DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Boucher, Henri: V.-J. Nicolle (1754 - 1826)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0129
Y.-J. NICOLLE
113
*
* *
Dans ces quelques pages on ne devra voir qu’un essai sur un artiste dont
on a jusqu’ici négligé l’étude, malgré la valeur et le réel intérêt que présente
son œuvre. On ne saurait toutefois ne lui trouver que des qualités : avec
beaucoup de variété, d’agrément, de couleur, de rare délicatesse, il faut
avouer qu’une manière un peu sèche et rectiligne caractérise les procédés
d’exécution de Nicolle. N’allons pas nous montrer autrement surpris sur ce
point, ni que le sens de l’architecture ait pu influer et prédominer en lui,
effet logique des fortes leçons qu’il avait reçues de Petit-Radel dans cet art,
ne l’oublions pas. D'ailleurs cette marque n’est pas toujours sensible, car
l’artiste est quand même présent et c’est un régal de le suivre dans toute sa
production.
Et maintenant, si l’on veut définir l’œuvre de Nicolle et le classer dans un
genre, on peut dire qu’il fut avant tout un peintre de monuments et, en
même temps, ce que nous appelons aujourd'hui un « plein-airiste ». Tel se
révèle son œuvre entier ; on n’y rencontre pour ainsi dire jamais un inté-
rieur : on me mettrait fort en peine d’en citer plus de deux, qu’il fit excep-
tionnellement. Il fut même un plein-airiste sensible, délicat, saisissant les
nuances toutes spéciales au ciel italien ; un grand nombre de ses ciels sont
remarquables de finesse, de lumière et même de grandeur. Il fut très sensible
à la beauté de cet élément si important d’une vue ou d’un paysage, et il
excella à les rendre dans toutes les gammes de tons et d’effets : finesse, légè-
reté, fraîcheur, profondeur, espace, luminosité, coloration riche, douce ou
morne, il enveloppe son petit tableau dans l’atmosphère du jour ou de l’heure
qui l’a séduit et qui convient le mieux au sujet.
En résumé, à considérer toute la production connue de Nicolle, résultat
d’une tâche considérable, on y reconnaît un œuvre d’une grande conscience,
qui doit, au demeurant, refléter l’homme qui en est l’auteur, soigneux,
appliqué, scrupuleux, l’opposé du désordonné et du fougueux, mais sen-
sible, très observateur, avec le don d’une perception fidèle ; pour le bien
qualifier en un mot, un artiste d’une parfaite probité.
J’ajoute qu’il faudra revenir à Y.-J. Nicolle. Il mérite une étude plus
poussée, car, c’est à la fois un artiste charmant et un livre tout ouvert, fort
instructif et des plus intéressants.
HENRI BOUCHER
VII .
5e PÉRIODE.
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Dans ces quelques pages on ne devra voir qu’un essai sur un artiste dont
on a jusqu’ici négligé l’étude, malgré la valeur et le réel intérêt que présente
son œuvre. On ne saurait toutefois ne lui trouver que des qualités : avec
beaucoup de variété, d’agrément, de couleur, de rare délicatesse, il faut
avouer qu’une manière un peu sèche et rectiligne caractérise les procédés
d’exécution de Nicolle. N’allons pas nous montrer autrement surpris sur ce
point, ni que le sens de l’architecture ait pu influer et prédominer en lui,
effet logique des fortes leçons qu’il avait reçues de Petit-Radel dans cet art,
ne l’oublions pas. D'ailleurs cette marque n’est pas toujours sensible, car
l’artiste est quand même présent et c’est un régal de le suivre dans toute sa
production.
Et maintenant, si l’on veut définir l’œuvre de Nicolle et le classer dans un
genre, on peut dire qu’il fut avant tout un peintre de monuments et, en
même temps, ce que nous appelons aujourd'hui un « plein-airiste ». Tel se
révèle son œuvre entier ; on n’y rencontre pour ainsi dire jamais un inté-
rieur : on me mettrait fort en peine d’en citer plus de deux, qu’il fit excep-
tionnellement. Il fut même un plein-airiste sensible, délicat, saisissant les
nuances toutes spéciales au ciel italien ; un grand nombre de ses ciels sont
remarquables de finesse, de lumière et même de grandeur. Il fut très sensible
à la beauté de cet élément si important d’une vue ou d’un paysage, et il
excella à les rendre dans toutes les gammes de tons et d’effets : finesse, légè-
reté, fraîcheur, profondeur, espace, luminosité, coloration riche, douce ou
morne, il enveloppe son petit tableau dans l’atmosphère du jour ou de l’heure
qui l’a séduit et qui convient le mieux au sujet.
En résumé, à considérer toute la production connue de Nicolle, résultat
d’une tâche considérable, on y reconnaît un œuvre d’une grande conscience,
qui doit, au demeurant, refléter l’homme qui en est l’auteur, soigneux,
appliqué, scrupuleux, l’opposé du désordonné et du fougueux, mais sen-
sible, très observateur, avec le don d’une perception fidèle ; pour le bien
qualifier en un mot, un artiste d’une parfaite probité.
J’ajoute qu’il faudra revenir à Y.-J. Nicolle. Il mérite une étude plus
poussée, car, c’est à la fois un artiste charmant et un livre tout ouvert, fort
instructif et des plus intéressants.
HENRI BOUCHER
VII .
5e PÉRIODE.
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