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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 5.1922

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Nr. 4
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Homolle, Théophile: Léon Heuzey (1831 - 1922)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0219

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

une ténacité aussi souple qu’obstinée, le rendaient capable de triompher des
obstacles, qu'ils vinssent de la nature ou des hommes, qu’il fallût les affronter
ou les tourner par patience et ingéniosité.

M"e Sophie Tricoupis me racontait'un jour l’impression, au premier abord
inexplicable, qu’elle avait éprouvée en visitant pour la première fois l’Acar-
nanie. « Je n’avais jamais vu ces lieux », me disait-elle, « et cependant je
croyais les reconnaître, les revoir. Je me souvins à la réflexion d’avoir lu le
livre de M. Heuzey. » Combien y a-t-il de descriptions dont on pourrait
faire pareil éloge? Celles deM. Heuzey sont frappantes, en effet, d'exactitude,
de variété, de relief et de couleur. Elles sont d'un écrivain que ne préoccupe
jamais la prétention d’écrire, qui songe uniquement à être vrai, précis et fuit
tout vain ornement. Elégant, il l’est par la grâce et la clarté de son esprit,
mais avec la concision et la sévérité de la science. Son style se modèle sur la
pensée, comme la draperie sur les statues antiques.

L’historien se révèle à chaque page, soit qu’il explique par la structure
géographique la route séculaire des migrations ethniques, soit que, par une
observation attentive du terrain, il retrouve les sites et les noms des villes
disparues, ou qu'il suive pas à pas la marche des armées et les péripéties des
batailles décisives ; soit qu’il remonte jusqu’aux plus anciennes origines des
populations primitives, ou qu’au contraire il retrouve chez les habitants du
Valtos ou du Xéroméros des coutumes, des manières de parler et d’agir qui
évoquent le souvenir d’Ulysse, de Pénélope ou de Télémaque. Il étudie de
visu l’organisation de la famille et de la propriété, le régime économique et
administratif : il observe tout, sait tout voir et décrit tout avec la précision
d’un professionnel.

L’archéologue trouvait moins son compte en des régions souvent dévastées
et restées longtemps hors du courant de la culture. Cependant des relevés
de ruines, des dessins, des descriptions d’enceintes fortifiées, des observa-
tions sur l’usage et les formes primitives de la voûte en Grèce, enfin et
surtout la découverte de deux monuments de premier ordre, le tombeau
peint de Pydna, la résidence royale de Palatitza, décelaient déjà le coup d'œil
d'un antiquaire-né.

Si j’ai insisté sur un livre de début, c’est qu’on y trouve non point seule-
ment en germe, mais déjà en belle et riche floraison, les qualités essentielles
de Léon Heuzey. Je ne crains pas de dire que ce premier livre est en son
genre un chef-d’œuvre. N’eût-il fait d’ailleurs que préparer et désigner son
auteur à la mission de Macédoine, une des œuvres maîtresses de Léon
Heuzey, qu’il mériterait une attention particulière.

Du sommet de l’Olympe l’explorateur tomba dans une classe du lycée de
Lyon ; il y eut un succès d’autorité et de charme que son élève Widor se
 
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