Picart, Bernard [Editor]: Cérémonies Et Coutumes Religieuses De Tous Les Peuples Du Monde: Représentées par des Figures, dessinées & gravées par Bernard Picard, & autres habiles artistes. Ouvrage qui comprend l'histoire philosophique de la Religion des Nations des deux hémispheres ; telles que celle des Brames, des Peguans, des Chinois, des Japonois, des Thibetins, & celle des différens Peuples qui habitent l'Asie & les Isles de l'Archipélague Indien ; celle des Mexicains, des Péruviens des Brésiliens, des Groënlandois, des Lapons, des Caffres, de tous les peuples de la Nigritie, de l'Ethiopie & du Monomotapa ; celle des juifs, tant anciens que modernes, celle des musulmans & des différentes Sectes qui la composent ; enfin celle des Chrétiens & de cette multitude de branches dans lesquelles elle est subdivisée par une société de gens de lettres (Band 2) (Amsterdam , Paris, 1783)

CÉRÉMONIES

ARTICLE PREMIER.
Religion des Catholiques Romains,
On sait que i'église chrétienne est divisée en plusieurs sectes , qui
toutes croient trouver leurs principes religieux dans la bible. Les noms
seuis de toutes ces communions formeroient un volume. Sans prétendre
discuter ici un sujet étranger à notre ouvrage, il est certain que I'église
romaine a seule le droit de prétendre à la véritable orthodoxie. En tra-
çant , en deux mots, sa croyance , nous ferons le tableau du christianisme
& des dogmes qu'il prescrit à ses fidèles.
Les catholiques, d'accord sur ce point avec ceux qui professênt la re-
ligion naturelle, croient en un Dieu tout-puistànt, créateur & conserva'
teur de toutes choses. Mais ce Dieu des philolophes, ce Dieu du monde
primitif, ils le reconnoiJsent en trois persbnnes égales en puhTance,
qu'ils appellent le pere , le fils & le sàint esprit. Ces trois personnes sont
co-éternelles, mais elles procèdent l'une de l'autre ; ainsi, le pere pro-
cède du fils, & le saint-esprit des deux premiers. C'est le fils qui s'est
incarné en Palestine , dans les ssancs de la vierge Marie ; c'est lui qui
a prêché la loi nouvelle aux juifs , & qui, pour prix de sà doctrine, a été
exposé ignominieusement sur une croix entre deux voleurs. Cette incar-
nation , cette million , cette mort, avoit pour objet de laver le genre hu-
main de la tache originelle qu'il avoit contractée , lorsqu'Adam , le pre-
mier homme, mangea imprudemment du fruit défendu , pendant sbn
séjour dans le paradis terrestre. Mais la pasfion de ce fils de Dieu , ne
sufliroit pas encore, pour racheter ce crime , si l'homme ne le noyoit
-dans les eaux du baptême ; ainsi, quoiqu'il soit mort pour tout le genre
humain , & que l'évangile soit censé avoir été prêché dans toute la terre,
ceux qui ne sont pas régénérés dans les eaux du baptême, n'ont pas lieu
de prétendre au bonheur éternel; & cette maxime est si rigoureusè, qu'elle
prive même impitoyablement du séjour du paradisles enfans morts dans
le sein de leur mere.
A ces objets de croyance qui font la base de la religion chrétienne,
les catholiques ajoutent divers autres mysteres tout aussi importans. Ils
croient, par exemple , qu'avant de mourir , Jesus laissa à ses disciples 9
& à ceux qui lui siiccéderoient, le pouvoir de renouveller son sang &