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Revue égyptologique — 10.1902

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Nr. 1-4
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Revillout, Eugène: Le dictionnaire hiéroglyphique
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https://doi.org/10.11588/diglit.11581#0155
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Le dictionnaire hiéroglyphique.

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A vrai dire, j'aurais grande tendance à répondre par la négative.
Aux Académies appartient sans conteste l'initiative de la publication des grandes pu-
blications de textes.

Maintenant que les congrégations religieuses, analogues à celle des Bénédictins, n'existent
plus, ou du moins ont perdu leurs anciennes ressources, leur ancienne organisation, leur an-
cienne puissance, et sont sans cesse menacées par les différents gouvernements, les Académies
s'offrent tout naturellement à l'esprit comme leurs remplaçants légitimes. Elles ont d'abord un
budget suffisant pour entreprendre de grandes œuvres. Elles ont ensuite une existence mo-
rale, une personnalité civile, qui subsiste même après la mort de chacun des membres actuels.

L'Institut de France a ainsi pris à sa charge la publication des historiens orientaux
ou occidentaux relatifs aux croisades; de celle des chroniqueurs de l'histoire de France; du
Corpus inscriptionum semiticarum, etc.

L'Académie de Berlin celle du Corpus inscriptionum. latinarum. du Corpus inscriptionum
graecarum, des papyrus de Berlin, des textes anciens du Livre des morts, etc.

Tout cela me paraît légitime et utile. Mais un dictionnaire et surtout un dictionnaire
définitif, est-il de la compétence d'une académie nationale? On peut en douter.

D'abord, son nationalisme en fait tout naturellement l'organe d'une école — pour ne
pas dire d'une secte et d'une coterie.

Déjà Piehl s'est plaint de la dernière transformation de la Zeitschrift fUr agyptische
Sprache qui, de journal international, qu'il était jadis, est devenu seulement l'organe de
l'Ecole d'erman. Bien de plus légitime pourtant, pour le propriétaire d'un journal, que de le
consacrer à lui-même et à ses amis. J'en fais autant pour ma Revue égyptologique, ainsi que
Maspbro pour son Recueil. Mais quand il s'agit d'un dictionnaire définitif — vraiment inter-
national de nature — la question est autre.

Le dictionnaire d'une langue peut être une affaire privée et avoir, en ce cas, un caractère
personnel ou même à la rigueur national. S'il prétend être le dernier mot de la science,
les frontières politiques disparaissent, aussi bien que les errements particuliers d'une école.
Toutes les races, toutes les Académies et toutes les Écoles doivent y collaborer. Les Aca-
démies allemandes sont représentées actuellement par quatre ou cinq personnalités égypto-
logiqueSj sorties de l'École que dirige avec tant de talent notre collègue Erman, (car tous
les vieux égyptologues allemands, ayant appartenu à un mouvement plus international, sont
morts) et ce n'est pas parce qu'on joindra, pour la nouvelle œuvre, à titre secondaire, certains
collaborateurs anglo-américains ou italiens, que le caractère uniquement germanique et parti
culariste en disparaîtra.

D'ailleurs cette compilation, ne sera-t-elle pas bien analogue à celle de Brugsch? Qui
nous garantira que l'étude des textes (qu'on veut actuellement recueillir dans tous les Musées)
sera faite dans de meilleures conditions, avec traductions intégrales? Qui nous garantira que
même, si ces traductions intégrales sont faites, elles ne seront pas avec des idées préconçues
et, par conséquent, pour autrui, avec un doute initial les annulant?

Il n'y aurait qu'un moyen d'obvier à ces inconvénients, ce serait de publier intégrale-
ment tous les textes ainsi recueillis ou à défaut de cette condition (pourtant indispensable
à notre avis) de donner au moins des contextes très étendus.

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