144 EWA POLAK-TRAJDOS
Grégoire le Grand du tableau de Ruszczą avec une miniature de ce pape du Graduel de Tempore du couvent des Bernardins de
Cracovie. Cette comparaison nous laisse voir une fois de plus des différences de type entre la représentation de Ruszczą, incarnant
les caractéristiques de l'école de Nowy Sącz, et la miniature du Graduel accusant des affinités profondes avec les types de l'atelier
d'enluminure du Missel n° 2. Plus proche de la représentation du pape Grégoire le Grand de Ruszczą est la miniature du Missel
n° 7, fol. 1. Toutefois la date du retable de Ruszczą (vers 1425) s'inscrit en faux contre les suggestions jusqu'ici avancées sur l'influ-
ence de l'école d'enluminure du Missel n° 2 (Wawel, Archives du Chapitre) sur le triptyque de Ptaszkowa, le tableau de Rusz-
czą et le triptyque de Kamionka Wielka. Il en résulte que le Maître de Maciejowice influencé dans sa jeunesse par l'ouvrage de
Ptaszkowa ne pouvait pas s'inspirer non plus des miniatures de Cracovie. La seule miniature démontrant une affinité profonde
avec l'école de Nowy Sącz est celle qui représente le Christ priant à Gethsémani du Missel n° 7 (1440—50) et que l'on compare
avec la même scène du triptyque de saint Berthélemy de Niedzica (1430—40). Toutefois, les dates mêmes de ces oeuvres indi-
quent que le panneau de Niedzica est antérieur à la miniature en question et que l'inspiration ne pouvait venir que du Maître
de Maciejowice, peintre du triptyque de Niedzica. Malgré les influences tchèques, le peintre du triptyque de Ptaszkowa élabora
son propre canon de représentation des personnages qui constituait la source d'inspiration du Maître de Maciejowice. Un autre
inspirateur de l'art du Maître de Maciejowice, fut le Maître du grand Crucifiement de Korzenna (1425—30). Une influence
puissante du peintre du retable de Ptaszkowa se retrouve au sommet triangulaire du triptyque perdu de Bardiów représentant
l'Hommage des Trois Mages (actuellement au retable de saint André à l'Église Saint Gil de Bardiów), oeuvre du Maître de Ma-
ciejowice. C'est là presque une copie de l'Hommage des Trois Mages du triptyque de Ptaszkowa. La représentation de l'Annon-
ciation de Ptaszkowa a pesé sur le type de l'ange du triptyque de l'Assomption de Przydonica, également du Maître dc Maciejo-
wice. Une influence non moins puissante de l'ouvrage de Ptaszkowa est visible aux panneaux du retable de saint Barthélémy
de Niedzica reconnu par Radocsay comme l'un des premiers ouvrages du Maître de Maciejowice. A part les types de femmes
inspirées par la Vierge de Ptaszkowa, la représentation du Christ priant à Gethsémani se rattache plus fortement au panneau du
triptyque de Ptaszkowa qu'à la miniature du Missel n° 7 des Archives du Chapitre de Cracovie. Il vaut la peine de comparer l'Hom-
mage des Trois Mages du sommet du triptyque perdu de Bardiów et le panneau du retable de Ptaszkowa avec le tableau de Złote
Morawce, apporté du Spis vers 1450. Ce dernier, représentant également l'Hommage a été classé par Radocsay et par Csanky
parmi les oeuvres du Maître de Maciejowice. L. Cidlinska en rapporte la création aux années quarante du XVe siècle, en l'at-
tribuant à l'influence des tendances rétrogrades de la peinture tchèque, et en refuse la paternité au Maître de Maciejowice.
