2 BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE.
qu’il y ait lieu d’accueillir une autre version d’après laquelle il serait né a
Menagio, dans le Milanais L
Si le lieu de la naissance était contesté, la date en était pareillement incer-
taine. On savait seulement Leone de quelques années plus jeune que Ben-
venuto Cellini, lequel était venu au monde le jour de la Toussaint, l’an 1500.
La récente découverte faite à Milan, parle docteur Carlo Casati, d’une pièce
relative au décès de l’artiste, permet de dire qu’il naquit en 1509 ou à une
1 C’est Paolo Morigia, Délia nobilta di Milano,
Milan, 1619, liv. V, p. 470-471, qui a le pre-
mier indiqué Menagio, sur le lac de Côme, comme
le lieu de naissance de Leone. Ce témoignage
presque contemporain a naturellement trouvé
créance auprès d’autres écrivains, et, finalement,
pour tout concilier, on supposait que l’artiste
avaitpu naître à Menagio, de père arétin.—Voir
Vasari, édition G. Milanesi, t. VII, p. 535,
note, et A. Bertolotti, Artisti LombardiaRoma.
Milan, 1881, t. Ier, p. 298-299.
A vrai dire, l’assertion de Morigia n’a guère
fait son chemin que depuis qu’elle a été soutenue
par Giambattista Giovio (Lettere Lariane, in-12,
Côme, 1823 et 1827, p. 25-27). L’auteur invo-
quait une stance trouvée par lui dans les papiers
de son ancêtre Giulio Giovio, neveu et coadju-
teur du fameux Paolo Giovio, et il faisait remar-
quer que le nom de Leoni était encore porté à
Menagio par une famille de bateliers. Mais un
historien des plus consciencieux, Maurizio Monti
(Storia di Como, 2 vol., Côme, 1829-32, t. II,
lre partie, p. 425), a démontré que la thèse de
Morigia et de G. Giovio ne repose sur aucune
preuve; que de plus, elle est contredite par les
autres témoignages connus des contemporains de
Leoni, tous d’accord pour le faire naître à Arezzo.
Parmi ceux-ci, Giampaolo Lomazzo (Idea del
tempio délia pittura, Milan, 1591, p. 152, et les
Grotteschi, Milan, 1587, liv. II, p. 130 et
p. 400) est le plus digne de créance. Lomazzo est,
en effet, justement estimé des érudits pour la
sûreté de ses informations, tandis que Morigia est
sujet à caution. Tiraboschi (Storia délia lette-
ratura italiana, t. VII, 3e partie, liv. III) a pu
plaisamment écrire de lui : « La Storia di Milano,
et autres ouvrages de même genre du bon Jésuite,
sont connus à la fois et par les fables dont ils sont
remplis, là où ils traitent des temps antiques, et
par la naïveté sincère qu’on y constate lorsqu’ils
touchent aux faits plus récents. » N’eût-on que les
deux témoignages contemporains de Morigia et
de Lomazzo, c’est donc à celui de Lomazzo qu’il
serait juste de donner la préférence. Pourquoi
hésiterions-nous quand il est confirmé par ceux
de Pierre l’Arétin, de Vasari et de Leone lui-même?
Néanmoins, nous aurions aimé pouvoir produire
l’acte de baptême, pour résoudre la question d’une
manière définitive. Il nous faut y renoncer, notre
enquête à ce sujet n’ayant amené que des résul-
tats négatifs. M. G. B. Cornelio, curé archiprêtre
de Menagio, a répondu à M. le professeur Ch. Ci-
ghera, qui l’avait interrogé de notre part, que les
anciens registres de sa paroisse ont été détruits
par un incendie au siècle dernier et que, par
suite, toute recherche est impossible de ce côté.
