62 COMPARAISON ENTRE LES PLANTES D'EGYPTE &C.
Cet arbre est un des plus utiles parmi ceux que la nature a placés dans ce pays;
toutes ses parties ont un usage quelconque : son fruit sain et nourrissant est un
aliment agréable : son bois léger et poreux se travaille facilement ; on en fait
communément des solives ; on peut aussi l'employer comme combustible : ses
feuilles servent à faire des paniers, des coufres, des nattes, &c. On emploie le'
réseau filamenteux qui s'entrelace à la base de ses feuilles, pour fabriquer des
cordages grossiers, mais solides et peu coûteux. Cet arbre paroît parfaitement
approprié au sol de l'Egypte; car on le voit prospérer également dans les sables du
désert et sur les rives du Nil. L'Egypte possède encore une seconde espèce de pal-
mier; c'est celui qu'on nomme en arabe doum, et que Pococke a décrit. M. Delile a
donné un mémoire détaillé sur cet arbre ; ce qui me dispense d'en parler plus au long.
Les palmiers ne sont pas les seuls végétaux étrangers à la France et naturels à
l'Egypte. Parmi les productions utiles je ne citerai que le riz, non pas qu'il croisse
spontanément dans ce pays, mais parce que sa culture a naturalisé beaucoup de
plantes des Indes, qu'on lui trouve toujours associées : aussi les rizières sont-elles
les lieux que les botanistes visitent de préférence ; ils sont sûrs d'y trouver un
grand nombre de plantes naturelles à la zone torride, et dont les graines paroissent
avoir été apportées anciennement avec le riz. Ces végétaux se plaisent, comme
le riz, dans les eaux stagnantes, et ne prospèrent que lorsque leurs racines y sont
constamment plongées.
Une classe de végétaux manque presque totalement en Egypte; c'est celle que
Linnéus a placée la dernière dans son système, et qu'il a nommée cryptogarnie, ou
noces cadrées, parce que les organes de la fécondation et de la fructification sont
cachés, et tellement.différens de ceux des autres plantes, qu'on n'a pu encore
parvenir à découvrir leur structure et à développer les usages des diverses parties
qui les composent. Les espèces rangées dans cette classe sont extrêmement répan-
dues dans les régions tempérées et boréales : ce sont les fougères, les mousses, les
hépatiques, les lichen, les champignons, les byssus. Ces plantes aiment toutes l'ombre
épaisse des forêts et la fraîcheur perpétuelle qui y règne ; elles ne fleurissent qu'en
hiver, et ne sont jamais en meilleur état que lorsque les autres plantes languissent
et sont comme engourdies par le froid. Le soleil ardent de l'été les dessèche au
point qu'elles sont à peine reconnoissables dans cette saison. L'Egypte, par son
climat, par son sol nu et brûlé, ne peut leur convenir en aucune manière :
aussi n'en trouve-t-on dans ce pays qu'un nombre infiniment petit par rapport à
celui que la France en possède. En général, ceci peut s'étendre au règne végétal
considéré dans sa totalité; il est beaucoup plus riche en France qu'en Egypte. En
consultant les ouvrages les plus récens, on voit que la Flore de la France peut
offrir une liste d'environ deux mille quatre cents plantes, tandis que, dans l'ou-
vrage de Forskal, qui jusqu'à présent est le plus complet que nous ayons sur l'his-
toire naturelle de l'Egypte, on ne trouve mentionnées que près de six cents plantes :
la cause de cette grande différence provient sur-tout de la variété des terrains,
des expositions, des températures en France, mise en opposition avec l'uniformité
qui règne en Egypte dans toutes ces circonstances.
Cet arbre est un des plus utiles parmi ceux que la nature a placés dans ce pays;
toutes ses parties ont un usage quelconque : son fruit sain et nourrissant est un
aliment agréable : son bois léger et poreux se travaille facilement ; on en fait
communément des solives ; on peut aussi l'employer comme combustible : ses
feuilles servent à faire des paniers, des coufres, des nattes, &c. On emploie le'
réseau filamenteux qui s'entrelace à la base de ses feuilles, pour fabriquer des
cordages grossiers, mais solides et peu coûteux. Cet arbre paroît parfaitement
approprié au sol de l'Egypte; car on le voit prospérer également dans les sables du
désert et sur les rives du Nil. L'Egypte possède encore une seconde espèce de pal-
mier; c'est celui qu'on nomme en arabe doum, et que Pococke a décrit. M. Delile a
donné un mémoire détaillé sur cet arbre ; ce qui me dispense d'en parler plus au long.
Les palmiers ne sont pas les seuls végétaux étrangers à la France et naturels à
l'Egypte. Parmi les productions utiles je ne citerai que le riz, non pas qu'il croisse
spontanément dans ce pays, mais parce que sa culture a naturalisé beaucoup de
plantes des Indes, qu'on lui trouve toujours associées : aussi les rizières sont-elles
les lieux que les botanistes visitent de préférence ; ils sont sûrs d'y trouver un
grand nombre de plantes naturelles à la zone torride, et dont les graines paroissent
avoir été apportées anciennement avec le riz. Ces végétaux se plaisent, comme
le riz, dans les eaux stagnantes, et ne prospèrent que lorsque leurs racines y sont
constamment plongées.
Une classe de végétaux manque presque totalement en Egypte; c'est celle que
Linnéus a placée la dernière dans son système, et qu'il a nommée cryptogarnie, ou
noces cadrées, parce que les organes de la fécondation et de la fructification sont
cachés, et tellement.différens de ceux des autres plantes, qu'on n'a pu encore
parvenir à découvrir leur structure et à développer les usages des diverses parties
qui les composent. Les espèces rangées dans cette classe sont extrêmement répan-
dues dans les régions tempérées et boréales : ce sont les fougères, les mousses, les
hépatiques, les lichen, les champignons, les byssus. Ces plantes aiment toutes l'ombre
épaisse des forêts et la fraîcheur perpétuelle qui y règne ; elles ne fleurissent qu'en
hiver, et ne sont jamais en meilleur état que lorsque les autres plantes languissent
et sont comme engourdies par le froid. Le soleil ardent de l'été les dessèche au
point qu'elles sont à peine reconnoissables dans cette saison. L'Egypte, par son
climat, par son sol nu et brûlé, ne peut leur convenir en aucune manière :
aussi n'en trouve-t-on dans ce pays qu'un nombre infiniment petit par rapport à
celui que la France en possède. En général, ceci peut s'étendre au règne végétal
considéré dans sa totalité; il est beaucoup plus riche en France qu'en Egypte. En
consultant les ouvrages les plus récens, on voit que la Flore de la France peut
offrir une liste d'environ deux mille quatre cents plantes, tandis que, dans l'ou-
vrage de Forskal, qui jusqu'à présent est le plus complet que nous ayons sur l'his-
toire naturelle de l'Egypte, on ne trouve mentionnées que près de six cents plantes :
la cause de cette grande différence provient sur-tout de la variété des terrains,
des expositions, des températures en France, mise en opposition avec l'uniformité
qui règne en Egypte dans toutes ces circonstances.