Nous considérons qu'à la suite des guerres hussites, les influences hussites cessèrent de pénétrer en Pologne et en Haute-Hongrie
déjà dans le premier quart du XVe siècle, cédant la place aux tendances indigènes de la peinture de la Petite-Pologne qui entraî-
nent une transformation de motifs tchèques sous l'effet du génie local. Il nous semble que le tableau de Złote Morawce accuse
des traits semblables à ceux de l'épitaphe de Jan d'Ujazd de la région de Czchów de 1450. Cette épitaphe a été classée dans
l'école de Cracovie. Il nous semble en particulier que le type de Madone et le raffinement de la draperie de l'Hommage de Złote
Morawce et de l'épitaphe de Jan d'Ujazd soient presque identiques. Ce qui donne à réfléchir c'est l'affinité de type entre le
chevalier Jan d'Ujazd, le jeune roi de l'Hommage de Złote Morawce et Émeric du triptyque de Maciejowice. Par contre, la partie
du tableau représentant les trois Mages de Złote Morawce dénote un rapport étroit avec l'Hommage du triangle de sommet du
triptyque de Bardiów et avec le panneau du retable de Ptaszkowa. La combinaison du type tchèque de la Madone (étranger au
Maître de Maciejowice) et du schéma de l'école de Nowy Sącz se manifestant dans la représentation des Mages aux physionomies
apparentées à celles du retable de Maciejowice, celle du drapé raffiné de la robe de la Madone avec les lignes verticales des plis des
robes que portent les Mages du tableau de Złote Morawce, témoignent que l'auteur de cette oeuvre ne pouvait être qu'un disciple
du Maître de Maciejowice, qui, subissant l'influence du Maître, transposait en même temps des influences tchèques. L'épitaphe
d' Ujazd devrait être comptée parmi les oeuvres de ce disciple. Nous considérons donc que la manière du peintre des deux ta-
bleaux ne doit pas forcément le rattacher à l'école de Cracovie. Elle est plutôt le fruit d'une combinaison de motifs tch cques et
de ceux de Nowy Sącz.
L'ouvrage le plus représentatif du Maître de Maciejowice en territoire polonais est le Couronnement de la Vierge de Łopuszna.
Ce tableau comporte tous les éléments du triptyque de Maciejowice et des volets des saints de Kosice (autrefois de Bardiów),
ouvrages les plus caractéristiques du Maître de Maciejowice. La représentation de saint Bernardin de Siène à un des panneaux
du revers du triptyque de Łopuszna n'indique pas forcément que l'ouvrage soit postérieur à 1450, date de la canonisation; en
effet, on connaît des représentations antérieures de ce saint, remontant à une époque d'avant la canonisation. Ainsi, le retable de
Łopuszna peut être antérieur à 1450. En fait, il offre aux volets, dans la représentation des saints, des caractéristiques de style qui
le rapprochent de celle des saints de l'avers du retable de saint Antoine de Kosice (autrefois de Bardiów?), considéré comme l'une
des oeuvres juvéniles du Maître de Maciejowice (1440). La représentation de saint Léonard, de saint François d'Assise et de saint
Antoine du triptyque de Łopuszna s'inspire de celle des différents saints des volets du retable de Kosice. La représentation de saint
Léonard des volets de Kosice se rapproche par contre le plus de celle de ce saint du tableau de l'hôtel Szolajski à Cracovie. Ceci
témoigne que le tableau de Cracovie constituait probablement un fragment d'un retable perdu du Maître de Maciejowice de la
première période de son activité. Saint Bernardin du Couronnement de Łopuszna constitue presque une réplique de Siène du
triptyque de ce saint des revers du triptyque des Rois de Maciejowice et de la petite Crucifixion de Korzenna. La Vierge Marie
delà scène du Couronnement de Łopuszna offre, par son attitude et par son type, une affinité avec les personnages in throno.
