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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
S. 0.
L. R.1
Beatæ
A. 1793
A. 1799
In fidem
Odiliæ
motu
heic
publicam
Yirginis
civili
iterum
scripto2
Ossa
violata
condita
firmata
Surmontant le tombeau, deux bas-reliefs en marbre, du xviT siècle, repré-
sentent le baptême de sainte Odile et la délivrance d’Adalric sortant du Pur-
gatoire grâce aux prières de sa fille.
Le détail architectural le plus intéressant de la nef consiste en quatre
petites arcades romanes qui, soutenues par de sveltes colonnettes, forment
tribune et donnent sur le cloître.
Celte chapelle, bien que défigurée par ses vitraux modernes et de douteuses
peintures, moins évocatrice du passé que la chapelle de la Croix, est, à cause
des reliques qu elle contient et des souvenirs qu’elle éveille, l’oratoire pré-
féré des pèlerins, le centre spirituel du monastère. « A cette place », écrit
M. René Bazin, «toute l'Alsace, depuis des siècles, s’est agenouillée ».
Les chapelles Sainte-Odile et de la Croix communiquent par une galerie
voûtée, prolongement de l'ancien cloître, avec l’église conventuelle dont la
façade massive en grès rouge, soutenue par quatre lourds piliers, s’ouvre
sur la cour d’entrée.
Construite de 1687 à 1692 et consacrée le 20 octobre 1696, cette église
est un cube de maçonnerie solidement étayé par huit énormes contreforts.
A l’intérieur, une double rangée de quatre colonnes toscanes divise le vais-
seau en trois nefs d’égale hauteur. D’étroites fenêtres ogivales, anormales
dans un monument d’ordonnance italienne, permettent de croire que les
Prémontrés se servirent, lors du relèvement de l'édifice, des murs subsistants
de l’église antérieure que l’incendie de 1546 n’avait pu, sans doute à cause
de leur épaisseur, anéantir. La boiserie du chœur, avec ses stalles en chêne,
de style Renaissance, date du xvme siècle (1746), ainsi que six magnifiques
confessionnaux, ajourés et ciselés, qu’on considère comme les plus beaux
d'Alsace. Le reste du décor n’est malheureusement pas en harmonie avec
ces témoins d’une antique splendeur. Moderne et de mauvais goût, il donne
une pénible impression de clinquant et d'oripeau, fatigue l’œil par une sur-
charge d’or et de couleursvives.
Pour retrouver trace d'un passé attrayant il faut, sortant de l’église, péné-
trer dans le cloître reconstruit en 1683 par les Prémontrés. Autour d un
1. « Sanctæ Odiliæ Ludovicus Rumpler. » Louis Rumpler, chanoine, s’employa durant
la Révolution à sauvegarder les biens de l’abbaye Sainte-Odile.
g. L’acte auquel il est fait allusion est déposé aux archives de l'évêché, à Strasbourg.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
S. 0.
L. R.1
Beatæ
A. 1793
A. 1799
In fidem
Odiliæ
motu
heic
publicam
Yirginis
civili
iterum
scripto2
Ossa
violata
condita
firmata
Surmontant le tombeau, deux bas-reliefs en marbre, du xviT siècle, repré-
sentent le baptême de sainte Odile et la délivrance d’Adalric sortant du Pur-
gatoire grâce aux prières de sa fille.
Le détail architectural le plus intéressant de la nef consiste en quatre
petites arcades romanes qui, soutenues par de sveltes colonnettes, forment
tribune et donnent sur le cloître.
Celte chapelle, bien que défigurée par ses vitraux modernes et de douteuses
peintures, moins évocatrice du passé que la chapelle de la Croix, est, à cause
des reliques qu elle contient et des souvenirs qu’elle éveille, l’oratoire pré-
féré des pèlerins, le centre spirituel du monastère. « A cette place », écrit
M. René Bazin, «toute l'Alsace, depuis des siècles, s’est agenouillée ».
Les chapelles Sainte-Odile et de la Croix communiquent par une galerie
voûtée, prolongement de l'ancien cloître, avec l’église conventuelle dont la
façade massive en grès rouge, soutenue par quatre lourds piliers, s’ouvre
sur la cour d’entrée.
Construite de 1687 à 1692 et consacrée le 20 octobre 1696, cette église
est un cube de maçonnerie solidement étayé par huit énormes contreforts.
A l’intérieur, une double rangée de quatre colonnes toscanes divise le vais-
seau en trois nefs d’égale hauteur. D’étroites fenêtres ogivales, anormales
dans un monument d’ordonnance italienne, permettent de croire que les
Prémontrés se servirent, lors du relèvement de l'édifice, des murs subsistants
de l’église antérieure que l’incendie de 1546 n’avait pu, sans doute à cause
de leur épaisseur, anéantir. La boiserie du chœur, avec ses stalles en chêne,
de style Renaissance, date du xvme siècle (1746), ainsi que six magnifiques
confessionnaux, ajourés et ciselés, qu’on considère comme les plus beaux
d'Alsace. Le reste du décor n’est malheureusement pas en harmonie avec
ces témoins d’une antique splendeur. Moderne et de mauvais goût, il donne
une pénible impression de clinquant et d'oripeau, fatigue l’œil par une sur-
charge d’or et de couleursvives.
Pour retrouver trace d'un passé attrayant il faut, sortant de l’église, péné-
trer dans le cloître reconstruit en 1683 par les Prémontrés. Autour d un
1. « Sanctæ Odiliæ Ludovicus Rumpler. » Louis Rumpler, chanoine, s’employa durant
la Révolution à sauvegarder les biens de l’abbaye Sainte-Odile.
g. L’acte auquel il est fait allusion est déposé aux archives de l'évêché, à Strasbourg.