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eu tables. Il faut se contenter de considé-
rer ce qu’il y a de beau et meme de très
beau, et à demander après s’il est encore
juste de censurer la statuaire et de lui
reprocher d’être « pauvrement représen-
tée. »

D’ailleurs on n’a pas besoin de recourir
à la difficulté notoire que le public a toujours
et partout, d’apprécier les œuvres sculptu-
rales selon leur véritable valeur, relativement
aux peintures, pour expliquer le jugement
du diplomate distingué de M. Greyson et qui
pourraitêtre plutôt amateurque connaisseur;
il suffit de faire remarquer la nature des lo-
caux consacrés aux expositions de notre aca-
démie pour n’y trouver rien de surprenant ;
et il faut accuser grièvement l’autorité qui
condamne, de terme en terme, les sculpteurs
à se présenter au public dans des condi-
tions pouvant être considérées comme leur
étant favorables d’une manière surprenante,
si leurs œuvres parviennent seulement à
être vues. Le critique sobre et consciencieux
s’acquitte patiemment du devoir de surmor-
ter ces difficultés, à force de voir et de re-
voir ; mais on ne peut être irrité contre le
public, s’il ne se donne pas tant de peine
pour contenter son désir de voir des œuvres
d’art. Peut-être le politique belge n’a-t-il vu
qu’une douzaine de bustes exposés dans les
salles de peinture ; alors, il est vrai, son
jugement ne saurait être plus juste. Mais,
s’il a tout vu, vous hésiteriez déjà à lui don-
ner votre assentiment, après avoir appris
que c’est la statuaire qui a fourni l’œuvre
capitale de l’exposition entière, un travail
d’une beauté tellement exceptionnelle que ce
n’est pas trop dire, je crois, que malgré Ca-
nova et même malgré Thonvaldsen, il n’a
pas été produit, depuis l’antiquité, une œu-
vre aussi harmonieuse et aussi absolument
parfaite. Je ne me rappelle point de sculpture
moderne vis-à-vis de laquelle j’aie eu — tout
en admirant lamerveilleuse perfection du tra-
vail et l’extrême Uni de l’exécution — autant
de peine à m’imaginer que c’est la produc-
tion de tel ou tel homme, que, il y a peu de
temps, tout cela n’existait pas encore, et
que, peu s’en fallût, rien n’en existerait.
Ce serait comme un blasphème de penser
seulement que la moindre chose que ce soit
pourrait y être autrement. De tous côtés
vous admirez la même délicatesse, la même
harmonie des contours; tous les détails sont
pleins de charmes vraiment ravissants ; l’en-
semble est rempli de vie, de mouvement,
de gaieté, de naïveté. Je ne crains pas que
vous me teniez pour trop enthousiaste ; vous
pouvez donc croire qu’il s’agit d’une œuvre
tQut-à-fait hors ligne qui seule de son genre,

est capable de donner de l’éclat à une ex-
position.

C’est un jeune Faune jouant avec un
masque tragique, figure de grandeur natu-
relle et en marbre, sculptée par Eduard
Muller, né à Cobourg et domicilié depuis
quelques années à Rome. Son talent n’a
pas été précoce ; il a même bien tard em-
brassé la sculpture ; mais son habileté ex-
traordinaire lui a valu la faveur du duc de
Saxe-Cobourg-Gotha, et, après avoir fait ses
études un peu partout, il est parvenu,depuis
quelques années, au premier rang des sculp-
teurs contemporains. A Hambourg on voit
de lui un groupe admirablement pondéré
et très beau dans toutes ses parties, repré-
sentant la Foi, l’Espérance et la Charité, sur
une sépulture de famille. II y a deux ans,
nous avons eu à notre exposition le groupe
d’une Jeune fille à genoux confiant le secret
de son cœur à l'Amour qui lui prête libérale-
ment son oreille et essaie déjà du doigt,
derrière son dos, la pointe de la llêche qu’il
tirera à la suite de cette confession orale :
joli sujet représenté avec un goût exquis et
d’un savoir-faire à toute épreuve.

