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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 2
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0090

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Des deux yeux du disque solaire.

dynastie cette conception se traduit sur une stèle du Louvre1 par la mention de deux
formes Horus du Midi, et Horus du Nord, comme celles d'un seul dieu.

L'Horus adoré à Pa, ville de la déesse du Nord, et l'Horus adoré à Eileithya, ville de la
déesse du Midi, étaient considérés comme des frères « en un seul dieu » 2.

Un titre solaire atteste l'importance de ces-images: !ELS, l'être double des deux régions
terrestres3, le dieu à deux visages maître du trône de la double terre. Ammon le reçoit
fréquemment, ainsi que Mentu, une de ses formes. Je n'hésite pas à reconnaître Horus pau-ti

dans? l'expression ull**&zzâ)^)^ ^j['^'e m'env°le à l'état d'être double, (m étant
transformé en qualité de dieu Kh&prà) 4, variante évidente des formules je m'envole en épervier
ou en double épervier.

III. Des yeux solaires. -— Champollion, E. de Rougè, tous les égyptologues,
appellent «yeux du Soleil» les deux yeux dont le disque est flanqué dans tant de représen-
tations, et n'ignorent point qu'ils servaient d'autre part à marquer le Midi et le Nord.
Données perdues pour l'intelligence des compositions religieuses ; on croit que ces yeux solaires
représentent le Soleil et la Lune, le Soleil étant, d'après plusieurs textes pantliéistiques, l'œil
droit, et la Lune l'œil gauche de la Divinité, désignée sous différents noms, Ptah, Horus,
Osiris, Chnum etc. Je ne puis croire que les yeux du Soleil soient le Soleil et la Lune.

M. Lefébure 5, qui accepte cette idée, pour l'expliquer suppose le ciel que parcourent
le Soleil et la Lune représenté à l'origine par Horus. Ce dieu devenu le Soleil, les yeux
d'Horus restèrent «une de ces expressions originales qui traversent les âges, en contredisant
presque toujours les formes dérivées que revêt avec le temps chaque divinité». Quand les
textes d'Edfou disent encore à Horus: ta face est munie de ses deux yeux, le ciel que par-
courent le Soleil et la Lune se présente de suite à l'esprit.

Je regrette de ne pas partager ces vues ingénieuses. Il n'est pas question dans la
pensée du prêtre égyptien de ciel muni de deux yeux. Qu'Hérodote, dont M. Lefébure
propose l'exemple, parle d'un corps baigné par Zeô; et oint par le Soleil, ce qui ferait voir
que Zeù; fut la pluie ou l'air, ce serait que, oubliant le dieu de ses contemporains, il entendrait
désigner Y air ou la pluie. Le prêtre d'Edfou, lui, ne voulait pas dire « ciel, muni de tes deux
yeux», car Horus est l'objet de ses adorations et par conséquent représente le Soleil. Il n'y aurait
pas d'analogie entre son expression et celle d'Hérodote entendue avec le sens que M. Lefébure
y attache6. Mais l'objection la plus grave c'est que les yeux solaires ne sont nullement des yeux
propres à Horus, comme semblerait l'exiger cette hypothèse. Parmi les compositions qui men-
tionnent les yeux d'une divinité solaire sans les identifier avec les astres du jour et de la nuit

1) C. 15. Cette stèle, d'un style tout particulier, peut remonter à la XIe dynastie.

2) Todt. Ch. CXII. V. infrà.

3) Les textes le distinguent de Y être double du commencement, ®J^: celui-ci a deux faces comme
s'étant formé lui-même. Cf. Gkébaut, Mélanges iïarch. etc. T. II, p. 254, et la note; Chabas, Egyptologie, 1875, p. 140.

4) Todt. LXXXIII, 1.

5) Yeux d'Horus, p. 95, 96.

6) Hérodote dit que le cadavre de Polycrate, mis en croix, fut baigné par Jupiter toutes les fois
que la pluie tomba, et qu'il fut oint par le Soleil auquel il fournit les humeurs de son corps (III, 125).
L'interprétation que M. Lefébure donne de ce passage est des plus plausibles, sans être absolument
nécessaire.
 
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