Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 1): Texte. Tableau historique. Architecture — Paris, 1823

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.1302#0116
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
88 TABLEAU HISTORIQUE.

Les fautes et les malheurs de cette princesse, que l'on vit partager successivement son lit et son
trône avec quatre princes, dont trois étaient étrangers à son pays, furent également funestes à la
tranquillité de ses sujets.

La révolte, l'élévation, et la fin de Charles de Durazzo, parent et meurtrier de Jeanne, qui lui suc-
céda en i38a, et mourut quatre ans après; l'ambition démesurée, les expéditions guerrières et les
ravages, la vie licencieuse et l'immoralité de Ladislas, fils et successeur de Charles, maintinrent l'Italie
méridionale, pendant la fin du XIV* siècle, dans un état d'agitation non moins fatal à sa prospérité.

Ce fut dans ce siècle, et au commencement du XVe, que la maison de Savoie, occupée depuis
long-tems à étendre ses domaines entre l'empire et la France, par tous les moyens que pouvaient
lui fournir les entreprises guerrières, les alliances, et les négociations, parvînt à un agrandissement
qui la mit bientôt au rang des premières puissances de l'Italie supérieure: ces succès favorisèrent
progressivement la culture des lettres et des arts, qui fut sur-tout encouragée par le premier duc de
Savoie, Amédée VIII, dit le Pacifique.

Venise, qui, par la sagesse de son gouvernement, avait su long-tems se garantir des divisions in-
testines, si fréquentes et si funestes dans le reste de l'Italie, Venise clle-mèine, fut en proie à l'ani-
mosité des factions, et faillit être bouleversée par elles dans les premières années du XIVf siècle. Le
13 juin j3og, la ville devint un champ de bataille pour les partis guelfe et gibelin.

Ainsi les grandes républiques voyaient, tôt ou tard, éclorc dans leur sein, les germes de ces fatales
dissentions qui les déchiraient au-dedans , tandis qu'au-dehors elles s'épuisaient par des guerres inter-
minables, pour leurs confins respectifs et pour leurs prétentions commerciales.

L'histoire de Gènes ne fournit que trop d'exemples de ces déplorables résultats : elle nous.montre
le gouvernement de cette république passant continuellement de la noblesse au peuple, et du peuple
à la noblesse; et celle-ci partagée elle-même entre les factions opposées que formaient quatre familles
principales, tour-à-tour guelfes et gibelines.

Pise, par sa marine et son commerce, avait été, pendant trois siècles, l'heureuse rivale de Ve-
nise et de Gènes; mais, dans le XIVe siècle, livrée aux discordes civiles , elle vit sa puissance s'affai-
blir au point que, dès les premières années du XVe, elle fut forcée de se soumettre à la république
de Florence.

De celle animosité permanente, de ces guerres perpétuelles entre les divers états et même entre
les moindres cités, il résulta, dans le XIVe siècle, un effet directement contraire au vœu des peuples.
Au lieu de la liberté sans bornes qu'ils ambitionnaient, ils perdirent même cette liberté modérée dont
ils avaient joui sous le gouvernement à vie, ou seulement temporaire, des hommes distingués par
leurs talens ou par leurs richesses, qu'au siècle précédent ils avaient placés à leur tète.

Les successeurs de ces chefs populaires furent choisis pour la plupart parmi la noblesse, ou parmi
ce que l'on appelait alors les Condottieri, c'est-à-dire, les conducteurs ou'eapitaines de gens de guerre,
qui se mettaient à la solde du plus offrant; et ils parvinrent à transformer en propriétés héréditaires,
en espèces de souverainetés, pour eux et leurs familles, les pays ou les cités qu'ils avaient été char-
gés de gouverner et de défendre. C'est ainsi que s'évanouirent les rêves d'une démocratie toujours
illusoire, et que s'écroula, presque par-tout, l'édifice de ces systèmes républicaïus qui sont si rarement
d'une longue et paisible durée.

Cette esquisse de l'état civil et politique de l'Italie au XIV siècle, quelque resserré qu'en soit le
cadre, suffit pour montrer combien cette contrée était loin alors de jouir des avantages que des
gouvernemens stables et modérés peuvent seuls procurer. Nous devons cependant reconnaître avec
tous les historiens, que, pendant le cours de ce même siècle, si fertile en guerres et en révolutions
de toute espèce, on vit se réaliser les espérances que le siècle précédent avait permis de concevoir.
La décadence, dont tout était frappé depuis plus de huit cents ans, trouva enfin son terme. Une
nouvelle activité s'empara de tous les esprits, et les dirigea vers toutes les carrières utiles ; on se livra
avec succès à toutes les branches du commerce et de l'industrie; on s'occupa avec ardeur de la res-
tauration des lettres et de l'amélioration des Beaux-arts.
 
Annotationen