2(3 LE SERAPEUM DE ME M PUIS.
tiers, de chambres, de caveaux qui font ressembler à un labyrinthe l'ensemble de ces souter-
rains. Seule enfin elle présente dans son axe, et comme point central de tous les chemins
qui y aboutissent à différents étages, une chambre de vingt pieds de largeur, de quatre-vingts
pieds de hauteur, dans le dallage de laquelle un énorme bloc de granit, taillé exactement
en forme de bouchon, peut à volonté se déplacer et livrer passage pour descendre à un caveau
inférieur dont la destination est difficile à fixer, puisque ce caveau est trop petit pour avoir jamais
contenu un sarcophage1. La pyramide de Sakkarah n'est donc une pyramide que par sa forme
extérieure, et à l'intérieur elle diffère tellement de tous les autres édifices du même genre,
qu'il n'est pas un voyageur qui n'ait été frappé des contrastes qu'elle présente. Quant à moi,
j'ai visité cette pyramide bien souvent, j'y ai même passé quelques nuits, et plus j'ai connu
le monument, moins je me suis expliqué ces nombreuses chambres, ces couloirs de tout
travail et de tout temps, ces galeries de toute forme, destinées, selon une opinion que je
partageais alors, à la seule famille d'un roi. La légende royale gravée sur la porte de l'une
de ces chambres me paraissait même un embarras. Des quatre ou cinq parties dont, suivant
l'époque, a dû se composer cette légende, l'inscription ne donne en effet que celles de ces
parties qui constituent des titres, et s'arrête précisément au nom, qu'elle nous laisse ainsi
ignorer. Or c'est tout le contraire qui aurait dû avoir lieu. Il y avait, par conséquent, dans
l'inscription gravée sur le pourtour de notre porte et l'attribution de la chambre à une sépul-
ture de roi, une anomalie qu'il était assez difficile d'expliquer. Aujourd'hui il me semble que
le mystère peut en être éclairci. Du moment où les titres royaux inscrits sur la stèle du Séra-
péum désignent suffisamment l'Apis qu'ils accompagnent, la légende de la pyramide de Sakkarah
n'en avait pas besoin d'autres. Là reposait par conséquent un Apis, et la pyramide peut ainsi
devenir la tombe de l'Apis des anciennes dynasties. Les taureaux qui, depuis le règne de
Céchoùs, habitaient le temple de Pthtah, étaient donc, à leur mort, ensevelis comme les rois
sous la masse d'une pyramide, ou plutôt les rois, incarnation comme Apis du Verbe égyptien
depuis le jour où ils se sont proclamés fils du Soleil, les rois, dis-je, à l'exemple du dieu,
ont voulu reposer sous l'un de ces monuments dédiés à l'astre éclatant dans lequel la philo-
sophie égyptienne voyait un révélateur de Dieu. Ainsi la pyramide de Sakkarah serait le
Sérapéum primitif, et comme on y compte environ trente caveaux, rien n'empêche que cette
pyramide, au pied de laquelle passe l'allée des sphinx du Sérapéum nouveau, n'ait l'origine
que nous lui attribuons sur l'autorité de la légende gravée en tête de l'une des stèles aujour-
d'hui conservées au Louvre.
VIII.
XXVe DYNASTIE. — DEUX APIS.
Apis 1 (35), mort l'an 2 de Sabacon. Apis II (36), mort le 13 de Méchir de l'an 24 de
Tahraka, enseveli le23 de Pharmouti.
Apis I. Les monuments, comme Manéthon, donnent pour successeur à Bocchoris l'Éthiopien
Sabacon. Une petite stèle grossièrement écrite à l'encre noire nous apprend qu'un Apis est
mort l'an 2 de ce dernier prince; c'est le seul renseignement que le Sérapéum nous ait livré
sur le taureau contemporain des premières années de la XXYe dynastie.
