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Maspero, Gaston
Études de mythologie et d'archéologie égyptiennes (Band 6) — Paris, 1912

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https://doi.org/10.11588/diglit.12129#0162

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148 DISCOURS PRONONCÉ À LA DISTRIBUTION DES PRIX

d'un fonds commun de traditions, j'avais de quoi vous in-
téresser en vous entretenant de ce que je pense savoir le
mieux, et il m'assure que, même le jour de vos prix, vous
supporterez sans trop d'impatience, un léger regain
d'Histoire ancienne. Je l'ai cru : on est toujours heureux de
croire que ce qu'on aime à la passion ne déplaît pas entière-
ment à d'autres.

Un proverbe égyptien conseille aux voyageurs de se mé-
fier des eaux du Nil : qui en a bu seulement une fois, il ne
veut plus boire que cela et il oublie sa patrie. Elles sont
rouges, elles sont troubles, elles n'ont rien d'agréable à l'œil,
et l'on se dit, avant d'en avoir essayé, qu'on n'aura pas
grand mérite à faire mentir le dicton populaire : dès qu'on
y a trempé les lèvres, on sent que l'Arabe a raison, et qu'au
jour du départ on emportera partout avec soi le mal ingué-
rissable du pays où elles coulent. Le vieux monde, lui
aussi, a le premier aspect inquiétant et revèclie et l'on
s'imagine volontiers en l'abordant qu'on ne sera tenté nulle-
ment de s'y attarder; et pourtant, sitôt qu'on a commis
l'imprudence d'y risquer un pied, un charme agit qui saisit
son homme corps et âme et l'empêche à jamais d'en sortir.
Aussi bien ce n'est pas un terrain banal et battu en tout
sens que celui où l'on se sent entraîné de la sorte. Chaque
ruine de temple y révèle un dieu nouveau ou complète ce
que nous connaissions déjà d'un dieu, chaque pan de mu-
raille y est surchargé de scènes et d'inscriptions où la
gloire des princes et des peuples se manifeste à nos yeux,
chaque tombe y renferme, avec les mille objets que la
piété des parents prodiguait à ses morts, la momie intacte
de l'un des personnages qui assistèrent aux révolutions ou
qui aidèrent à les accomplir. Les paysans et les ouvriers
sont là, aussi humbles et aussi piètrement entassés dans
leur fosse commune qu'ils l'étaient jadis dans leurs villages
ou dans les faubourgs do leurs cités : leurs outils y ont été
jetés avec eux pêle-mêle, pour quils pussent continuer là-
 
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