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JERZY KOWALCZYK

(al Corso), œuvre de Francesco da Volterra. De tels modèles sont surtout reproduits par un groupe d'églises à plan centré bâtis entre
le Bug et la Vistule et attribuées à Paolo Fontana, comme par exemple l'église paroissiale de Lubartów (1733 — 1738) et quelques
églises monastiques: des Ermites de Saint-Paul à Włodawa (1741 — 1752), des Carmes Déchaussés à Lublin (1742), de la Con-
grégation de Sainte-Brigitte à Brześć Litewski (av. 1751) et des Piaristes à Chełm (1753—1763).

L'église romaine S. Maria di Monte Santo, avec une nef ovale et des chapelles d'un volume identique, œuvre de Rainaldi, avait
inspiré l'architecte de l'église des Dominicains à Tarnopol dont la construction commença en 1749 (probablement d'après le dessin
de Paweł Giżycki SJ) et fut achevée en 1770— 1779 (peut-être par Augustyn Moszyński). Un autre projet, qui ne fut jamais réalisé,
est le projet initial attribué à Kacper Bażanka de l'église des Missionnaires à Cracovie (av. 1719), à plan centré et avec une nef ovale
transversale, à l'intérieur et à l'extérieur encadrée de colonnes, où l'on trouve des ressemblances avec certaines compositions
romaines, par exemple avec la Cappella Falconieri par Borromini auprès de S. Giovanni dei Fiorentini. Francesco Placidi s'inspira,
à son tour, de l'église romaine S. Maria delia Orazione e Morte par Ferdinando Fuga qu'il reproduisit dans le projet pour la
chapelle royale des Wettins dans de la cathédrale du Wawel à Cracovie (1753), conçue sur un plan comprenant deux parties ovales:
un chœur transversal et une nef longitudinale.

Les façades des édifices religieux du baroque tardif, inspirées de modèles romains, étaient très variées en Pologne, et l'on peut
en distinguer trois types: 1) les façades à deux étages avec colonnes; 2) façades classiques de tradition palladienne et celles utilisant
l'ordre colossal; 3) les fasades dynamiques.

Dans la Pologne centrale, les façades à deux étages avec colonnes étaient caractéristiques pour l'œuvre architectural de Carlo
Antonio Bay, auteur d'un groupe d'églises à Varsovie, en Mazovie et en Podlasie dont la plus importante est l'église des
Visitandines à Varsovie (1728 — 1734). On admet que sa façade ait été inspirée de la façade de S. Maria in Campitelli de Rome dont
l'auteur fut Carlo Rainaldi (1656—1665). La façade varsovienne possède des pans de mur arrondis entre les colonnes ce qui la
différencie des exemples romains où les colonnes sont composées sur un fond creux. Une variante du projet non réalisé de Rainaldi
pour la façade de S. Maria in Campitelli, avec une colonnade étagée et disposée en ligne convexe arquée, devait être certainement
connue à l'architecte Efraim Szreger qui s'en servit en composant la façade de l'église des Dominicains Observants à Varsovie
(1760-1770, démolie en 1818).

Les façades romaines de type palladien des églises telles que S. Francesca Romana (par Carlo Lombardi, 1615), les Gesù
e Maria (par Carlo Rainaldi, 1670—1685), ont exercé une influence considérable sur l'aspect des premières églises capucines en
Pologne à la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècles. À l'époque du baroque tardif ces façades durent enchanter l'auteur inconnu
de la façade de l'église des Camaldules à Bielany, près de Varsovie (1733), ainsi qu'Antonio Paracca qui construisit deux églises en
Lituanie: celle des Missionnaires à Krasław (1756—1775) et l'église paroissiale de Wiejsieje (vers 1775). La façade de l'église des
Missionnaires à Cracovie (1719— 1728) dénote aussi l'influence du courant romain classique. Son auteur, Kacper Bażanka, suivit le
modèle berninien de S. Andréa al Quirinale dont il imita la composition de deux portiques de forme classique qui s'interpénétrent:
l'un plus grand avec des pilastres et une arcade demi-circulaire et l'autre, plus petit, demi-oval avec des colonnes. Un autre
architecte, dont nous ne connaissons pas le nom, créa la façade du grand collège des Piaristes à Lvov (dès 1764), qui est une
imitation de celle de la basilique S. Giovanni in Laterano due au projet d'Alessandro Galilei (1732 — 1735) qui entamait une
nouvelle phase du courant classique à Rome.

