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Maspero, Gaston
Études de mythologie et d'archéologie égyptiennes (Band 7) — Paris, 1913

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https://doi.org/10.11588/diglit.12131#0284
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SUR LES DÉFORMATIONS

d'imagination vive et d'élocution facile, ont eu de très bonne heure,
à côté de l'histoire réelle, qui enregistrait les noms des souverains,
les années de leur règne, leur succession, l'enchaînement des dy-
nasties, les révolutions politiques et religieuses, les victoires et les
défaites, une chronique familière où certains de ces mêmes souve-
rains ou des souverains imaginaires étaient, sous des noms plus ou
moins altérés ou sous des noms inventés du tout, les héros d'aven-
tures fabuleuses. A mesure que les siècles s'entassaient l'un sur
l'autre et que les documents vérïdiques se faisaient rares dans les
archives des temples et des villes, cette littérature romanesque se
substituait à eux, et elle comblait peu à peu les lacunes des annales
authentiques : elle expulsait progressivement de celles-ci les Pha-
raons auxquels elle ne s'était pas attachée pour les remplacer par
ses Pharaons de fantaisie, elle changeait le caractère des Pharaons
qu'elle conservait, elle leur composait une vie nouvelle, et elle
substituait presque partout à la réalité, des contes parfois tragi-
ques, parfois risibles, toujours amusants. La religion avait donné
l'exemple de ces fictions, en faisant des dieux les premiers monar-
ques terrestres et en leur attribuant des règnes remplis d'incidents
merveilleux. Thinites, Memphites, Thébains, les hommes qui leur
succédèrent sur le trône, subirent tour à tour ce procédé de méta-
morphose, tant qu'enfin, à l'époque ptolémaïque, une bonne moitié
d'entre eux étaient devenus méconnaissables ou avaient disparu
entièrement. Le christianisme, pressé de concilier les traditions
de l'Egypte avec celles de la Bible, introduisit les données de la
création, des patriarches, du déluge, et, par ses combinaisons
chronologiques, acheva de tout déformer : l'Islam, quand il sur-
vint, reçut presque parfaite l'histoire que ses chroniqueurs nous
ont transmise, avec quelques additions et avec beaucoup de fautes
de transcription et de copie dans les noms propres. En somme, de
Mènes ou de Chéops à Sauroc et à ses congénères, il y a évolution
lente de la tradition et non pas interruption : la transformation
s'est opérée par degrés, d'un mouvement continu dont les vicissi-
tudes de la politique et les changements de religion ont pu varier,
mais non enrayer l'allure.

Le premier chapitre aurait été destiné à montrer quels docu-
ments les prêtres égyptiens eurent pour établir l'histoire la plus
ancienne de leur pays. Au moment où je conçus le plan de fou-
 
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