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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 3
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [2]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0141

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Des deux yeux du disque solaire.

125

naturellement à l'esprit des religieux Égyptiens de l'époque pharaonique. Bouto, le sanctuaire
de Uat'i, est au Nord du Delta. Eileithya, siège de Keyeb, au fond de l'Egypte méridionale.
Cette situation justifiait l'attribution — si peu rigoureuse 1 — d'une souveraineté particulière;
à chacune de ces déesses de la double lumière. A un autre point de vue, la déesse urseus
Uat'i représente plus souvent la chaleur brûlante et castigatrice. Neyeb, déesse vautour, se
montre surtout bienfaisante, maternelle2. Il est à remarquer que la dualité mâle de Set et
d'Horus n'opposait pas seulement Set dieu d'une partie de l'Egypte à Horus dieu de l'autre
partie. D'après le chapitre XVII du Todtenbuch, la dualité de Set et d'Horus, réunis en
un dieu à deux têtes, représente la divinité qui récompense les bons et qui châtie les méchants.

Quelle est l'origine de ces distinctions? Toute mythologie tend à utiliser les noms
divins, en spécialisant les rôles dans le système qu'elle poursuit. Mais il paraît plus probable
que nous saisissons ici une dernière trace de la valeur antique de divinités confondues par
la suite. Les unes, terribles, telles que Uat'i, Set. Les autres, secourables, telles que Horus,
Ne/eb. — Y eut-il avant la systématisation d'où sortit la religion pharaonique, avant la
réunion de la Haute et de la Basse Egypte, des déesses régnant sur ces pays? Rattachées
plus tard au culte solaire elles auraient étendu leur souveraineté sur les deux parties de
l'Univers? La division terrestre transportée dans le ciel aurait même pu inspirer ou tout au
moins favoriser l'idée première du dualisme solaire. L'attribution spéciale de Neyeb et de
Uat'i serait un souvenir de leur valeur antique.

Le groupe si important de Nekheb et de Uat'i est pris parmi les grandes déesses de
l'Egypte ayant leurs temples et leurs villes. Sur un plan secondaire on rencontre, jouant le
même rôle, la double personnalité de Mer, figure purement mythologique. Les deux personnes
-û, Mer-t du Midi, et ]]?, Mer-t du Nord, de la déesse Mer-t,

0U<:—>NN(^^ Mer-ti, la double Mer-t, figurent assez souvent aux côtés d'un dieu ou sur les
deux faces d'un monument, Par exemple Mer-t qemâ est représentée sur le côté gauche et Mer-t
meliit sur le côté droit du naos d'Amasis3.

La double Mer-ti paraîtra bien pâle auprès de Nekheb et de Uat'i. Cependant Mer-t
qemâ est identifiée avec Nekheb, et l'identification de Mer-t mehit avec Uat'i n'est pas moins
certaine. Mer-t est confondue avec la mère, ainsi qu'il arrive aux formes de la déesseJumière.
Il est dit au Soleil :

® AAAAAAU ûn^^^j) ta mere Mer-t te fait 0^5-

S-yu exprime, en premier lieu, l'idée de rendre ou de devenir lumineux, c'est-à-dire de faire
ressusciter ou de ressusciter. Le rôle de la mère est en effet de faire lever le dieu. Eu

second lieu

^ /j^ça^t) est réciter les formules magiques par la vertu desquelles la déesse
obtient la résurrection du Soleil ; M. de Horrack rend heureusement ce sens par « formules
bienfaisantes»5. Ici je préfère la traduction «ta mère Mer-t te fait devenir à l'état de yu
(de lumineux) », (à cause du déterminatif, et parce que ^ <£ est le pronom régime direct de

1) L'esprit de la symbolique solaire qui conçoit deux régions à droite et à gauche de ses divinités
s'oppose à la rigueur.

2) De même Bast a pu être définie la « forme adoucie de la déesse Se/et » et celle qui « représente
la chaleur bienfaisante» (P. Pierret, Catalogue de la salle historique, p. 177).

3) V. P. Pierret, Et. ég. I, 77.

4) Pap. mag. Harris, 5/3.

5) Correction apportée par l'auteur à sa traduction première «Invocations précieuses», ligne 1 des
Lamentations d'Isis.
 
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