Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ROLA RZYMU W PÓŹNOBAROKOWEJ ARCHITEKTURZE POLSKIEJ

307

Bien différentes étaient les vicissitudes de l'existence des lauréats des concours de l'Académie Saint-Luc après leur retour au
pays natal. Tel Jan Reisner, ayant de grandes aptitudes, revint à Varsovie en 1683 et commença à travailler comme peintre à la
cour de Jean III Sobieski, à Wilanów, et son œuvre architectural reste inconnu en Pologne. Un autre Polonais de formation
romaine, Kacper Bażanka, fut arrêté en Autriche pendant son retour pour avoir porté du courrier de nature politique destiné au
camp polono-suédois (pendant la guerre de succession), et on le condamna à mort. Heureusement, grâce à l'intervention personnelle
d'Andréa Pozzo auprès de l'empereur Léopold Ier, la peine de mort fut réduite en prison, et Bażanka put revenir en Pologne,
à Cracovie, en 1710/1711. Son intense activité d'architecte ne dura que 15 ans; il mourut le 21 janvier 1726 et jusqu'à cette date il
travailla pour l'épiscopat cracovien. Benedykt Renard, à son tour, avait séjourné à Rome jusqu'en 1716, puis il s'engagea au service
d'Auguste II et travailla tantôt à Dresde, tantôt à Varsovie avant de mourir précocement en 1727. Son activité varsovienne n'est
pas encore bien connue, hormis une seule information concernant son projet de salon pour la palais des Radziwiłł à Varsovie.

L'accueil des modèles romains était le plus vif dans le domaine de la petite architecture. De nombreux autels, portails,
encadrements de fenêtres, tombeaux, épitaphes du baroque tardif, surtout en Petite Pologne, doivent leurs formes aux œuvres des
grands maîtres du baroque romain, celles de Bernini, Borromini, Carlo Fontana, Pozzo, connues grâce aux publications graphiques
propagées par les architectes.

L'œuvre par laquelle l'art baroque tardif alla romana commença en Pologne, est le décor architectural et sculptural de
Sainte-Anne à Cracovie. À l'intérieur de l'église, élevée d'après les projets de Tylman de Gameren, Baldassarre Fontana introduisit,
en 1695 — 1704, une architecture nouvelle des autels, la sculpture et la peinture qui changèrent le caractère stylistique de cet endroit.
Fontana y appliqua le principe fondamental du Bernini, soit la triple unité des arts éliminant les frontières entre l'architecture,
la sculpture et la peinture pour créer une œuvre homogène, pleine de plasticité pittoresque, de mouvement et de luminosité
exceptionelle. Les formes des autels réalisés par Fontana dénoncent leur origine romaine; elles furent basées sur les prototypes
berniniens, par exemple l'autel dans la chapelle de l'Immaculée Conception pastiche visiblement celui de Sainte-Thérèse dans la
chapelle Cornaro à Santa Maria délia Vittoria de Rome. Néanmoins, l'autel Saint-Jean Kante dans l'église Sainte-Anne, entouré de
quatre colonnes torses isolées et inspiré de la Confession de Saint-Pierre dans la basilique romaine, fut encore projeté par Tylman
de Gameren en 1695 et réalisé avec certaines modifications par Fontana.

Une autre œuvre du Bernini, l'autel dans la Cappella Alaleone à S.S. Domenico e Sisto de Rome, érigé sur un plan elliptique,
était aussi pastiché par les auteurs d'autels et de tombeaux polonais. Bażanka, par exemple, répéta cette forme dans deux
tombeaux: de Stefan Branicki à Białystok (1711) et du cardinal Michał Radziejowski dans l'église Sainte-Croix à Varsovie
(1719— 1722). Le projet de l'autel Saint-Ignace pour le Gesù à Rome (non réalisé mais connu d'une estampe), qui avait été élaboré
par Sebastiano Cipriani sur le modèle d'une œuvre berninienne, fut repris par Carlo Antonio Bay pour le maître-autel de l'église
des Missionnaires de Siemiatycze (1729 — 1730). Parmi les œuvres de Carlo Fontana c'est le célèbre autel dans l'église S. Maria délia
Traspontina à Rome (1674) qui était le plus volontairement pastiché en Pologne. Sa structure, rappelant un baldaquin en forme de
tempietto circulaire à colonnes, fut répétée par K. Bażanka pour l'autel latéral de marbre dans la cathédrale de Frombork
(1724—1725), démonté en 1909) et aussi par Georg Guhr pour l'autel de la Vierge Marie réalisé en bois dans l'église des
Franciscains à Toruń (1730—1731).

