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Goupil-Fesquet, Frédéric; Vernet, Horace [Bearb.]
Voyage D'Horace Vernet En Orient: Orné de seize dessins — Paris: Challamel, Éditeur, 1843

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https://doi.org/10.11588/diglit.52903#0199
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monts et par vaux, déblatérant force mots arabes rehaussés et démon-
trés par des signes. M. Vernet préfère le statu quo; je reste auprès de
lui, cherchant sur mon album des réminiscences de ce que j’ai décrit,
heureux de mettre à profit les conseils de sa vieille et savante expérience.
Un pasteur vient interrompre notre entretien : c’est un vieillard
conduisant devant nous son jeune fils de quinze ans, qui souffre depuis
plusieurs jours de la fievre. 11 vient implorer pour lui les secours de la
médecine contre les progrès du mal. Ici commence pour notre grand
peintre une ère nouvelle et glorieuse ; faisant approcher le pauvre ma-
lade, il lui tâte le pouls, et, apprenant par Khalil (qui prétend avoir été
lui-même chirurgien des maineloucks) l’intermittence du mal, il sort de
sa pharmacie des paquets de quinine que le vieux père emporte après
avoir mille fois baisé le pan de robe du nouveau docteur. Cinq minutes
après, seconde consultation ; le nombre des pratiques grossit à vue d’œil ;
des boiteux, des galeux, des rachitiques et des épileptiques se succèdent
et reçoivent avec joie les remèdes les plus innocents de l’art ; d’autres se
plaignent de maux de tête et d’insomnies, prétendant ne pouvoir dor-
mir que d’un œil ; quelques-uns ont des entorses, ou des douleurs rhu-
matismales. L’artiste trouve remède et réponse à tout; les pastilles de
menthe, la pâte de guimauve et de jujube, sans omettre la pâte de Re-
gnauldaîné, et les purgatifs jouent leur rôle à merveille; le tout sans ré-
tribution; aussi, la plus grande gloire est-elle acquise désormais au sa-
vant européen. Aucune femme ne paraît sur la scène, mais les maris se
chargent de consulter pour elles, et demandent même des spécifiques
contre l’impuissance et la stérilité.
Sur ces entrefaites, nos chasseurs arrivent tout essoufflés et sans au-
cune espèce de gazelle. M. H. Vernet, devenu à jamais célèbre dans sa
nouvelle carrière, referme la pharmacie et annonce aux populations
enthousiasmées que son bureau de consultation ne sera ouvert que si
l’on nous promet des chameaux pour Jérusalem.
Le 9, à quatre heures du matin, les chameaux demandés n’arrivent
point; le scheick offre à M. Vernet son cheval, maigre rosse qui ne
manque pas de quelques principes de beauté. Une heure se passe;
point de chameaux; deux heures 1! nous commençons à désespérer. Les
voici enfin, ces montures tant désirées! mais ce sont les plus maigres,
les plus chétives et les plus épuisées qu’on ait pu trouver; néanmoins,
on les charge, et, grâce à quelques petits dons faits aux Arabes, on
nous laisse partir avec deux guides. Heureusement, Khalil sait la
route mieux qu’eux , et d’ailleurs nous n’entendons rester à aucun prix
 
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