Voilà ses principaux ouvrages ; il n’est
pas très productif, cela va presque sans
dire ; on ne fait pas aisément de pareilles
choses. Il réunit les qualités de l’école alle-
mande à celles de l’école italienne ; seule-
ment il ne se laisse pas entraîner par cette
coquetterie de la virtuosité technique qui,
malheureusement, constitue maintenant la
qualité dominante de la sculpture italienne.
Un très beau Buste de jeune fille en cos-
tume du pays, faisait remarquer toute la
différence entre la facilité sans idées pres-
que exclusivement cultivée en Italie, et une
production réfléchie et combinée avec un
sentiment pur et noble.

11 n’est pas agréable d’analyser après une
œuvre excellente, des ouvrages de mérite et
d’ailleurs très intéressants, mais qui sont de
beaucoup inférieurs à un travail si excepti-
onnel. Cependant i! ne faut pas se laisser
dominer par une impression, quelque forte
qu’elle soit, et il faut vous démontrer que
j’ai eu raison de prendre énergiquement le
parti de la section sculpturale de notre ex-
position.

Je ne dis rien de trois œuvres de sculpteurs
italiens : d’un petit Napolitain fumant, de
Francesco Barzaghi, joli mais sans esprit ;
d’une Chèvre avec son chevreau, de Giovita
Lombardi, groupe ingénieusement composé
et magistralement fait ; enfin de la demi-
figure d’Othello avec le mouchoir de Desdé-
monc à la main, de Pietro Calvi, tour de
force barbare, composé de bronze et de divers I

morceaux de marbre, raffiné 'dans l’effet,
mais choquant pour le bon goût.

Je vais plutôt parler d’autres artistes al-
lemands à Rome, dont un des plus célèbres
est Emil Wolff , dernièrement devenu
Président de l’académie des beaux-arts de
Rome,le premier étranger et le premier pro-
testant admis à cet honneur depuis l’époque
de Thonvaldsen. Je regrette infiniment
n’avoir pas beaucoup de louanges méritées
pour ce célèbre auteur du groupe des Ama-
zones qui, il y a deux ans, a si bien soutenu
sa réputation par une statue noble et gran-
diose de Judith. 11 a exposé chez nous une
Matrone romaine (trop jeune) ôtant ses pen-
dants d’oreille pour les offrir sur l’autel de
la patrie (époque de la seconde guerre con-
tre les Carthaginois). Vous vous doutez qu’il
s’agit ici d’un sujet infiniment difficile à
exploiter artistiquement, même dans les
formes les plus convenables. L’air niais de
la dame, luit échouer tous les efforts de l’ar-
tiste.

Un autre artiste, Karl STEiNiiâusER, de
Brême, souvent nommé, ces derniers temps,
pour la restauration de notre statue antique
de l’Amazone,et pour la découverte de têtes
de l’Hercule Farnèse et de l’Apollon du
Belvédère, plus belles et plus curieuses
que celles des statues, nous a envoyé une
grande statue de Déborah, hardie dans le
mouvement, dans les parties inférieures du
corps emprunté à une Niobide du Vatican,
mais sans vigueur dans l’expression ; bien
exécutée, mais sans unité de conception.

Eduard Mayer et Rudolph Piehl se dis-
tinguent par de petits bustes très délicats,
peut-être trop ; le dernier a aussi fait un
petit Amour monté sur une tortue, compo-
sition symbolique, mais en même temps
agréable à voir.

Le plus bel ouvrage des artistes alle-
mands à Rome (excepté Ed. MülJcr) nous
a été envoyé par Joseph Kopf, de Stuttgart ;
c’est un groupe représentant Joseph repous-
sant la femme de Putiphar. Il est peut-être
un peu risqué de réduire le costume de
ces figures-là à néant ; mais cette façon
d’exécuter a offert tant d’avantages à l’ar-
tiste, soit pour l’accomplissement du groupe,
soit pour la beauté des formes, soit pour
l’énergie des mouvements, qu’on 11e saurait
l’en blâmer. Comme marbre demi-nature,
c’est un précieux chef-d’œuvre, en même
temps si hardi et si modéré qu’il n’existe
pas beaucoup de groupes plastiques de cette
valeur.

Karl Begas, de Berlin, a travaillé, pen-
dant ses études en Italie, un joli Buste de
jeune fille ; mais vous aimerez sans doute
 
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