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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 7.1923

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Nr. 3
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Bénédite, Georges Aaron: Un „chien" égyptien du Nouvel Empire au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0151

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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au Louvre en i g 13 (que nous reproduisons en lettre) provient vraisembla-
blement d’un Chien exposé aux atteintes des iconoclastes. 11 n’en est pas de même
du beau monument que nous venons d’acquérir. Son état de conservation sup-
pose sa sortie des profondeurs du sol et la découverte d’une sépulture autonome.

Dès lors, on arrive à comprendre l’intention qui a présidé à l’exécution
contradictoire que nous avons relevée dans cette œuvre : ce mélange,
d’ailleurs harmonieux, d’éléments hiératiques et d’éléments réalistes. Nous
avons affaire à un monument funéraire. D’animal consacré à son dieu-loup,
il est passé dieu-loup lui-même, comme son maître, une fois dans ses bande-
lettes et son cercueil, est devenu un Osiris. La tête mutilée à laquelle je viens
de faire allusion est aussi instructive à ce point de vue : elle présente le même
collier de longues mèches plus ou moins ondulées, reconnu comme une
caractéristique des canidés sauvages et notamment du loup ; et, en outre,
l’allongement des yeux par le trait de fard tiré de la commissure externe et
qui forme, comme on voit, l’œil osirien1 2. Détail piquant : cet œil allongé du
dieu des morts est un legs du dieu-loup Khonti-Amentiou d’Abydos qui, après
avoir longtemps précédé Osiris comme dieu régional abydénien, s’est ensuite
confondu avec son successeur 3. Par cet emprunt au dieu des morts, le loup
n’a fait que reprendre son bien.

Jusqu’à présent nous avons raisonné comme si l’animal représenté était un
chien, et comme si le dieu de Sioût était un loup. La question du loup
égyptien a été très controversée. Le loup est exclu de la faune égyptienne par
quelques naturalistes qui rangent le Canis lupasler, ou loup égyptien, parmi
les chacals. Ce n'est pas l’opinion des indigènes qui réservent l’appellation
de dib au seul loup et dénomment le chacal du sobriquet de abou l-housein
et de teileb. D’autres, enfin, n’admettent parmi les grands canidés sauvages
qu’un grand chien, le Canis Doderleini (Hilzheimer), qui aurait les apparences
de notre loup septentrional et dont les momies auraient été trouvées en assez
grand nombre à Sioût4. C’est là une question qui sort de notre domaine. Le
dieu régional reste pour nous, comme pour les anciens Egyptiens, un canidé
sauvage de grande espèce dénommé Xvxoç par les Grecs. Tous les
canidés de la région lui étaient consacrés et participaient du culte et de
la vénération dont il était l’objet, et c'est à cette circonstance que nous
devons la possession d’un superbe animal qui a traversé trois millénaires

1. E 11 285lis.

2. Je suis porté à considérer cette tète comme ayant la même provenance (Assioùt)que
le chien qui fait l’objet de cet article. Les yeux osiriens et le collier de poils semblent bien,
dans les deux cas, procéder d’une tradition locale.

3. Ed. Meyer, loc. cil.

4- Lortet et Gaillard, La Faune momifiée de l'ancienne Égypte, t. II (1909), p. 277-282.
 
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