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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0014
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io SCULPTURE.

la théorie de cette partie sublime des arts d'imitation. Socrate leur demandait compte des moyens
qu'ils employaient pour exprimer les passions, et il se plaisait à les éclairer par ses conseils : artiste
lui-même, il modelait la statue des Grâces , en dictant les préceptes de la sagesse. A tant de secours
propres à conduire l'Art à sa perfection, ne craignons point d'ajouter encore ceux que lui offraient
et l'imagination féconde des écrivains, et la richesse, l'harmonie de la langue. Si, chez le peuple
qui parlait cette langue, elle eut tant d'heureux effets sur la musique et sur la littérature, serait-ce
eu porter l'influence trop loin que de létendre, nu moins indirectement, jusqu'aux arts du dessin.
Les accehs qu'elle prêtait à la poésie, échauffaient le génie, aiguisaient la sensibilité des peintres
et des statuaires. Un vers d'Homère a dessiué le sourcil du Jupiter de Phidias : Anacréon, dans les
siens, dévoilait aux peintres les charmes les plus secrets des êtres divins qu'il célébrait sur sa lyre;
leur en retraçait les formes et les attitudes; leur peignait Vénus, la plus belle des mères, caressant
son fils, le plus beau des enfans. Combien il y avait loin de tant d'images enchanteresses, que l'ar-
tiste grec pouvait choisir et varier à son gré, à cette Isis allaitant un bœuf (a), à cet Horus placé sur
les genoux immobiles de sa mère, et à tous ces emblèmes de pure convention, dont la religion dé-
fendait à l'artiste égyptien de pénétrer le mystère, et dont les lois lui prescrivaient, jusque dans
les moindres détails , la froide et monotone répétition !

Où l'Art était ainsi réduit à n'être plus qu'un métier, l'artiste dut nécessairement se voir rabaissé
à la condition d'un artisan. En Egypte, nulle distinction pour lui, et par conséquent nulle ému-
lation : dans celte profession, comme dans toutes les autres, chaque génération, enchaînée sur les
pas de celle qui la précédait, suivait uniformément la carrière que le hasard de la naissance lui
avait assignée. Tandis qu'en Grèce, la plus vive émulation faisait éclore de toutes parts les plus
rares talens. Les honneurs venaient les chercher vivans, et les' suivaient encore après le trépas. Un
bel édifice portait le nom de l'architecte qui l'avait construit, et l'on disait le portique d'Agaptus;
Phidias était chargé de la suprême intendance des monumens dont Périclès embellissait Athènes;
le peintre Nicias avait son tombeau parmi ceux des héros. Les dieux même semblaient prendre
part à cet hommage rendu au mérite des grands artistes : Phidias ma fait, disait Jupiter Olym-
pien (b) ; Oà Praxitèle m'a-t-U vue? s'écriait Vénus. Enfin, pour qu'aucun genre d'illustration ne
manquât aux beaux-arts, c'était dans leur sein qu'étaient nés deux des hommes qui ont fait le plus
d'honneur à l'humanité: Pythagore et Socrate étaient (ils de sculpteurs. La maison du premier devint
un temple; l'autre, après sa mort, obtint des autels.

Tel est le tableau fort abrégé et des encouragemens de toute espèce que la nature, le gouverne-
ment, les mœurs, la religion, offraient en Grèce aux beaux-arts, et des obstacles invincibles que
les mêmes causes leur opposaient en Egypte. Convenons qu'on y trouve une explication suffisante
de ce que les traditions et les monumens semblent nous forcer à reconnaître: chez les Egyptiens,
peuple justement célèbre à d'autres égards,-l'Architecture, avant l'introduction du style grec, con-
tente d'imposer aux hommes et de défier le teins, par la masse et la solidité de ses constructions, n'a
cherché ni la vraie beauté qui nait de la justesse des proportions, ni l'élégance qui résulte du choix
des formes. Chez eux, la Peinture, presque sans exercice et s'élevant à peine à la dignité d'un art, i
fit rien pour le plaisir des hommes, et fit peu pour leur instruction. Chez eux enfin, la Sculpture,
qui appelle ici plus particulièrement notre attention, resta.limitée dans les bornes étroites d'une
représentation toute matérielle, ou le plus souvent énîgmatique : tandis que, chez les Grecs,
bel art, né d'un sentiment délicat et profond, et passant par tous les degrés d'une éducation vrai-
ment philosophique, parvint à une sublimité qui fera l'admiration et le désespoir de toutes les
nations et de tous les siècles.

Je n'ai pas l'intention d'offrir ici nue nomenclature détaillée des grands artistes et des chefs-

ceux i]iii sont gravés daus la liccucii d'antiquités du comte do Cov- exécutd u célèbre statua île Jupiter s

lus, i.uu. 1, pi. iv, oc tom. IV, pi. ]V ci X ; ci patticuliÈrtttucnt celui qui qu'on y avait place* un autel Hédic à lo

sort do vignot» 6 la paga'70 des Osserveuionittoriche sopra alcuni mit consacrera lo l'ois le lieu, l'ouvrogi
Medaglioitt", doBonnrroti; Rome, 1698, iu-4°.
 
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