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UNE LÉGENDE DE MAQRIZI
Il y a lieu de croire que notre personnage est le _a t dont la statue est au Musée
AAAAAA 1 ]*
de Boulaq. (Mariette, Cat., 1869, n° 586, p. 210; Lieblein, Dict., n° 86, p. 25.)
G. Maspero.
UNE LÉGENDE DE MAQRIZI
PAR
Urbain Bouriant
Dans le n° II de ses Remarques et notes', M. Daressy signale la découverte, a
Méchaïkh, d'un naos rempli de poissons de bronze. La déesse Mehit, adorée dans le
nome thinite, d'où dépend cette localité, en compagnie d'Anhouri. porte pour coiffure
un poisson, ce qui suffit a expliquer la trouvaille. Ce fait me remet en mémoire une
légende de Maqrizi ' relative à des poissons merveilleux, et dont voici la traduction :
« Daoud bey Ragaq bey Abdallah, homme instruit de tout ce qui concerne les
provinces d'Égypte pour les avoir maintes fois parcourues, m'a conté que, passant près
d'une vaste grotte nommée la grotte de Sheqalqil (aJtjaiJijS s^lx») dans le Saïd, il y vit un
énorme monceau de sandaraque ((j*iy«xiw). Il passa par-dessus et alla plus avant, e1
voici qu'il vit un nombre infini de poissons tous enveloppés de linges comme si on les
eût ensevelis après leur mort. Il prit un de ces poissons, l'examina et vit qu'il avait dans
la bouche un dinar sur lequel étaient gravés des caractères qu'il ne pouvait pas bien lire.
Examinant alors chaque poisson, il sortit de la bouche de chacun d'eux un dinar et finit
par réunir un nombre considérable de pièces d'or. Il prit ces dinars et s'en retourna,
mais, en arrivant au tas de sandaraque, il vit que celui-ci s'était accru au point de lui
fermer le passage; il retourna aux poissons, remit les dinars à leur place et revint; le
tas de sandaraque avait repris les dimensions primitives. Daoud sortit de la grotte, puis
rentra, reprit les dinars, et, quand il voulut sortir, le monceau de sandaraque obstruait
encore la route. Il retourna aux poissons, replaça les dinars et revint ; le tas de sanda-
raque avait repris ses premières proportions. Et plusieurs fois il renouvela l'expérience,
et, chaque fois, le phénomène se répéta. A la fin, craignant d'y périr, il laissa tout et
s'en alla.
» Quelque temps après, Daoud, ayant pris maison dans cet endroit, vit dans un
mur une pierre creuse sur laquelle une autre pierre était posée. Il tira sur cette dernière,
finit par l'enlever, et dessous il trouva six dinars semblables à ceux qu'il avait vus dans
la bouche des poissons. Il prit un de ces dinars, laissa les autres et remit la pierre en
place. Au bout de quelques jours, Dieu voulut qu'il s'embarquât sur le Nil pour passer
de la rive orientale à la rive occidentale. Mais, dès que la barque se trouva au milieu du
fleuve, les poissons se mirent â sauter de l'eau dans la barque et celle-ci était sur le point
de sombrer, tant le nombre des poissons était considérable. Les passagers, épouvantés
(1) Recueil, vol. X, p. 141.
(2) Kliitdt, t. i, p. 37, ligne 36, à p. 38, ligne 13.
UNE LÉGENDE DE MAQRIZI
Il y a lieu de croire que notre personnage est le _a t dont la statue est au Musée
AAAAAA 1 ]*
de Boulaq. (Mariette, Cat., 1869, n° 586, p. 210; Lieblein, Dict., n° 86, p. 25.)
G. Maspero.
UNE LÉGENDE DE MAQRIZI
PAR
Urbain Bouriant
Dans le n° II de ses Remarques et notes', M. Daressy signale la découverte, a
Méchaïkh, d'un naos rempli de poissons de bronze. La déesse Mehit, adorée dans le
nome thinite, d'où dépend cette localité, en compagnie d'Anhouri. porte pour coiffure
un poisson, ce qui suffit a expliquer la trouvaille. Ce fait me remet en mémoire une
légende de Maqrizi ' relative à des poissons merveilleux, et dont voici la traduction :
« Daoud bey Ragaq bey Abdallah, homme instruit de tout ce qui concerne les
provinces d'Égypte pour les avoir maintes fois parcourues, m'a conté que, passant près
d'une vaste grotte nommée la grotte de Sheqalqil (aJtjaiJijS s^lx») dans le Saïd, il y vit un
énorme monceau de sandaraque ((j*iy«xiw). Il passa par-dessus et alla plus avant, e1
voici qu'il vit un nombre infini de poissons tous enveloppés de linges comme si on les
eût ensevelis après leur mort. Il prit un de ces poissons, l'examina et vit qu'il avait dans
la bouche un dinar sur lequel étaient gravés des caractères qu'il ne pouvait pas bien lire.
Examinant alors chaque poisson, il sortit de la bouche de chacun d'eux un dinar et finit
par réunir un nombre considérable de pièces d'or. Il prit ces dinars et s'en retourna,
mais, en arrivant au tas de sandaraque, il vit que celui-ci s'était accru au point de lui
fermer le passage; il retourna aux poissons, remit les dinars à leur place et revint; le
tas de sandaraque avait repris les dimensions primitives. Daoud sortit de la grotte, puis
rentra, reprit les dinars, et, quand il voulut sortir, le monceau de sandaraque obstruait
encore la route. Il retourna aux poissons, replaça les dinars et revint ; le tas de sanda-
raque avait repris ses premières proportions. Et plusieurs fois il renouvela l'expérience,
et, chaque fois, le phénomène se répéta. A la fin, craignant d'y périr, il laissa tout et
s'en alla.
» Quelque temps après, Daoud, ayant pris maison dans cet endroit, vit dans un
mur une pierre creuse sur laquelle une autre pierre était posée. Il tira sur cette dernière,
finit par l'enlever, et dessous il trouva six dinars semblables à ceux qu'il avait vus dans
la bouche des poissons. Il prit un de ces dinars, laissa les autres et remit la pierre en
place. Au bout de quelques jours, Dieu voulut qu'il s'embarquât sur le Nil pour passer
de la rive orientale à la rive occidentale. Mais, dès que la barque se trouva au milieu du
fleuve, les poissons se mirent â sauter de l'eau dans la barque et celle-ci était sur le point
de sombrer, tant le nombre des poissons était considérable. Les passagers, épouvantés
(1) Recueil, vol. X, p. 141.
(2) Kliitdt, t. i, p. 37, ligne 36, à p. 38, ligne 13.