Les façades à formes dynamiques, avec des murs modelés en concave, en convexe ou en ondulé, à forts effets lumineux sont
dominantes dans l'œuvre de Borromini. Trois façades parmi celles que celui-ci a crées, devaient inspirer des architectes polonais: les
façades de l'Oratoire des Philipins (1637 — 1644), de S. Maria dei Sette Dolori (1642—1649) et de S. Carlo aile Quattro Fonte ou
S. Carlino. C'est surtout cette dernière œuvre, dans laquelle Borromini a fait une sorte de récapitulation de ses idées artistiques, qui
exerça une influence importante. Le premier propagateur de l'œuvre borrominien en Pologne fut l'architecte Pompeo Ferrari. Sa
première réalisation dans laquelle il introduisit un mur ondulé, était la chapelle Gruszczyński dans l'église protestante St-Jean
à Leszno (1711). Une autre œuvre de Ferrari est l'église des Cisterciens à Ląd dont la façade principale et les façades latérales sont
modelées en concave, avec des pilastres disposés en diagonale. L'élaboration des façades correspond à l'aspect de l'intérieur où
l'architecte introduisit des murs en ligne concave avec des pilastres. Le meilleur exemple de l'imitation des formes dynamiques de
Borromini dans les œuvres de C. A. Bay, est la façade du couvent des Missionnaires à Siemiatycze (1720— 1727) où l'avant-corps
central possède une surface triconcave, tandis quel'élevation des avant-corps latéraux reste ondulé. Des formes similaires sont aussi
présentes sur la façade de l'église paroissiale de Karczew (1728 — 1733), également attribuée à Bay. De même, des formes har-
monieuses furent données à la façade de l'église uniate de la Dormition à Zbaraż (1755). Un exemple tardif de l'influence de la
façade de l'Oratoire des Philipins, est la façade de l'église bénédictine à Święty Krzyż, près de Kielce (1781 — 1789), œuvre d'un
architecte monastique, Stefan Wercner. Dans les régions orientales de la Couronne (Ukraine et Biélorussie occidentale), à l'époque
rococo, furent construites nombre d'églises dont les façades triconcaves et ondulées s'inspiraient des œuvres de Borromini dont elles
se différenciaient par leur sveltesse, étant composées avec l'ordre colossal et accompagnées souvent de deux tours, comme c'est le
cas des églises: Saint-André à Słonim (1775), des Dominicains à Czartorysk (vers 1750, d'après Paweł Giżycki SJ). Parmi les œuvres
de Francesco Placidi, il faudrait mentionner la tour de l'église des Trinitaires à Cracovie (1752— 1757) qui ressemble visiblement
à celle du couvent des Philipins à Rome qui est une œuvre de Borromini. À part les façades triconcaves de type borrominien, on
rencontre sporadiquement des façades triconvexes, inspirées de l'église S.S. Luca e Martino de Rome, réalisée par Pietro de
Cortona. Cette influence est plus visible dans le cas de la façade de l'église des Visitandines à Vilnius construite en 1729—1741
d'après le projet envoyé de Rome: toute sa structure fut modelée sur la construction romaine.

Malgré l'étendue de cette étude, nous ne sommes pas parvenu à présenter tous les problèmes de l'influence de l'architecture
romaine sur la polonaise à l'époque du baroque tardif. Ainsi, nous avons dû omettre l'influence de la composition spatiale de la
façade borrominienne de S. Agnese. Nous n'avons pas mentionné non plus le rôle des projets des tours ajourées à colonnes dus au
Bernini (S. Pietro) et à Borromini (S. Agnese), quoique ce problème, surtout en ce qui concerne l'architecture en Lituanie, ait été
largement présenté par Marian Morelowski dans ses ouvrages d'avant la seconde guerre mondiale.
 
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