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compositions. Iis sont exécutés en differen-
tes manières, les contours à la plume, ie
modelé pour la plupart lavé à l’encre de
Chine ou au bistre. La touche est hardie,
magistrale.

Voyez donc ce jeune homme gagnant à
peine sa vie et faisant des ouvrages de com-
mande, les premiers venus, voyez-le com-
poser des scènes historiques dans un style
tout nouveau. Tout y est nature, la vie est
saisissante. On admire la mêlée dans les com-
bats, la résignation et l’enthousiasme dans
les actes de dévouement, la dignité et la
solennité dans les cérémonies.

Jamais bataille n’a été plus acharnée que
celle où Menzel représente l’attaque des
grenadiers de la garde du grand Frédéric
contre les Autrichiens à Moll vvilz ; défi à qui
que ce soit d’en trouver un pendant. Et ce
grand Electeur à Fchrbellin ! c’est comme
l’ouragan qui terrasse les ennemis.

Dans un genre différent,Vicelin est trans-
porté par une sainte inspiration ; l’impres-
sion de ses paroles se lit sur tous les visages
des assistants ; c’est grandiose et si paisible,
si solennel ! Voici un autre culte non moins
sérieux, non moins sacré : le départ des
volontaires en 1813 ; en le voyant, on croit
entendre de loin l’air du célèbre chant de
Theodor Kœrner « Das volk steht auf, der
sturm bricht los» (le peuple se lève, la tem-
pête éclate),mais ce n’est pas un patriotisme
farouche,c’est la morale d’un peuple devenu
sage et prêt à expier sa faute. On ne saurait
mieux exprimer celte situation.

Y a-t-il quelque chose de plus ennuyeux
que les cérémonies d’étiquette ? C’est la
pierre d’achoppement de tous les « peintres
de la cour » et de ceux qui veulent le deve-
nir. Notre jeune artiste ne se soumet pas à
un programme aussi minutieux que ridicule,
mais, en échange, il connaît les exigences
d’une œuvre d’art ; l’investituredu Burgrave
Friedrich de Nürnberg par l’empereur Si-
gismund en est la preuve : Friedrich, à
genoux, prête le serment, le petit nombre
des assistants n’accable pas la composition
et n’étouffe point le sujet principal. Le sa-
cre du premier roi de Prusse, Friedrich I
(en qualité d’Electeur,Friedrich III) est une
scène plus riche ; l’artiste a tâché d’organi-
ser les masses et a 1res bien réussi. Les
nombreux personnages sont dépendants de
celui du roi recevant la couronne.

On voit, par le choix d’un de ses sujets,
à quel point Menzel a renoncé au grand
apparat de l’ordinaire despeintrcsd’histoire.
Je veux parler de l'Entrée des protestants de
Salzbourg à Berlin (1752). La misère des
pauvres expulsés lui a fourni beaucoup de

motifs, surtout avec le concours des com-
missaires du roi chargés de recevoir les
bonnes gens.

La meilleure de toutes ses compositions
est peut-être Victoria ! A la lumière du jour
qui baisse, les groupes des vainqueurs sur
le champ de bataille, la joie du triomphe et
le calme dé la mort, les doux revoirs et les
tristes pertes, l’exaltation du moment et les
droits inprescriptibles de la nature succom-
bant sous le poids des fatigues et des im-
pressions, le tout se réunissant dans une
ardente prière d’actions de grâces pour la
délivrancecomplète d’une tyrannie honteuse
et insupportable, voilà l’idée réalisée dans
celte dernière feuille.

Mais en l’appelant la meilleure, j’ai voulu
parler seulement du contenu du cahier.
Peut-être la couverture, le litre, l’emporle-
t-il encore sur les compositions. Son enca-
drement emblématique est d’une simplicité
vraiment sublime ; les figures, l’histoire
surtout, rappellent les sybilles de Michel-
Ange à la voûte de la chapelle Sixtine. xMal-
heureusomenl cette couverture est devenue
excessivement rare.

11 n’est pas possible de continuer à suivre
ici la carrière de l’artiste qui, à présent,
compte parmi les plus célèbres de l’Europe.
J’ai seulement pensé qu’il serait intéressant
pour vous de connaître les prémisses de
son génie lors de son début modeste et peu
apparent ; je tiens d’ailleurs à constater que
j’ai contribué un peu pour ma part, à affai-
blir ce que l’on a la coutume d’appeler chez
nous le « culte des héros » dans l’histoire,
c’est-à-dire l’opinion que c’est à l’action
d’un seul qu’il faut réduire les faits princi-
paux de l’histoire, tandis qu’il y a toujours
un grand nombre d’hommes coopérant, in-
dépendamment les uns des autres,à l’inven-
tion et à la victoire d’un nouveau principe,
soit dans les sciences, les arts ou la politi
que. Puis-je espérer d’avoir réussi à établir
la part considérable qu’un jeune ouvrier
lithographe de Berlin — il n’était que cela
à cette époque — a prise à la naissance de
la peinture réaliste d’histoire ?