Consulté en même temps par nous, M. le cheva-
lier Vincenzo Funghini, ingénieur-architecte à
Arezzo, a eu l’obligeance de se livrer, avec le
zèle qu’on lui connaît pour l’histoire de l’art,
aux plus attentives investigations dans les vieux
registres d’églises, et de son enquête il résulte
que, sur ce point, il n’y a rien à espérer non
plus à Arezzo. Si, comme tout porte à le croire,
Leone est bien Arétin, il dut naître, non dans
l’intérieur de la ville, mais dans quelque com-
mune suburbaine. C’est la conclusion que l’on
doit tirer du passage suivant d’une lettre que
nous a adressée M. Funghini : « ...Per tre volte
ho riscontrato i preziosi registri dei battezzati in
Duomo (dette Vescovado) e in S. Maria délia
Pieve, che sono le due chiese più antiche e
monumental! in cui si battezzavano i nati nel-
l’interno délia città ; ma Leone Leoni non vi figura,
almeno entro il periodo dal 1500 al 1514, per
cui puô credersi che egli sia nato forse in qualche
parrocchia dei pressi délia città, i cui antichi
registri perô non si conservano, e l’Archivio ve-
scovile ove tutti esistevano fu disgraziatamente
distrutto da un incendio nel 1580 circa. »
Que Leone soit bien né à Arezzo, comme nous
le supposons, ou qu’il soit seulement fils d’Arétin,
comme d’autres l’ont dit, la qualité de « citoyen
arétin » lui était d’ailleurs reconnue, et il fut
même élu par ses compatriotes au nombre des
magistrats de la ville. En 1565 il est nommé
« prieur », et en 1581 « gonfalonier ». Deux
notices inédites que nous devons à M. Funghini
nous en donnent le témoignage précis : — « Nel
1565 dominus Léo sculptor è estratto dalla quinta
borsa dei Priori. » (Archivio comunale, Estrazioni,
libro XXII, 218.) — « Il Cav. Leone di Gio.
Batta Leoni corne Cittadino Aretino fu messo nel
numéro dei Gonfalonieri per la riforma del 1581. »
(Deliberazione del Consiglio C. C. 202. Archivio
comunaleA — Il existe encore à Arezzo deux
qu’il y ait lieu d’accueillir une autre version d’après laquelle il serait né a
Menagio, dans le Milanais L
Si le lieu de la naissance était contesté, la date en était pareillement incer-
taine. On savait seulement Leone de quelques années plus jeune que Ben-
venuto Cellini, lequel était venu au monde le jour de la Toussaint, l’an 1500.
La récente découverte faite à Milan, parle docteur Carlo Casati, d’une pièce
relative au décès de l’artiste, permet de dire qu’il naquit en 1509 ou à une
1 C’est Paolo Morigia, Délia nobilta di Milano,
Milan, 1619, liv. V, p. 470-471, qui a le pre-
mier indiqué Menagio, sur le lac de Côme, comme
le lieu de naissance de Leone. Ce témoignage
presque contemporain a naturellement trouvé
créance auprès d’autres écrivains, et, finalement,
pour tout concilier, on supposait que l’artiste
avaitpu naître à Menagio, de père arétin.—Voir
Vasari, édition G. Milanesi, t. VII, p. 535,
note, et A. Bertolotti, Artisti LombardiaRoma.
Milan, 1881, t. Ier, p. 298-299.
A vrai dire, l’assertion de Morigia n’a guère
fait son chemin que depuis qu’elle a été soutenue
par Giambattista Giovio (Lettere Lariane, in-12,
Côme, 1823 et 1827, p. 25-27). L’auteur invo-
quait une stance trouvée par lui dans les papiers
de son ancêtre Giulio Giovio, neveu et coadju-
teur du fameux Paolo Giovio, et il faisait remar-
quer que le nom de Leoni était encore porté à
Menagio par une famille de bateliers. Mais un
historien des plus consciencieux, Maurizio Monti
(Storia di Como, 2 vol., Côme, 1829-32, t. II,
lre partie, p. 425), a démontré que la thèse de
Morigia et de G. Giovio ne repose sur aucune
preuve; que de plus, elle est contredite par les
autres témoignages connus des contemporains de
Leoni, tous d’accord pour le faire naître à Arezzo.
