapeaux ; à regarder
l’ensemble d’une réunion élégante on se sentait reporté aux tristes jours de son
enfance, à l’uniforme du pensionnat.

Feuilletant les collections anciennes et nouvelles des grands habilleurs de Paris,
on constate qu’ils se peuvent diviser en deux camps : les précurseurs et les suiveurs.
Les premiers lancent la mode ; les autres la subissent et l’adaptent à leur genre

MANTEAU DU

SOIR, PAR

( 1 9 2 O

PAUL POIRET

— 5e PÉRIODE
 
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