Ce n’est que pour justifier l’introduction
de cette digression dans mes notes sur l’ex-
position de l’académie de Berlin, que je
finis en énumérant quelques-uns des plus
récents tableaux de Menzel dont six ont
brillé à notre dernier Salon. Je citerai le
Sacre du roi Wilhelm I, de Prusse, à Kônigs-
berg, en 1862 ; quelques Scènes de genre,
études d’après nature à la gouache et à
l’aquarelle ; des Fantaisies à la salle d'ar-
mes, à la gouache ; le Tableau allégorique
offert par les autorités municipales au roi

Wilhelm à l’occasion de son entrée -triom-
phale dans sa capitale après la guerre de
1866 ; un Titre d'album à l’occasion du Ju-
bilé des grandes usines de cuivre et de
laiton, de Heckmann, à Berlin, tous les
deux à la gouache ; demi-figure d'un homme
barbu ouvrant un coffret d’argent, à l’aqua-
relle ; le Dimanche au jardin des Tuileries,
un Coin de rue à Paris, ces deux derniers à
l’huile et peints d’après les souvenirs de
l’artiste ; Service divin clans la fontelaie près
de koesen ; Divertissements des invités, entre
les danses, ci un bal cle la cour, etc. C’est
avec regret que je renonce — en attendant
une autre occasion — à la critique de ces
œuvres extrêmement intéressantes.

Bruno Meyer.

Chronique générale.

— Un arrêté royal du 6 Mai courant décerne le
prix quinquennal d’histoire nationale àM. Jules
Van Praet, membre de la classe des lettres de
l’Académie royale de Belgique,pour son ouvrage
intitulé : Essais sur l’histoire politique des derniers
siècles.

— Ainsi que nous l’avons annoncé, l’adminis-
tration communale de Gand a invité le célèbre
architecte français Viollet-]e-Duc à venir visiter
l’hôtel-de-ville actuellement en restauration. M.
Viollet-le-Duc est resté huit jours à Gand et a
consacré tout son temps à examiner avec la plus
vive attention le curieux monument soumis à son
inspection. Le rapport qu’il a adressé à l’autori-
té, renferme une appréciation des plus flatteuses
pour les travaux accomplis jusqu’à présent et il
exprime l’espoir que les restaurations extérieures
seront conduites à bonne fin avec la même entente
et la même vigilance. M. Viollet-le-Duc a émis,
au sujet de l'ornementation de la salle d’entrée,
de la chapelle échevinale, de la salle du conseil,
de la salle d’armes et des chambres dites : les
cuisines, des idées dont il sera tenu compte. Mais
il est à peine nécessaire de faire remarquer que
l’ornementation peinte des monuments français
des XIVe et XVe siècles ne procède point de la
même façon et que notre école flamande,généra-
lement plus coloriste que l'école française a, à
cet égard, des traditions spéciales.

L’avis émi par M. Viollet-le-Duc que l’on con-
sidère avec raison comme un des spécialistes les
plus distingués de l’Europe, a le droit de flatter
notre amour-propre national et de nous rassurer
sur la restauration à coup sûr la plus délicate à
laquelle on se soit encore livré en Belgique.
Nous reportons avec un bien vif plaisir tout l'hon-
neur d’une situation pareille sur ceux qui l’ont
créée parleurs études, leurs recherches, leur in-
telligence et leur zèle, et nous exprimons l’espoir
que l’administration communalede Gand publiera
le rapport de M. Viollet-le-Duc.

— A Londres nos artistes sont, comme on le
sait, accueillis avec un succès dont nous ne sau-
rions trop nous réjouir. Slingeneyer a exposé
son beau Camoens, Bource sa Fatale nouvelle que
plusieurs amateurs anglais veulent enlever au
gouvernement belge qui l’a acquis. A.DeVriendt,
l'Offrande à la Madone, sujet plein de grâce et de
fraîcheur, J. De Vriendt, Alain Chartier et Mar-
guerite d'Ecosse, traité historiquement dans une
gamme de tons pleine de finesse et d’harmonie,
Van Lerius une Jalousie d’un effet très grand et
très pittoresque, E. Wauters sa Marie de Bour-
gogne. Portaels, Verlat, Pauwels, Robert, Smits,
Hennebicq. Guffens, Swerts, Markelbach, A.Ste-
vens, J. Stevens, Baugniet, de Block, Hermans,
Campotosto, Clays, Artan, Bouvier, Musin, Ro-
bie, Robbe, Mües Collart et Beernaert, MM. La-
 
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