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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
été consacré. Nous possédons peu de reproductions d’après leurs peintures,
qui sont presque toutes conservées à Münster. Les éléments de comparaison
nous manquent donc à peu près complètement.
D'une façon générale, d’ailleurs, l’école de XVestphalie est restée un peu
en dehors des préoccupations des historiens de l’art allemand et demeure en
partie l’apanage d’érudits provinciaux. Nous n'en voulons pour preuve que
l’étrange attribution donnée, à l’exposition de Zurich, cette année, à un
tableau représentant L'Ascension et portant au catalogue le n° 46. Cette
œuvre était classée sous le titre : « Ecole franco-bourguignonne », alors
qu elle était évidemment westphalienne et presque certainement de Johann
Koerbecke, qui travaillait entre 1446 et r49U dont une Présentation au
Temple caractéristique fut exposée en 1906 au Burlington Club à Londres
et dont le Musée de Münster possède deux autres œuvres. La singularité
de cette école au xve siècle et au début du xvT a pourtant été mise en valeur
à l'exposition de Düsseldorf en iqo4- L’œuvre des maîtres de Schoppingen,
de Liesborn, de Cappenberg est entré dans le domaine public. Celui de Viktor
et Heinrich Dünwegge s’est accusé dans toute son originalité, son réalisme
caricatural, le particularisme de ses costumes. MM. Clemen et Eirmenich-
Richartz nous ont expliqué le demi-isolement de ces artistes, leur provincia-
lisme, leurs vieilles formules d'art plus longtemps conservées qu’ailleurs, et
ces caractères s'observeront encore au xvT siècle, malgré la présence à Soest
d’un maître comme Aldegrever, tout imprégné d'italianisme.
Ces remarques viennent à l’appui de l’attribution de notre tableau à l'un des
Tom Ring. Le costume, la coiffe bizarre de la vieille femme qui y est portraite
sont certainement de XVestphalie. Le décor du fond, si particulier, l’étude
patiente qu’on y voit des veines, des nœuds, des moindres détails dans
les boiseries, semblent caractéristiques de Ludger Tom Ring le Jeune, dont
nous donnons ici, à titre de comparaison, l’œuvre peut-être la plus exquise,
qui passa en 1912 à la vente XVeber et qui était, d’ailleurs, auparavant bien
connue. Enfin, point encore plus décisif, il existe au Musée d’Augsbourg
une suite de huit Sibylles indubitablement attribuée à Hermann Tom Ring,
et que Janitscliek affirme même de ses dernières années. Or, on y remarque
la Sibylle Delphique qui n’est autre, dans un décor moins intime et de style
fers Archiv f. kirchl. Kunst, i885: Die To Rings und die spâteren Maler Westfalens, et dans
Die Kunstgeschichllichen Beziehungen zwischen dem Rheinlande und Westjalen, Bonn, ]8"ÿ3 ;
— Ferdinand Koch, Beitrag zur Geschichte der allwestfàlischen Malerei in der 2. Hàlfle des
xv. Iahrhunderts, Münster, 189g ; et Verzeichniss der Gemàldesammlung des W. Kunstve-
reins im Landesmuseum in Münster, 190g ; — Paul Clemen, Die rheinische und die westfâlische
Kunst auf der kunsthistoriche Ausstellung zu Düsseldorf, Leipzig, igo3. — Clemen et Fir-
menich-Richartz, Die kunsthistoriche Ausstellung zu Düsseldorf im Jahre igo4: Meisterwerke
westdeutscher Malerei, München, 1905.
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été consacré. Nous possédons peu de reproductions d’après leurs peintures,
qui sont presque toutes conservées à Münster. Les éléments de comparaison
nous manquent donc à peu près complètement.
D'une façon générale, d’ailleurs, l’école de XVestphalie est restée un peu
en dehors des préoccupations des historiens de l’art allemand et demeure en
partie l’apanage d’érudits provinciaux. Nous n'en voulons pour preuve que
l’étrange attribution donnée, à l’exposition de Zurich, cette année, à un
tableau représentant L'Ascension et portant au catalogue le n° 46. Cette
œuvre était classée sous le titre : « Ecole franco-bourguignonne », alors
qu elle était évidemment westphalienne et presque certainement de Johann
Koerbecke, qui travaillait entre 1446 et r49U dont une Présentation au
Temple caractéristique fut exposée en 1906 au Burlington Club à Londres
et dont le Musée de Münster possède deux autres œuvres. La singularité
de cette école au xve siècle et au début du xvT a pourtant été mise en valeur
à l'exposition de Düsseldorf en iqo4- L’œuvre des maîtres de Schoppingen,
de Liesborn, de Cappenberg est entré dans le domaine public. Celui de Viktor
et Heinrich Dünwegge s’est accusé dans toute son originalité, son réalisme
caricatural, le particularisme de ses costumes. MM. Clemen et Eirmenich-
Richartz nous ont expliqué le demi-isolement de ces artistes, leur provincia-
lisme, leurs vieilles formules d'art plus longtemps conservées qu’ailleurs, et
ces caractères s'observeront encore au xvT siècle, malgré la présence à Soest
d’un maître comme Aldegrever, tout imprégné d'italianisme.
Ces remarques viennent à l’appui de l’attribution de notre tableau à l'un des
Tom Ring. Le costume, la coiffe bizarre de la vieille femme qui y est portraite
sont certainement de XVestphalie. Le décor du fond, si particulier, l’étude
patiente qu’on y voit des veines, des nœuds, des moindres détails dans
les boiseries, semblent caractéristiques de Ludger Tom Ring le Jeune, dont
nous donnons ici, à titre de comparaison, l’œuvre peut-être la plus exquise,
qui passa en 1912 à la vente XVeber et qui était, d’ailleurs, auparavant bien
connue. Enfin, point encore plus décisif, il existe au Musée d’Augsbourg
une suite de huit Sibylles indubitablement attribuée à Hermann Tom Ring,
et que Janitscliek affirme même de ses dernières années. Or, on y remarque
la Sibylle Delphique qui n’est autre, dans un décor moins intime et de style
fers Archiv f. kirchl. Kunst, i885: Die To Rings und die spâteren Maler Westfalens, et dans
Die Kunstgeschichllichen Beziehungen zwischen dem Rheinlande und Westjalen, Bonn, ]8"ÿ3 ;
— Ferdinand Koch, Beitrag zur Geschichte der allwestfàlischen Malerei in der 2. Hàlfle des
xv. Iahrhunderts, Münster, 189g ; et Verzeichniss der Gemàldesammlung des W. Kunstve-
reins im Landesmuseum in Münster, 190g ; — Paul Clemen, Die rheinische und die westfâlische
Kunst auf der kunsthistoriche Ausstellung zu Düsseldorf, Leipzig, igo3. — Clemen et Fir-
menich-Richartz, Die kunsthistoriche Ausstellung zu Düsseldorf im Jahre igo4: Meisterwerke
westdeutscher Malerei, München, 1905.