Une source d'inspiration importante pour les architectes polonais du baroque tardif étaient les œuvres imitant les modèles
d'Andréa Pozzo connus grâce à son traité Perspectiva pictorum et architectorum (la Iere partie fut publiée en 1693 et la IIeme,
en 1700). Souvent pastichés étaient les projets de Pozzo réalisés dans deux églises jésuites: le Gesù et Saint-Ignace. Le célèbre autel
Saint-Ignace (1695 — 1699) au Gesù, d'une forme convexe et avec une niche à conque au milieu, fut imité à plusieurs reprises par les
architectes et sculpteurs en Pologne, tels que Ignacy Provisore (Gostyń, le maître-autel dans l'église des Philipins de 1723 — 1726),
Pompeo Ferrari (Ląd, l'église des Cisterciens, vers 1730), Giovanni Battista Cocchi (Chełmża, la cathédrale, 1744), Jan Klemm
(Tyczyn, l'église paroissiale, les autels dans les chapelles, 1738 — 1745).

Très populaire était aussi la composition de l'autel Saint-Luigi Gonzague à Saint-Ignace, d'une ligne concave avec des
colonnes torses disposées en paires. Nous trouvons l'application de ce modèle aux autels dans les églises suivantes: des Jésuites
à Poznań (par Franciszek Kuźmiński, apr. 1735), des Bernardins à Rzeszów (vers 1730—1740) et l'église paroissiale de Tyczyn
(le maître-autel par J. Klemm, 1738 — 1745).

L'influence de l'architecture romaine est visible dans quelques églises à plan longitudinal. Telle l'église des Missionnaires
à Cracovie, réalisée d'après le dessin de Kacper Bażanka (1719 — 1728), qui reproduit avec certaines modifications l'intérieur de la
chapelle des Rois Mages par Francesco Borromini, et cette imitation se rapporte aussi au quadrillage des murs avec le petit et le
grand ordres, aux baies des chepelles et des loggias et à la forme arrondie des angles. Le modèle romain se traduit aussi par une
forme nouvelle prise par les intérieurs des églises polonaises du baroque tardif. Cela se manifeste par l'incorporation d'autels
à colonnes à l'ordre architectonique encadrant l'intérieur, comme le fit K. Bażanka dans l'église des Prémontrées à Imbramowice
(1711 —1726). Dans ce cas, l'architecte s'inspira du chœur de S. Ignazio et de deux dessins de Pozzo pour le maître-autel du Gesù
à Rome (non réalisés mais publiés en 1700). De l'architecture romaine sont aussi inspirés les intérieurs d'églises à plan longitudinal
entourés de colonnes, telle l'église des Visitandines à Varsovie, œuvre de C. A. Bay de 1728 — 1734, et surtout l'église paroissiale de
Karczew (1728 — 1733), réalisée peut-être par Bay qui s'inspira de l'intérieur de S. Maria in Campitelli par Carlo Rainaldi.

De l'époque du baroque tardif datent également quelques églises à plan centré qui révèlent des ressemblances avec l'archi-
tecture de Rome. Ainsi, la petite église des Trinitaires à Vilnius (1694—1712) dont l'architecte reste inconnu, imite nettement
l'intérieur de S. Carlo al Quirinale par le Bernini. Constuite sur plan octagonal, l'église de Vilnius possède, à l'intérieur, des arcades
pour abriter des autels et elle est surmontée d'une coupole élancée avec des fenêtres intercalées de festons. Une coupole pareille,
mais à plan plus complexe, fut construite par Pompeo Ferrari au-dessus la nef de l'église des Cisterciens à Ląd (1728 — 1731), et c'est
la coupole de S. Ivo délia Sapienza par Borromini qui lui avait servi de modèle. Projeté en 1720, l'ensemble architectural des
Bernardins à Łuck, comprenant le couvent en demi-cercle dans leguel devait être inscrite l'église en croix grecque avec une coupole
octagonale (seul le couvent fut réalisé en 1720— 1737), fut composé sous l'influence du mausolée-tempietto all'antica présenté dans
le livre d'architecture de Giovanni Battista Montana publié en 1624. Bien avant, la composition de Montana eut inspiré le Bernini
qui, par la suite, réalisa la rotonde avec tout un entourage à Ariccia, près de Rome (1662— 1664). L'église académique S.S. Luca
e Martino de Rome, œuvre de Piętro da Cortona (1635—1650), bâtie sur un plan en croix grecque, avec une coupole et des
colonnes à l'intérieur, influença deux autres églises à plan centré: celle des Carmélites Déchaussées à Cracovie, sans coupole mais
avec des colonnes, due à un architecte italien établi à Varsovie, probablement à C. A. Bay (1717 — 1725), et celle des Visitandines
à Vilnius (1729 — 1741) dont le projet fut dépourvue de colonne, pourtant surmontée d'une coupole.

Une influence considérable sur l'architecture polonaise était aussi exercée par les églises romaines à plan centré longitudinal,
aux nefs élevées sur un plan elliptique ou ovale, avec des chapelles à l'intérieur, comme par exemple S. Giacomo degli Incurabili
 
Annotationen