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Picart, Bernard [Editor]
Cérémonies Et Coutumes Religieuses De Tous Les Peuples Du Monde: Représentées par des Figures, dessinées & gravées par Bernard Picard, & autres habiles artistes. Ouvrage qui comprend l'histoire philosophique de la Religion des Nations des deux hémispheres ; telles que celle des Brames, des Peguans, des Chinois, des Japonois, des Thibetins, & celle des différens Peuples qui habitent l'Asie & les Isles de l'Archipélague Indien ; celle des Mexicains, des Péruviens des Brésiliens, des Groënlandois, des Lapons, des Caffres, de tous les peuples de la Nigritie, de l'Ethiopie & du Monomotapa ; celle des juifs, tant anciens que modernes, celle des musulmans & des différentes Sectes qui la composent ; enfin celle des Chrétiens & de cette multitude de branches dans lesquelles elle est subdivisée par une société de gens de lettres (Band 2) — Amsterdam, Paris, 1783

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https://doi.org/10.11588/diglit.9744#0010
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2 CÉRÉMONIES
méprisables encore. Tel eft le portrait que sait l'un des defcendans des
incas, de ce peuple autresois si célèbre Se si ssorissant.
Cet abominable tisiu d'idolâtrie, ajoute Garcilasîb , avoit enveloppé
toute la province du Pérou, lorsque Manco-Capac, légissateur de ce
grand empire , enseigna à ces peuples un culte beaucoup plus raison-
nable. Ce prince leur apprit à révérer le soleil , symbole du dieu su-
prême auquel il donna le nom de Pacha- Camac. Pour donner plus de
poids à ses institutions, Manco-Capac publia que sa semme & lui étoient
enfans du soleil, & qu'ils avoient reçu de cet aftre la commission im-
portante de civiliser les péruviens. Ils partirent l'un Se l'autre , dit la
légende, de Titicaca , conduits par une verge d'or dont le soleil leur
avoit sait présent, Se qui devoit s'ensoncer d'elle-même dans la terre,
lorsqu'ils seroient arrivés dans l'endroit où ils dévoient sixer le siege de
leur établiiîement. Cette divine conductrice ayant disparu dans la vallée
de Cusco , les deux voyageurs comprirent que l'intention du soleil étoit
qu'ils y sixalîent le siege de leur empire. Alors les deux époux prê-
chèrent de concert la religion de leurs pères : bientôt une soule de
prosélytes vinrent se ranger sous leurs étendards ; Se en peu de tems
Manco eut la consolation de voir anéantir l'ancienne superftition , sur
les débris de laquelle s'éleva majeftueufement le culte du soleil.
La religion ne sut pas le objet des ioiiicitudes de Manco-Capac.
Cet incas, ayant pour but la félicité des peuples dont il venoit de fe
charger, publia d'excellentes loix qui surent la base de son gouvernement
Se de celui de ses succesFeurs. Les biensaits dont ce prince combla ces
peuples pendant fa vie, lui méritèrent les honneurs de Tapothéose après
sa mort. Ses sujets, qui regretoient amèrement la perte d'un si grand
homme , fe consolerent de sa mort par les honneurs excelsifs qu'ils
rendirent à fa mémoire. Ils lui drefîerent des autels ; ils brûlèrent de
l'encens fur son tombeau ; ils inftituerent un culte en son honneur, Se
qui réfléchit fur tous les incas ses fucceJTeurs ; ensin ce héros devint le
médiateur entre la divinité & les péruviens, lorsque les besoins de ceux-
ci exigeoient qu'ils recourusTent à l'être fuprême.
Si Manco-Capac fut tel que Pinças Garcilafib nous le repréfente,1
tout nous porte à croire que ce prince ne montra le soleil aux péru-
viens que comme le fymbole de la divinité : l'idée qu'il leur avoit don-
née de l'eflence du grand être fe dénatura vraifemblablement par la
fucceffion des tems ; Se les péruviens attribuèrent au foleil ce qui ne
conyenoit qu'à l'être fuprême, lis élevèrent à cet astre, dit Garcilafio,
 
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