L'Assunta de Przydonica constitue un développement plus parfait du thème hiératique. Le visage de la Vierge Marie de Łopusz-
na s'y trouve reproduit avec une plus grande finesse de dessin rendant mieux la régularité des traits. Toutefois, dans la physiono-
mie de ces deux Vierges vit encore le visage-archétype de la fille du roi du triptyque de Niedzica. Le Maître de Maciejowice
était un trait d'union entre les premières oeuvres de l'école de Nowy Sącz, telles que la grande Crucifixion de Korzenna ou le
volet avec saint Jean et Mater Dolorosa dc Chełmiec, et les compositions postérieures de l'Assomption de Przydonica et de Cere-
kwia, du Couronnement de Łopuszna. Il vaut la peine de remarquer que le Maître de Maciejowice modifie dans ses oeuvres
le dessin de contour. A la place d'un contour tracé à traits interrompus (tronçons de la droite), il introduit le trait continu, for-
Grégoire le Grand du tableau de Ruszczą avec une miniature de ce pape du Graduel de Tempore du couvent des Bernardins de
Cracovie. Cette comparaison nous laisse voir une fois de plus des différences de type entre la représentation de Ruszczą, incarnant
les caractéristiques de l'école de Nowy Sącz, et la miniature du Graduel accusant des affinités profondes avec les types de l'atelier
d'enluminure du Missel n° 2. Plus proche de la représentation du pape Grégoire le Grand de Ruszczą est la miniature du Missel
n° 7, fol. 1. Toutefois la date du retable de Ruszczą (vers 1425) s'inscrit en faux contre les suggestions jusqu'ici avancées sur l'influ-
ence de l'école d'enluminure du Missel n° 2 (Wawel, Archives du Chapitre) sur le triptyque de Ptaszkowa, le tableau de Rusz-
czą et le triptyque de Kamionka Wielka. Il en résulte que le Maître de Maciejowice influencé dans sa jeunesse par l'ouvrage de
Ptaszkowa ne pouvait pas s'inspirer non plus des miniatures de Cracovie. La seule miniature démontrant une affinité profonde
avec l'école de Nowy Sącz est celle qui représente le Christ priant à Gethsémani du Missel n° 7 (1440—50) et que l'on compare
avec la même scène du triptyque de saint Berthélemy de Niedzica (1430—40). Toutefois, les dates mêmes de ces oeuvres indi-
quent que le panneau de Niedzica est antérieur à la miniature en question et que l'inspiration ne pouvait venir que du Maître
de Maciejowice, peintre du triptyque de Niedzica. Malgré les influences tchèques, le peintre du triptyque de Ptaszkowa élabora
son propre canon de représentation des personnages qui constituait la source d'inspiration du Maître de Maciejowice. Un autre
inspirateur de l'art du Maître de Maciejowice, fut le Maître du grand Crucifiement de Korzenna (1425—30). Une influence
puissante du peintre du retable de Ptaszkowa se retrouve au sommet triangulaire du triptyque perdu de Bardiów représentant
l'Hommage des Trois Mages (actuellement au retable de saint André à l'Église Saint Gil de Bardiów), oeuvre du Maître de Ma-
ciejowice. C'est là presque une copie de l'Hommage des Trois Mages du triptyque de Ptaszkowa. La représentation de l'Annon-
ciation de Ptaszkowa a pesé sur le type de l'ange du triptyque de l'Assomption de Przydonica, également du Maître dc Maciejo-
wice. Une influence non moins puissante de l'ouvrage de Ptaszkowa est visible aux panneaux du retable de saint Barthélémy
de Niedzica reconnu par Radocsay comme l'un des premiers ouvrages du Maître de Maciejowice. A part les types de femmes
inspirées par la Vierge de Ptaszkowa, la représentation du Christ priant à Gethsémani se rattache plus fortement au panneau du
triptyque de Ptaszkowa qu'à la miniature du Missel n° 7 des Archives du Chapitre de Cracovie. Il vaut la peine de comparer l'Hom-
mage des Trois Mages du sommet du triptyque perdu de Bardiów et le panneau du retable de Ptaszkowa avec le tableau de Złote
Morawce, apporté du Spis vers 1450. Ce dernier, représentant également l'Hommage a été classé par Radocsay et par Csanky
parmi les oeuvres du Maître de Maciejowice. L. Cidlinska en rapporte la création aux années quarante du XVe siècle, en l'at-
tribuant à l'influence des tendances rétrogrades de la peinture tchèque, et en refuse la paternité au Maître de Maciejowice.
