ARCHITECTURE. 161
procédés tout A fait contraires aux formes de la construction en pierre ; puisqu'à la
place des colonnes courtes et robustes, on employait àeè colonnettes sveltes et
élancées avec des chapiteaux évasés, qu'ornaient de nombreux appendices; et que, tan-
dis que l'entablement usité pour l'architecture en pierre était très-aigu, l'on y
appliquait, au-dessus de l'architrave, la disposition de l'ordre dorique avec des
tri'dyphes et des espaces probablement vides, qui furent plus tard ornés dé métopes;
c'est là ce qui donnerait lieu de croire que dans la construction égyptienne en bois,
(telle qu'on la trouve représentée par les peintures des tombeaux) les formes archi-
tecturales adoptées étaient diamétralement les opposées de celles admises pour la
construction en pierre ; d'où il nous faut déduire de nouveau cette conséquence,
que les Egyptiens savaient apprécier, à leur juste valeur, les caractères différents
des divers matériaux; qualité qui est, éminemment, l'un des principaux mérites
de l'art architectural.
Ce peu de mots (que nous venons de consacrer à quelques spécimens de l'architec-
ture privée, par suite de ce fait que nous n'avons pu les rencontrer que dans les con-
structions sépulcrales), prouve combien, chez ce peuple, le sentiment religieux avait
laissé son empreinte ineffaçable sur toutes les créations de l'art architectural; senti-
ment indéniable, en raison duquel il ne nous est pas permis de ne pas reconnaître que
les seuls vrais monuments égyptiens sont les temples, uniquement les temples, qui
étaient consacrés, non-seulement au culte, mais à tout ce qui constitue la vie publique;
puisqu'alors même qu'il y avait lieu, de construire un palais, il n'était jamais possible
de sortir de la forme et des règles hiératiques; à tel point que le petit pavillon de
Ramsès III, peut à peine nous révéler quelque particularité des exigences de la vie
privée de ces anciens maîtres du monde.
Aussi l'invasion des llyksos, quoiqu'elle, eût amené un assez long séjour d'une
horde de barbares, au milieu d'une nation déjà civilisée de longue date, ne dul-elle
pas cependant avoir la désastreuse influence qu'on lui a attribuée généralement, puis-
que trois siècles d'oppression s'écoulèrent sans anéantir les arts de l'Egypte, et qu'aus-
sitôt que ces étrangers eurent quitté le pays, les racines des arls indigènes se trouvèrent
encore si vivaces qu'elles donnèrent des rejetons conformes aux règles et aux institu-
tions qui leur avaient donné naissance.
Les Égyptiens durent certainement continuer à bâtir, pendant toute la dùréetle la
longue invasion des pasteurs, dans le goût qui leur était propre, quoique légèrement
modifié, peut-être, par les mœurset le culte des envahisseurs; car si les arts n'avaient
pas, pendant ces trois siècles, suivi la même voie qu'antérieurement et obéi aux règles
qui les dirigeaient auparavant, à coup sûr, il ne serait pas resté un seul spécimen de
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procédés tout A fait contraires aux formes de la construction en pierre ; puisqu'à la
place des colonnes courtes et robustes, on employait àeè colonnettes sveltes et
élancées avec des chapiteaux évasés, qu'ornaient de nombreux appendices; et que, tan-
dis que l'entablement usité pour l'architecture en pierre était très-aigu, l'on y
appliquait, au-dessus de l'architrave, la disposition de l'ordre dorique avec des
tri'dyphes et des espaces probablement vides, qui furent plus tard ornés dé métopes;
c'est là ce qui donnerait lieu de croire que dans la construction égyptienne en bois,
(telle qu'on la trouve représentée par les peintures des tombeaux) les formes archi-
tecturales adoptées étaient diamétralement les opposées de celles admises pour la
construction en pierre ; d'où il nous faut déduire de nouveau cette conséquence,
que les Egyptiens savaient apprécier, à leur juste valeur, les caractères différents
des divers matériaux; qualité qui est, éminemment, l'un des principaux mérites
de l'art architectural.
Ce peu de mots (que nous venons de consacrer à quelques spécimens de l'architec-
ture privée, par suite de ce fait que nous n'avons pu les rencontrer que dans les con-
structions sépulcrales), prouve combien, chez ce peuple, le sentiment religieux avait
laissé son empreinte ineffaçable sur toutes les créations de l'art architectural; senti-
ment indéniable, en raison duquel il ne nous est pas permis de ne pas reconnaître que
les seuls vrais monuments égyptiens sont les temples, uniquement les temples, qui
étaient consacrés, non-seulement au culte, mais à tout ce qui constitue la vie publique;
puisqu'alors même qu'il y avait lieu, de construire un palais, il n'était jamais possible
de sortir de la forme et des règles hiératiques; à tel point que le petit pavillon de
Ramsès III, peut à peine nous révéler quelque particularité des exigences de la vie
privée de ces anciens maîtres du monde.
Aussi l'invasion des llyksos, quoiqu'elle, eût amené un assez long séjour d'une
horde de barbares, au milieu d'une nation déjà civilisée de longue date, ne dul-elle
pas cependant avoir la désastreuse influence qu'on lui a attribuée généralement, puis-
que trois siècles d'oppression s'écoulèrent sans anéantir les arts de l'Egypte, et qu'aus-
sitôt que ces étrangers eurent quitté le pays, les racines des arls indigènes se trouvèrent
encore si vivaces qu'elles donnèrent des rejetons conformes aux règles et aux institu-
tions qui leur avaient donné naissance.
Les Égyptiens durent certainement continuer à bâtir, pendant toute la dùréetle la
longue invasion des pasteurs, dans le goût qui leur était propre, quoique légèrement
modifié, peut-être, par les mœurset le culte des envahisseurs; car si les arts n'avaient
pas, pendant ces trois siècles, suivi la même voie qu'antérieurement et obéi aux règles
qui les dirigeaient auparavant, à coup sûr, il ne serait pas resté un seul spécimen de
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