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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [2]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0138

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122

Des deux yeux du disque solaire.

et, peut-être, de dégager la plus ancienne. Le plan de cet article ne comporte pas pareille
recherche; quelques exemples me permettront d'élucider ce que j'ai avancé, et d'indiquer
quelques-uns des problèmes à résoudre.

Je commence par Tafné. La sœur et compagne du dieu Shu représente peut-être la
plus ancienne déesse-lumière. « Shu, fils de Ea, .... donnant sa pique contre les mauvais,
— dit le papyrus Harris — (c'est le) dieu Eâ qui passe dans le ciel supérieur au commen-
cement du matin, pendant que Tafné, assise sur sa tête, donne sa flamme contre les ennemis
de lui»1. Comment méconnaître la lumière personnifiée par Tafné sur le front du dieu? Shu,
d'après le même papyrus, se cache dans son œil: Tafné, œil de Eà, est cet ceil.

Les égyptologues ont vu généralement en Shu le dieu de la lumière. Je lui reconnais
la valeur primitive de dieu du jour. Son nom veut dire lumwre. La langue a conservé les
expressions ~^s^/wwvAp^^; Je matin (l'entrée de Shu ) ; ^>£. le'soir (le coucher

de Shu). D'après un mythe osirien qui me paraît des plus anciens, Osiris ressuscite par les
soins de Shu et de Tafné. Shu dans ce mythe est père d'Osiris. Une forme postérieure du
mythe rattache Shu au cycle de Ea, avec Osiris et tous les dieux: Shu fils de Râ désigne
de préférence le Soleil levant. Son existence ne contredit plus l'unité; un dieu-lumière
portant secours au disque éteint en était la négation.

Que la sœur du dieu-lumière ait partagé de bonne heure sa signification, cela ne
fait pas de doute -. Les plus anciens textes les associent dans le rôle que j'ai rappelé. Ils
forment le groupe des deux lions, dont le Rituel garde le souvenir. Tafné, à tête de lionne;
serait donc la plus ancienne déesse-lumière, modèle des autres. Les déesses léontocéphales,
qui sont des déesses de la lumière, lui emprunteraient leur forme. ■ A la différence des déesses
mères des triades, lesquelles restent simples en prenant le rôle de la lumière, Tafné est
double: nouveau trait d'un caractère solaire essentiel, primitif. Elle correspond alors aux
deux régions et aux deux yeux qui servent de coiffures à ses deux personnes.

Unie d'ordinaire à £>hu; son domaine est nécessairement plus étroit que celui de
Uat'i et de Neyeb, déesses indépendantes, pouvant s'associer à tous les dieux solaires.

Uat'i et îse/eb forment un groupe.

La double Uat'i, Uat'i du Midi et Uat'i du Nord, une en deux personnes, œil de
Eâ, c'est-à-dire son disque, par conséquent, maîtresse du ciel et protectrice des deux terres,
représentée par une vipère que coiffe le pschent,. occupe souvent au haut des stèles, sous
forme de deux urseus qui se partagent les deux diadèmes, j^J/|y quelquefois de deux vautours
empruntés à Ne/eb, la place des ut'a symboliques. Ici lurseus, ce déterminatif de l'œil
(v. supra p. 115—116), devient le signe spécial d'une déesse œil.

J'emprunte à M. Maspero la traduction du passage suivant3; il exprime curieusement
l'idée du dédoublement d'Uat'i restant une , et son office de lumière. La déesse vient au
défunt ressuscitant, assimilé au Soleil : « Elle vient à toi, la déesse Uat'i, sous forme d'urseus
« vivante \ pour oindre ta tête de leurs flammes. Elle apparaît sur ta tête à gauche, elle

1) Papyrus magique Harris, pl. i, 1. 4, s.

2) Bègle générale de la mythologie égyptienne: la compagne d'un dieu, qu'elle soit sa mère, ou
son épouse, ou sa sœur, représente le dieu lui-même, sous une forme féminine.

3) Maspero, Papyrus du Louvre, p. 27—28.

4) J'aimerais mieux «sous forme d'urseus qui se dresse». V. infra, p. 124, note 1.
 
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