Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0021
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
INTRODUCTION. 17

l'exception peut-être de ceux qui s'exécutèrent sous celui d'Alexandre Sévère. Deux bustes de cet
empereur, trouves dernièrement, et qui ne sont pas sans mérite, furent, satra doute, le fruit de
l'encouragement qu'il donnait personnellement aux arts. On assure qu'il les cultivait lui-même:
il est certain qu'il prit soin de rassembler de toutes parts des statues d'hommes illustres, pour les
placer dans le forum de Trajan,, et qu'il orna de figures colossales les thermes qui portèrent
son nom.

Depuis ce moment, non seulement rien ne suspendit plus, mais tout accéléra la chute des beaux-
arts, et particulièrement celle de la Sculpture, qui, plus que les deux autres, a besoin du luxe et
de la paix. Pendant un demi-siècle, près de vingt empereurs ne firent pour ainsi dire qu'essayer le
trône impérial ; des tyrans toujours renaissans le leur disputaient, et presque aucun des uns ou des
autres ne mourut de mort naturelle. La décadence alors devint certaine. Elle l'était à la (in du
IIIe siècle; elle fut consommée dès le commencement du IVe. Nous en avons la preuve, dans l'exé-
cution informe des bas-reliefs de ce lems que l'on voit encore sur l'arc de Constantin, et dans les
statues de ce prince, qui ne sont guère d'un meilleur style. Enfin par la translation du siège de
l'empire à Constantinoplc, Rome perdit pour douze siècles le sceptre des beaux-arts.

Dans les tableaux successifs des caractères divers que ces arts reçurent, et des vicissitudes qu'ils
éprouvèrent, chez les quatre peuples de l'antiquité qui les ont cultivés avec le plus de succès, je
me suis principalement attaché à faire sentir l'influence qu'ont exercée, chez ces peuples, les cir-
contanecs naturelles et sur-tout les circonstances politiques (<z). L'effet de ces dernières est telle-
ment marqué chez les Romains, qu'on me permettra de m'y arrêter encore quelques instans.

Éloignés de toute culture des arts dès le berceau de la république, et même pendant plus de
mille ans de travaux que leur coûta l'édifice prodigieux de leur empire, nous les avons vus prendre
presque toujours hors de chez eux les monumens, les professeurs, et même les élèves, particu-
lièrement pour ce qui concerne la Sculpture. Si, parmi les ouvrages qu'ils nous ont transmis,
l'ordonnance de la composition ou le nom de l'auteur semble nous indiquer une origine romaine,
on reconnaît aussitôt l'imitation soit du style étrusque, soit du style grec; et cette imitation n'a
jamais ni le faire ressenti et énergique de l'un, ni le savoir et les grâces de l'autre. Un sentiment
inné ne s'y trouve pas, ou il est froid, dénué de toute franchise originale, et il ne donne ni à l'esprit,
ni à l'œil, le plaisir piquant de l'invention. Les formes ne nous offrent que de simples réminiscences,
des manières empruntées; l'expression est toujours incertaine, jamais naïve. La composition des
bas-reliefs que l'on peut regarder comme romains, est à tous égards moins intéressante que celle
des bas-reliefs grecs; l'exécution en est beaucoup moins fine. Quelques bustes, quelques têtes, de
sculpture romaine, ont sans doute de la beauté, de la grandeur; mais elles sont loin, ou du
sentiment plus que fier des têtes étrusques, ou de la vénusté des tètes grecques : l'agencement des
cheveux et des coiffures n'y a jamais l'élégance attique. La toge des sénateurs, les draperies des
malroues romaines, ont de la gravité; mais sans parler de ce qu'elles étaient à l'Art, en lui cachant
le nud, on n'y trouve ni la noble simplicité des draperies d'une Minerve grecque, ni la magnifi-
cence de celles d'une Junon, ni les grâces de ce voile à travers lequel Praxitèles laissait entrevoir
les charmes de Vénus.

Au surplus, si les Romains ne peuvent entrer en partage de ce tribut d'admiration que les Grecs
ont si bien mérité par leur profond savoir dans l'art de la Sculpture, n'oublions pas qu'ils ont un
droit réel à notre reconnaissance, pour les soins avec lesquels ils ont recueilli et conservé les
productions de leurs maîtres. Sans eux, sans celte quantité de statues et de bas-reliefs dont étaient
ornés les édifices publics comme les plus simples demeures, et que chaque jour voit sortir de leurs

(o)Caylusot Winckelmann, de qui j'ai emprunt, on les généra- l'âge m'eussent permis d'établir mes opinions paniculiùres d'une ma-

lisani, quelques unes des principales observations que jo viens du pré- nière digne du eus deux babilla critiques. Cependant on les reconnaît"!

semer, sur les quatre peuples de l'antiquité" qui méritent le plus d'oc- facilement, et chacun sera libre d'adopter celles qui lui paraîtront pre"-

cupci- la postérité par la manière dont ils ont traita" les arts, différent férablcs. Les âiicusaons polémiques seraient le plus souvent au-dessus

entre eux sur plusieurs points; et j aurai-, peui-èlro usé laisser voir plus de mes loues ; elles ont (uujuurs élé opposées :\ nies ;;.>nis.
clairement en quoi je m'éloign6 de luu Bt do l'autre, si le tenu ut
 
Annotationen