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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en France — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.9066#0324

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LES MAITRES DE LA CARICATURE MODERNE

28!»

Faut-il voir en lui « un artiste éminent qui ne fut pas dans son temps
délicatement apprécié », suivant l'expression de Baudelaire, ou bien, sans
viser aussi haut, faut-il simplement reconnaître en lui de très grandes qua-
lités d'observation et de dessin qui, par suite de circonstances imprévues,
n'ont pas pu parvenir à leur entier développement.

Ce qui est certain, c'est qu'il a manqué de souffle et d'allure, c'est qu'il n'a
pas eu le génie suffisant pour faire de Liard, le Chiffonnier philosophe, autre
chose qu'un type, qu'un excentrique en guenilles, passant dans le kaléidos-
cope de la caricature, et qu'il a fallu Gavarni pour créer Thomas Vireloque.

Quelques mots sur une dernière figure qui a eu son originalité, et qui,
peut-être, eût marqué plus profondément,
si elle n'avait été enlevée sitôt à l'art. De
même que Cham appelle forcément Tœpflcr,
de même Trimolct, — car c'est de lui qu'il
s'agit ici, — fait penser à Cruikshank et
aux humoristes anglais. Avec leur puissance
de rire et de grotesque, ceux-ci ont souvent
influé sur la caricature, et à l'époque où
nous sommes parvenus, c'est-à-dire vers
1840, ils pénètrent encore plus profondé-
ment dans l'esprit français, popularisés
qu'ils sont par l'estampe, par la reproduc-
tion des originaux et môme par des adaptations. Le très grand succès obtenu
en Angleterre par les almanachs comiques de Cruikshank donna à l'éditeur
Aubert l'idée d'entreprendre une pareille publication, et c'est à Trimolct qu'il
s'adressa pour les planches gravées, série de petits sujets prestement enlevés
et traités d'une pointe légère, avec beaucoup de verve et de fantaisie1.

Bien qu'il ne se soit pas en tout et partout inspiré de Cruikshank, Trimolct
a eu, même dans ses œuvres entièrement originales, cette sorte d'humour
spéciale au tempérament britannique. Maître en son genre, il a doté la caricature
française d'intéressantes pièces à l'eau-forte, que rappelleront quelque peu les
grandes compositions de Bertall sur l'eau, le vin, les éléments, les gourmets.
Aux côtés de ces noms connus2 viendront se grouper bientôt les illustra-

Fig. 100. — Vignettes de Traviès
(Charivari, 1838).

1 Voir la page du Comic Almanach avec vignettes de Vernier reproduite à la « Bibliographie
des Almanachs ».

* Je n'ai rien dit de Benjamin, qui a publié quelques violentes lithographies dans la Carica-
ture de 1830 et qui est resté célèbre par son Panthéon Charivarique, parce que ce dessinateur,
malgré son talent, n'a pas marqué dans l'histoire des manifestations caricaturales. Du reste, on
trouvera de lui aux « Biographies d'artistes » les deux beaux portraits-charge de Gavarni et de
Traviès.

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