1. Voyez, Perring, Opérations, t. III, p. 41.
tiers, de chambres, de caveaux qui font ressembler à un labyrinthe l'ensemble de ces souter-
rains. Seule enfin elle présente dans son axe, et comme point central de tous les chemins
qui y aboutissent à différents étages, une chambre de vingt pieds de largeur, de quatre-vingts
pieds de hauteur, dans le dallage de laquelle un énorme bloc de granit, taillé exactement
en forme de bouchon, peut à volonté se déplacer et livrer passage pour descendre à un caveau
inférieur dont la destination est difficile à fixer, puisque ce caveau est trop petit pour avoir jamais
contenu un sarcophage1. La pyramide de Sakkarah n'est donc une pyramide que par sa forme
extérieure, et à l'intérieur elle diffère tellement de tous les autres édifices du même genre,
qu'il n'est pas un voyageur qui n'ait été frappé des contrastes qu'elle présente. Quant à moi,
j'ai visité cette pyramide bien souvent, j'y ai même passé quelques nuits, et plus j'ai connu
le monument, moins je me suis expliqué ces nombreuses chambres, ces couloirs de tout
travail et de tout temps, ces galeries de toute forme, destinées, selon une opinion que je
partageais alors, à la seule famille d'un roi. La légende royale gravée sur la porte de l'une
de ces chambres me paraissait même un embarras. Des quatre ou cinq parties dont, suivant
l'époque, a dû se composer cette légende, l'inscription ne donne en effet que celles de ces
parties qui constituent des titres, et s'arrête précisément au nom, qu'elle nous laisse ainsi
ignorer. Or c'est tout le contraire qui aurait dû avoir lieu. Il y avait, par conséquent, dans
l'inscription gravée sur le pourtour de notre porte et l'attribution de la chambre à une sépul-
ture de roi, une anomalie qu'il était assez difficile d'expliquer. Aujourd'hui il me semble que
le mystère peut en être éclairci. Du moment où les titres royaux inscrits sur la stèle du Séra-
péum désignent suffisamment l'Apis qu'ils accompagnent, la légende de la pyramide de Sakkarah
n'en avait pas besoin d'autres. Là reposait par conséquent un Apis, et la pyramide peut ainsi
devenir la tombe de l'Apis des anciennes dynasties. Les taureaux qui, depuis le règne de
Céchoùs, habitaient le temple de Pthtah, étaient donc, à leur mort, ensevelis comme les rois
sous la masse d'une pyramide, ou plutôt les rois, incarnation comme Apis du Verbe égyptien
depuis le jour où ils se sont proclamés fils du Soleil, les rois, dis-je, à l'exemple du dieu,
ont voulu reposer sous l'un de ces monuments dédiés à l'astre éclatant dans lequel la philo-
sophie égyptienne voyait un révélateur de Dieu. Ainsi la pyramide de Sakkarah serait le
Sérapéum primitif, et comme on y compte environ trente caveaux, rien n'empêche que cette
pyramide, au pied de laquelle passe l'allée des sphinx du Sérapéum nouveau, n'ait l'origine
que nous lui attribuons sur l'autorité de la légende gravée en tête de l'une des stèles aujour-
d'hui conservées au Louvre.
VIII.
XXVe DYNASTIE. — DEUX APIS.
Apis 1 (35), mort l'an 2 de Sabacon. Apis II (36), mort le 13 de Méchir de l'an 24 de
Tahraka, enseveli le23 de Pharmouti.
Apis I. Les monuments, comme Manéthon, donnent pour successeur à Bocchoris l'Éthiopien
Sabacon. Une petite stèle grossièrement écrite à l'encre noire nous apprend qu'un Apis est
mort l'an 2 de ce dernier prince; c'est le seul renseignement que le Sérapéum nous ait livré
sur le taureau contemporain des premières années de la XXYe dynastie.
1. Voyez, Perring, Opérations, t. III, p. 41.