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Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 5,1,1: Texte 1): Histoire naturelle — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.4820#0064

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ET CELLES DE FRANCE. 6l

léthargique, dont ils sont tirés par la chaleur du printemps. Rien de semblable
n'a lieu en Egypte, où le froid n'est jamais assez considérable pour suspendre
ainsi la végétation. La défoliation des arbres, qui s'opère généralement en France
au mois de novembre, n'a lieu qu'en décembre et janvier. D'un autre côté, la
Yerdure renaît dès le mois de février et de mars, tandis qu'il est rare en France
qu'en avril tous les arbres soient revêtus de leurs feuilles naissantes. Toutes ces
différences si remarquables ne sont dues qu'au climat et à l'influence d'un hiver
semblable à un long printemps ; car les arbres de la même espèce restent à peine
deux mois dépourvus de leurs feuilles en Egypte, tandis que ce terme est de plus
de quatre en France. • •

Le terrain de l'Egypte étant très-peu varié, comme je l'ai dit plus haut, il résulte
que des tribus entières de plantes, sur-tout celles qui habitent les bois et qui sont
très-répandues en France, manquent absolument en Egypte. Il en est de même de
celles qui croissent sur les montagnes élevées, et auxquelles Linnéus a départi le
nom général d'alpines. Il est des plantes qui sont communes aux deux pays; ce
sont principalement celles des bords de la mer, et celles des champs de blé. Je
citerai pour exemple le passerina hirsuta, plante ligneuse de la famille des thy-
melées, qui est très-commune aux environs de Marseille et de Toulon, et qu'on
retrouve à Alexandrie ; je citerai encore les frankenia, petites plantes de la famille
des cary'ophyliées, qu'on rencontre également sur les côtes des deux pays.

Quoique l'Egypte soit entièrement privée de forêts, elle jouit cependant de
quelques-uns des avantages attachés à leur présence. Les sycomores, lescassiers,
les kbbek, les napeca, sont de grands arbres très-touffus, dont le feuillage large
est propre à donner beaucoup d'ombre. Ces arbres ont le double avantage d'or-
ner les campagnes dans lesquelles ils sont répandus, et d'y offrir un abri contre
les rayons ardens du soleil ; sans eux l'Egypte seroit presque totalement dépourvue
de verdure au printemps, et ne présenteroit, à perte de vue, que de vastes champs
poudreux, dont rien ne couperait l'uniformité : car on ne voit pas dans ce pays ce?
beaux gazons si frais qui parent nos contrées tempérées, et encore plus les régions
septentrionales ; les gramen, qui constituent généralement ces gazons , n'existent
pas en Egypte, ou bien ils demeurent isolés sans se réunir par touffes. D'ailleurs,
1 action continuelle d'un soleil brûlant dessèche ces plantes, et les bride jusqu'à
la racine. On connoît les soins que prennent les Anglais pour se procurer de beaux
gazons : quon juge , par les difficultés qu'on éprouve en Angleterre, dans un
climat toujours humide et brumeux, des peines qu'il faudrait prendre pour entre-
tenir la verdure en Egypte, seulement dans un espace resserré, tel qu'un jardin.
Les gazons ne sont pas faits pour les climats chauds : la nature a voulu répandre
ses bienfaits avec une certaine égalité ; elle a dédommagé les pays du Nord des
brouillards, des pluies, des gelées, en leur accordant une verdure délicieuse; cçux
du midi, jouissant d'un ciel toujours serein, n'y ont pas eu part.

S'il est vrai de dire que la France offre des tribus de plantes cjjont l'Egypte est
privée, il faut avouer aussi que le contraire a lieu pour certaines familles. L'Egypte
présente beaucoup de dattiers; la France n'en contient pas de naturels à son sol
 
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