Parmi ceux-ci, Giampaolo Lomazzo (Idea del
tempio délia pittura, Milan, 1591, p. 152, et les
Grotteschi, Milan, 1587, liv. II, p. 130 et
p. 400) est le plus digne de créance. Lomazzo est,
en effet, justement estimé des érudits pour la
sûreté de ses informations, tandis que Morigia est
sujet à caution. Tiraboschi (Storia délia lette-
ratura italiana, t. VII, 3e partie, liv. III) a pu
plaisamment écrire de lui : « La Storia di Milano,
et autres ouvrages de même genre du bon Jésuite,
sont connus à la fois et par les fables dont ils sont
remplis, là où ils traitent des temps antiques, et
par la naïveté sincère qu’on y constate lorsqu’ils
touchent aux faits plus récents. » N’eût-on que les
deux témoignages contemporains de Morigia et
de Lomazzo, c’est donc à celui de Lomazzo qu’il
serait juste de donner la préférence. Pourquoi
hésiterions-nous quand il est confirmé par ceux
de Pierre l’Arétin, de Vasari et de Leone lui-même?
Néanmoins, nous aurions aimé pouvoir produire
l’acte de baptême, pour résoudre la question d’une
manière définitive. Il nous faut y renoncer, notre
enquête à ce sujet n’ayant amené que des résul-
tats négatifs. M. G. B. Cornelio, curé archiprêtre
de Menagio, a répondu à M. le professeur Ch. Ci-
ghera, qui l’avait interrogé de notre part, que les
anciens registres de sa paroisse ont été détruits
par un incendie au siècle dernier et que, par
suite, toute recherche est impossible de ce côté.
Consulté en même temps par nous, M. le cheva-
lier Vincenzo Funghini, ingénieur-architecte à
Arezzo, a eu l’obligeance de se livrer, avec le
zèle qu’on lui connaît pour l’histoire de l’art,
aux plus attentives investigations dans les vieux
registres d’églises, et de son enquête il résulte
que, sur ce point, il n’y a rien à espérer non
plus à Arezzo. Si, comme tout porte à le croire,
Leone est bien Arétin, il dut naître, non dans
l’intérieur de la ville, mais dans quelque com-
mune suburbaine. C’est la conclusion que l’on
doit tirer du passage suivant d’une lettre que
nous a adressée M. Funghini : « ...Per tre volte
ho riscontrato i preziosi registri dei battezzati in
Duomo (dette Vescovado) e in S. Maria délia
Pieve, che sono le due chiese più antiche e
monumental! in cui si battezzavano i nati nel-
l’interno délia città ; ma Leone Leoni non vi figura,
almeno entro il periodo dal 1500 al 1514, per
cui puô credersi che egli sia nato forse in qualche
parrocchia dei pressi délia città, i cui antichi
registri perô non si conservano, e l’Archivio ve-
scovile ove tutti esistevano fu disgraziatamente
distrutto da un incendio nel 1580 circa. »
Que Leone soit bien né à Arezzo, comme nous
le supposons, ou qu’il soit seulement fils d’Arétin,
comme d’autres l’ont dit, la qualité de « citoyen
arétin » lui était d’ailleurs reconnue, et il fut
même élu par ses compatriotes au nombre des
magistrats de la ville. En 1565 il est nommé
« prieur », et en 1581 « gonfalonier ». Deux
notices inédites que nous devons à M. Funghini
nous en donnent le témoignage précis : — « Nel
1565 dominus Léo sculptor è estratto dalla quinta
borsa dei Priori. » (Archivio comunale, Estrazioni,
libro XXII, 218.) — « Il Cav. Leone di Gio.
Batta Leoni corne Cittadino Aretino fu messo nel
numéro dei Gonfalonieri per la riforma del 1581. »
(Deliberazione del Consiglio C. C. 202. Archivio
comunaleA — Il existe encore à Arezzo deux