DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Homolle, Théophile: Léon Heuzey (1831 - 1922)
DOI article:Pascal, Henriette: Un "primitif" français à Saint-Vulfran d'Abbeville
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0277
UN « PRIMITIF » FRANÇAIS A SAINT-YULFRAN D’ABBEYILLE a55
sont d’un faire assez dur, et les incorrections ne manquent pas. Il y a encore quel-
que chose de romano-byzantin dans les lignes des corps. Mais les personnages vêtus
se rapprochent de la réalité. Les étoffes commencent à s’animer; et les têtes sont
vraiment expressives. La physionomie de l’homme a plus de réalisme, celle de la
femme plus de grâce. L’ovale du visage est pur et fin, encadré par des cheveux
blonds posant à plat contre la nuque. La bouche, bien dessinée, garde aux coins des
lèvres comme une expression de cette morbidezza qui fut chère aux Florentins
du xve siècle. Les yeux bleus sont éblouis par l’éclat de la lumière depuis si
LA RÉSURRECTION DES MORTS (PANNEAU LATÉRAL DU (( JUGEMENT DERNIER )) )
ÉCOLE FRANÇAISE, XI Ve SIECLE
(Église Saint-Vulfran, Abbeville.)
longtemps oubliée, et dans le regard perdu dans le vide on lit comme une sorte
d’effarement.
*
* *
D’où provient ce tableau? M. Delignières1, après l’avoir mentionné comme « un
objet d’importation étrangère », déclarait qu’on ne savait ni son origine, ni à quel
moment il avait été placé à Saint-Yulfran2. D’après Henri Bouchot, il aurait été
1. E. Dell gnières, Une peinture sur verre de iÔ25 à Saint-Vulfran à Abbeville ; 1901.
2. E. Delignières, notice sur Saint-Yulfran dans La Picardie historique et monumen-
tale-, Paris, Picard, 1904-1906, t. III, p. 4i.
sont d’un faire assez dur, et les incorrections ne manquent pas. Il y a encore quel-
que chose de romano-byzantin dans les lignes des corps. Mais les personnages vêtus
se rapprochent de la réalité. Les étoffes commencent à s’animer; et les têtes sont
vraiment expressives. La physionomie de l’homme a plus de réalisme, celle de la
femme plus de grâce. L’ovale du visage est pur et fin, encadré par des cheveux
blonds posant à plat contre la nuque. La bouche, bien dessinée, garde aux coins des
lèvres comme une expression de cette morbidezza qui fut chère aux Florentins
du xve siècle. Les yeux bleus sont éblouis par l’éclat de la lumière depuis si
LA RÉSURRECTION DES MORTS (PANNEAU LATÉRAL DU (( JUGEMENT DERNIER )) )
ÉCOLE FRANÇAISE, XI Ve SIECLE
(Église Saint-Vulfran, Abbeville.)
longtemps oubliée, et dans le regard perdu dans le vide on lit comme une sorte
d’effarement.
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D’où provient ce tableau? M. Delignières1, après l’avoir mentionné comme « un
objet d’importation étrangère », déclarait qu’on ne savait ni son origine, ni à quel
moment il avait été placé à Saint-Yulfran2. D’après Henri Bouchot, il aurait été
1. E. Dell gnières, Une peinture sur verre de iÔ25 à Saint-Vulfran à Abbeville ; 1901.
2. E. Delignières, notice sur Saint-Yulfran dans La Picardie historique et monumen-
tale-, Paris, Picard, 1904-1906, t. III, p. 4i.