Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 7.1923)

CHARLES MILCENDEAU

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Milcendeau est lui-même du premier coup et, du premier coup, il joint la
tradition. Et c’est sans doute le nom d’un maître français encore qui vient
à l'esprit devant le superbe dessin — que son propriétaire destine au Louvre —
du Paysan de Castille, de quelques années postérieur, souvenir d'un des
voyages du Vendéen1. Le type est tout pareil aux plus finauds de Vendée et
de Bretagne, outre qu’il
ressemble un peu au Vol-
taire de Idoudon; et l’on
comprend qu’il ait retenu
Milcendeau. Mais si l’on
peut, par plus d’un trait,
rattacher cet ouvrage à
l’art d’un Jean Fouquet,
nous devons dire que
cette vieille tradition réa-
liste vers laquelle l’ins-
tinct plutôt que l’étude
l’avait poussé, Milcen-
deau la retrouvait aussi
bien chez Dürer, qui, avec
Rembrandt, était a u
nombre de ses admira-
tions ; il la retrouvait chez
beaucoup de maîtres ici
ou là, partout où la sin-
cérité rayonne... A Soul-
lans, après le travail,
pour se donner un
« rayonnement », aussi
bien que pour s’éprouver,
il ouvrait parfois un petit
album où des gravures
de Rembrandt et de Dü-
rer étaient reproduites ; ou bien il rêvait de Vermeer de Délit, 1 « incomparable
sphinx », comme dit Van Gogh dans une lettre à M. Emile Bernard, « l’in-
comparable sphinx qui a trouvé dans batelier de Rembrandt cette technique
extrêmement solide qui n’a pas été surpassée ».

Avant de peindre à l’huile, Milcendeau a fait, à partir de 1896, des dessins

LA BOUTEILLE
MILCENDEAU ( I8 9 6 )

1. Milcendeau a fait quatre séjours en Espagne entre 1900 et 1909.