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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 7.1923

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Nr. 1
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Réau, Louis: Le premier salon de Houdon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0058

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Cette constatation aurait pu lui donner l’éveil. Mais persuadé, comme
tout le monde, sur la foi des biographes, que Houdon n’avait point exposé
au Salon de 1769, il n’a pas eu l’idée de rechercher si certains croquis
non identifiés de Saint-Aubin pouvaient se rapporter à des œuvres de
notre artiste. Il remarque, p. 38, une grande figure d’homme nu, le bras
droit levé : c’est peut-être, dit-il, la Justice de Gois — sur la septième
feuille de garde, en haut à gauche un Saint Bruno en méditation ; ce serait
également, suggère-t-il, la reproduction d’un dessin lavé de Gois ; au verso
du même feuillet il signale l esquisse d’un Saint Jean tenant à la main une
croix où il propose, non sans hésitation, de reconnaître la Prudence de
Gois et enfin une petite figure d’homme nu courant qu’il renonce à identifier.

Sachant ce que les textes nous ont appris sur la participation de Iloudon
au Salon de 1769, il devient aisé de résoudre ces énigmes. Tous ces pseudo-
Gois sont des Houdon très authentiques : sous le masque de la Justice ou de
la Prudence, nous découvrons son Saint Jean ; son Saint Bruno à la tête
chauve, aux bras croisés est si reconnaissable, qu'on s’étonne, après coup,
que M. Dacier n’en ait pas cru ses yeux. Quant à l’éphèbe courant, c’est
tout simplement le petit Luperque.

Remarquons en passant un détail assez curieux que nous révèlent les cro-
quis de Saint-Aubin : les statues de Saint Jean et de Saint Bruno étaient
exposées au Salon du Louvre dans des niches semblables à celles de l’église
Santa Maria degli Angeli où se trouvaient les originaux. Il ne faut pas
chercher là, comme on pourrait en être tenté, un raffinement de l’artiste
soucieux de restituer l’encadrement architectural pour lequel ces statues
avaient été conçues. L’explication est beaucoup plus simple : ces niches
étaient indispensables pour masquer la face postérieure des statues qui
était restée brute puisqu’aussi bien elle ne devait pas être visible.

Ainsi les dessins de Saint-Aubin confirment pleinement les comptes rendus
des critiques. Il en résulte, sans contestation possible, que les biographes de
Houdon se sont trompés en reportant à l’année 1771 ses débuts au Salon.
En réalité c’est en 1769 que l’artiste, retour de Rome, affronta pour la pre-
mière fois le jugement du public parisien.

III

Les œuvres exposées par Houdon, alors âgé de vingt-huit ans, au Salon
de 1769, étaient le produit de son séjour de quatre ans à Rome. Ce sont évi-
demment les mêmes morceaux qu’il avait présentés le 23 juillet pour son
agrément à l’Académie. Remarquons toutefois qu’il n’exposait pas son Ecor-
ché, sans doute parce qu’il le considérait comme une simple étude ana-
 
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