Nous considérons qu'à la suite des guerres hussites, les influences hussites cessèrent de pénétrer en Pologne et en Haute-Hongrie
déjà dans le premier quart du XVe siècle, cédant la place aux tendances indigènes de la peinture de la Petite-Pologne qui entraî-
nent une transformation de motifs tchèques sous l'effet du génie local. Il nous semble que le tableau de Złote Morawce accuse
des traits semblables à ceux de l'épitaphe de Jan d'Ujazd de la région de Czchów de 1450. Cette épitaphe a été classée dans
l'école de Cracovie. Il nous semble en particulier que le type de Madone et le raffinement de la draperie de l'Hommage de Złote
Morawce et de l'épitaphe de Jan d'Ujazd soient presque identiques. Ce qui donne à réfléchir c'est l'affinité de type entre le
chevalier Jan d'Ujazd, le jeune roi de l'Hommage de Złote Morawce et Émeric du triptyque de Maciejowice. Par contre, la partie
du tableau représentant les trois Mages de Złote Morawce dénote un rapport étroit avec l'Hommage du triangle de sommet du
triptyque de Bardiów et avec le panneau du retable de Ptaszkowa. La combinaison du type tchèque de la Madone (étranger au
Maître de Maciejowice) et du schéma de l'école de Nowy Sącz se manifestant dans la représentation des Mages aux physionomies
apparentées à celles du retable de Maciejowice, celle du drapé raffiné de la robe de la Madone avec les lignes verticales des plis des
robes que portent les Mages du tableau de Złote Morawce, témoignent que l'auteur de cette oeuvre ne pouvait être qu'un disciple
du Maître de Maciejowice, qui, subissant l'influence du Maître, transposait en même temps des influences tchèques. L'épitaphe
d' Ujazd devrait être comptée parmi les oeuvres de ce disciple. Nous considérons donc que la manière du peintre des deux ta-
bleaux ne doit pas forcément le rattacher à l'école de Cracovie. Elle est plutôt le fruit d'une combinaison de motifs tch cques et
de ceux de Nowy Sącz.
L'ouvrage le plus représentatif du Maître de Maciejowice en territoire polonais est le Couronnement de la Vierge de Łopuszna.
Ce tableau comporte tous les éléments du triptyque de Maciejowice et des volets des saints de Kosice (autrefois de Bardiów),
ouvrages les plus caractéristiques du Maître de Maciejowice. La représentation de saint Bernardin de Siène à un des panneaux
du revers du triptyque de Łopuszna n'indique pas forcément que l'ouvrage soit postérieur à 1450, date de la canonisation; en
effet, on connaît des représentations antérieures de ce saint, remontant à une époque d'avant la canonisation. Ainsi, le retable de
Łopuszna peut être antérieur à 1450. En fait, il offre aux volets, dans la représentation des saints, des caractéristiques de style qui
le rapprochent de celle des saints de l'avers du retable de saint Antoine de Kosice (autrefois de Bardiów?), considéré comme l'une
des oeuvres juvéniles du Maître de Maciejowice (1440). La représentation de saint Léonard, de saint François d'Assise et de saint
Antoine du triptyque de Łopuszna s'inspire de celle des différents saints des volets du retable de Kosice. La représentation de saint
Léonard des volets de Kosice se rapproche par contre le plus de celle de ce saint du tableau de l'hôtel Szolajski à Cracovie. Ceci
témoigne que le tableau de Cracovie constituait probablement un fragment d'un retable perdu du Maître de Maciejowice de la
première période de son activité. Saint Bernardin du Couronnement de Łopuszna constitue presque une réplique de Siène du
triptyque de ce saint des revers du triptyque des Rois de Maciejowice et de la petite Crucifixion de Korzenna. La Vierge Marie
delà scène du Couronnement de Łopuszna offre, par son attitude et par son type, une affinité avec les personnages in throno.
L'Assunta de Przydonica constitue un développement plus parfait du thème hiératique. Le visage de la Vierge Marie de Łopusz-
na s'y trouve reproduit avec une plus grande finesse de dessin rendant mieux la régularité des traits. Toutefois, dans la physiono-
mie de ces deux Vierges vit encore le visage-archétype de la fille du roi du triptyque de Niedzica. Le Maître de Maciejowice
était un trait d'union entre les premières oeuvres de l'école de Nowy Sącz, telles que la grande Crucifixion de Korzenna ou le
volet avec saint Jean et Mater Dolorosa dc Chełmiec, et les compositions postérieures de l'Assomption de Przydonica et de Cere-
kwia, du Couronnement de Łopuszna. Il vaut la peine de remarquer que le Maître de Maciejowice modifie dans ses oeuvres
le dessin de contour. A la place d'un contour tracé à traits interrompus (tronçons de la droite), il introduit le trait continu, for-