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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Cals, Cézanne, Degas, Guillaumin, Lépine,
Berthe Morisot, Pissarro, Renoir, Sisley, eut
lieu en 1874 chez Nadar. Monet y montrait sept
pastels et cinq peintures, parmi lesquelles une
Impression (soleil couchant) qui donna tout de
suite son nom aux recherches des nouveaux
venus. Ce fut une grêle de lazzi, une marée
montante d’incompréhension. L’année sui-
vante, une vente de tableaux de Monet et de
Renoir se fit sous les huées : une toile qui attei-
gnit plus tard 70000 francs en vente publique
fut retirée à 110 francs ; une autre, vendue il y
a une douzaine d’années plus de 100000 francs,
fut adjugée 5o francs. La deuxième exposi-
tion du groupe, en 1876, suscita un nouveau
déchaînement de la presse où se distingua par-
ticulièrement, par son ignorance et son incom-
préhension, le trop influent critique Albert
Wolf, tandis qu’au contraire notre collabora-
teur Duranty dans une brochure, La Nouvelle
peinture, qui est le premier écrit d’ensemble sur
le mouvement impressionniste, puis, en 1878,
le vaillant Théodore Duret dans une autre inti-
tulée Les Peintres impressionnistes, et, peu après,
notre regretté directeur Charles Ephrussi dans
la Chronique des Arts, menaient le bon combat.
En regard de ces jugements divers, dont la repro-
duction dans ce livre constitue un recueil de si
utiles documents pour l’histoire de l’art, M. Gef-
froy, à son tour, maintenant que les passions
sont apaisées et que l’impressionnisme est entré
dans l’histoire, rend, et de façon excellente, le
jugement que portera la postérité sur cet impor-
tant mouvement qui a exercé durant quarante ans
une si grande influence sur notre écolede peinture.
Nous ne pouvons entrer, faute de place, dans
le détail des expositions qui suivirent et des
manifestations qu’elles suscitèrent ; notons seu-
lementcelle que fit Claude Monet seul, en 1880,
aux bureaux de la Vie moderne dirigée par
Georges Charpentier et celle de 1889 à la galerie
Georges Petit en compagnie de Rodin, où il
montrait un résumé de tout son œuvre depuis
1864. Peu à peu, les recherches et les efforts de
l’infatigable et consciencieux observateur allaient,
en dépit des clameurs, s’imposer à l’attention et
trouver leur récompense dans l’admiration de
plus en plus unanime qui accueillit les séries des
Meules (1891), des Peupliers (1892), de la Cathé-
drale de Rouen ( 18g4), des Bords de la Seine
à Giverny (1897), des Nymphéas (1899, 1904,
1906), des Ponts sur la Tamise (1902 et 1908),
de Venise (1908). Elles ont fait entrer définiti-
vement leur auteur dans la gloire.
Après cette biographie détaillée, dont la do-
cumentation extrêmement riche1 — complétée,
à la fin du volume, par une bibliographie de
tous les écrits consacrés à l’artiste et à son
groupe — rend ce livre infiniment précieux, le
critique qu’est M. Gustave Getfroy étudie et
commente à son tour, dans une seconde partie,
en des pages pleines de sensibilité, les diverses
faces du talent et du maître : paysages, figures,
natures mortes, et aide ainsi à mieux com-
prendre et à mieux goûter les œuvres, choisies
entre les plus significatives et les plus belles,
que 56 héliotypies en noir ou en couleurs mettent
sous nos yeux.
AUGUSTE MARGUILLIER
Arthur M. Hind. — The graphie arts, old and
new. Oxford, Clarendon Press (1921). I11-8,
20 p.
Par cette expression graphie arts (inusitée
chez nous) les Anglais et les Allemands
entendent le dessin et les arts de repro-
duction qui en dérivent, autrement dit la gra-
vure. M. Hind, dans cette leçon d’ouverture de
sa chaire d’Oxford — Slade chair of fine art —
esquisse l’histoire et l’état présent de ses divers
procédés, omettant, je ne sais pourquoi, la litho-
graphie. On lira aussi avec fruit les considéra-
tions qui encadrent cette esquisse : objet propre
d’un enseignement universitaire de l’art, devoirs
de l’amateur intelligent, avenir de la peinture
(réconciliation du principe décoratif avec le prin-
cipe imitatif). Les conseils et les exemples visent
particulièrement le public anglais ; mais la
sagesse de ces observations les rend dignes d’être
écoutées même de ce côté du détroit.
t . r .
1. On y trouvera, entre autres, tout le dossier de la
souscription — dont Claude Monet avait pris 1 initia-
tive — qui, en 1890, fit entrer l'Olympia au Musée du
Luxembourg.
Le Gérant: Ch. Petit.
CHARTRE S .
IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Cals, Cézanne, Degas, Guillaumin, Lépine,
Berthe Morisot, Pissarro, Renoir, Sisley, eut
lieu en 1874 chez Nadar. Monet y montrait sept
pastels et cinq peintures, parmi lesquelles une
Impression (soleil couchant) qui donna tout de
suite son nom aux recherches des nouveaux
venus. Ce fut une grêle de lazzi, une marée
montante d’incompréhension. L’année sui-
vante, une vente de tableaux de Monet et de
Renoir se fit sous les huées : une toile qui attei-
gnit plus tard 70000 francs en vente publique
fut retirée à 110 francs ; une autre, vendue il y
a une douzaine d’années plus de 100000 francs,
fut adjugée 5o francs. La deuxième exposi-
tion du groupe, en 1876, suscita un nouveau
déchaînement de la presse où se distingua par-
ticulièrement, par son ignorance et son incom-
préhension, le trop influent critique Albert
Wolf, tandis qu’au contraire notre collabora-
teur Duranty dans une brochure, La Nouvelle
peinture, qui est le premier écrit d’ensemble sur
le mouvement impressionniste, puis, en 1878,
le vaillant Théodore Duret dans une autre inti-
tulée Les Peintres impressionnistes, et, peu après,
notre regretté directeur Charles Ephrussi dans
la Chronique des Arts, menaient le bon combat.
En regard de ces jugements divers, dont la repro-
duction dans ce livre constitue un recueil de si
utiles documents pour l’histoire de l’art, M. Gef-
froy, à son tour, maintenant que les passions
sont apaisées et que l’impressionnisme est entré
dans l’histoire, rend, et de façon excellente, le
jugement que portera la postérité sur cet impor-
tant mouvement qui a exercé durant quarante ans
une si grande influence sur notre écolede peinture.
Nous ne pouvons entrer, faute de place, dans
le détail des expositions qui suivirent et des
manifestations qu’elles suscitèrent ; notons seu-
lementcelle que fit Claude Monet seul, en 1880,
aux bureaux de la Vie moderne dirigée par
Georges Charpentier et celle de 1889 à la galerie
Georges Petit en compagnie de Rodin, où il
montrait un résumé de tout son œuvre depuis
1864. Peu à peu, les recherches et les efforts de
l’infatigable et consciencieux observateur allaient,
en dépit des clameurs, s’imposer à l’attention et
trouver leur récompense dans l’admiration de
plus en plus unanime qui accueillit les séries des
Meules (1891), des Peupliers (1892), de la Cathé-
drale de Rouen ( 18g4), des Bords de la Seine
à Giverny (1897), des Nymphéas (1899, 1904,
1906), des Ponts sur la Tamise (1902 et 1908),
de Venise (1908). Elles ont fait entrer définiti-
vement leur auteur dans la gloire.
Après cette biographie détaillée, dont la do-
cumentation extrêmement riche1 — complétée,
à la fin du volume, par une bibliographie de
tous les écrits consacrés à l’artiste et à son
groupe — rend ce livre infiniment précieux, le
critique qu’est M. Gustave Getfroy étudie et
commente à son tour, dans une seconde partie,
en des pages pleines de sensibilité, les diverses
faces du talent et du maître : paysages, figures,
natures mortes, et aide ainsi à mieux com-
prendre et à mieux goûter les œuvres, choisies
entre les plus significatives et les plus belles,
que 56 héliotypies en noir ou en couleurs mettent
sous nos yeux.
AUGUSTE MARGUILLIER
Arthur M. Hind. — The graphie arts, old and
new. Oxford, Clarendon Press (1921). I11-8,
20 p.
Par cette expression graphie arts (inusitée
chez nous) les Anglais et les Allemands
entendent le dessin et les arts de repro-
duction qui en dérivent, autrement dit la gra-
vure. M. Hind, dans cette leçon d’ouverture de
sa chaire d’Oxford — Slade chair of fine art —
esquisse l’histoire et l’état présent de ses divers
procédés, omettant, je ne sais pourquoi, la litho-
graphie. On lira aussi avec fruit les considéra-
tions qui encadrent cette esquisse : objet propre
d’un enseignement universitaire de l’art, devoirs
de l’amateur intelligent, avenir de la peinture
(réconciliation du principe décoratif avec le prin-
cipe imitatif). Les conseils et les exemples visent
particulièrement le public anglais ; mais la
sagesse de ces observations les rend dignes d’être
écoutées même de ce côté du détroit.
t . r .
1. On y trouvera, entre autres, tout le dossier de la
souscription — dont Claude Monet avait pris 1 initia-
tive — qui, en 1890, fit entrer l'Olympia au Musée du
Luxembourg.
Le Gérant: Ch. Petit.
CHARTRE S .
IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.