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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0028
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24 SCULPTURE.

géant de présenter un jeune et beau prince à la plus belle femme du monde, aient besoin de

secours pour réussir à les enflammer?

Un autre amour plus respectable et non moins touchant, c'est celui dont le bas-relief, N° ig
rappelle le souvenir; c'est l'amour filial de Zéthus ctd'Amphion pour Antiope. Elle fuit, elle s'éloigne
du roi de Thèbes qui l'avait répudiée, et de Dircé sa rivale qui la maltraitait. Quelle attention douce,
quelle sensibilité naïve et touchante, dans le mouvement des têtes et des mains de ces deux fils
occupés à soutenir, à consoler leur mère! Malheureusement cette expression, partie vraiment su-
blime ciel'Artj qui charme les yeux et pénètre l'âme, s'évanouit dans les descriptions, comme dans
les gravures.

Si les bas-reliefs antiques présentent les meilleurs modèles de compositions allégoriques et d'ex-
pressions sentimentales, leur étude jette aussi de grandes lumières sur les coutumes, ainsi que sur
les opinions et les cérémonies religieuses des anciens.

Nous avons déjà remarqué combien les Etrusques différaient des Grecs et des Romains, dans le
choix des sujets dont ils décoraient les urnes et les sarcophages destinées à recevoir le corps ou la
cendre des morts. Ils employaient presque toujours, dans ce genre de monumens, les images des
furies, celles des génies de la mort, ou celles d'actions belliqueuses et cruelles. Les exemples en sont
nombreux; et le N° 20 est un de ceux qui prouvent qu'aucune circonstance ne pouvait faire renon-
cer à un usage qui tenait au caractère national, puisque sur le tombeau d'une femme, le sculpteur
étrusque a placé la représentation d'un combat à outrance. L'exécution en est aussi énergique que
la pensée '. mais quel contraste entre cette scène terrible et l'image du repos que nous offre la figure
principale, de ce doux repos, de cet oubli des peines de la vie, que les Grecs et les Romains sou-
haitaient à leurs morts, et dont ils reproduisaient les emblèmes sur leurs tombeaux, sous tant de
formes gracieuses !

C'est d'après ces idées qu'a été décorée la magnifique urne de marbre grec, dont le N° 11 présente
une jiartie. Tout y respire le plaisir; tout, comme dans les odes d'A^créon y parle d'amour et de
joie: c'est Baechus escorté des faunes et des satyres, qui trouve Arianne endormie dans l'île de
Naxos, et qui va comtempler ses charmes que l'Amour lui découvre La tète d'Ariadnc parait être
un portrait, et probablement c'est celui de la femme qui venait de quitter la vie. Sous cette image
voluptueuse, l'idée de la mort n'a plus rien de lugubre; elle s'évanouirait même entièrement, si le
sculpteur n'avait satisfait au devoir de l'indiquer sur une urne sépulcrale, en plaçant le sommeil
aux grandes ailes qui secoue ses pavots sur la beauté qui n'est plus. L'ordonnance de cette corn-,
position est riche, mais elle n'est point embarrassée : l'esprit et l'œil en jouissent sans effort.

Le culte de Baechus, source féconde d'images mystiques propres à échauffer le génie des artistes
et celui des poètes, a fort occupé le ciseau et le pinceau des Grecs. On trouve beaucoup d'analogie
entre le sujet du bas-relief, N° i3, et celui d'un vase grec que j'ai inséré, parmi les monumens de
la Peinture, planche I, N" 2, Tous deux nous offrent un beau taureau, caput in se reflexum, que
de jeunes filles, sacrificantes} conduisent à l'autel de Baechus : ou plutôt c'est le Dieu lui-même,
empruntant cette superbe forme ; car la fierté impétueuse du taureau n'inspire aucun effroi aux
dcti\ jeunes Bacchantes placées près de lui, et n'altère point la grâce de leurs mouvemens.

LeN"î4 nous offre encore une scène religieuse; mais celle-ci est paisible comme l'habitant des
champs qu'elle intéresse. Une vache nourrice maigrissait: le propriétaire a recours à la lustration,
cérémonie usitée pour purifier et guérir les animaux. Elle consistait dans l'aspersion de l'eau sacrée
avec une branche d'olivier; deux oies en étaient le salaire. Toute la naïveté du sujet se retrouve
dans la composition de ce petit bas-relief, où le sculpteur a su réunir l'expression vraie de la nature
à l'élégance de l'Art, sans sacrifier l'une à l'autre.

Celui qui suit, N"a5, nous reporte à ces tems héroïques, dont les grands artistes se plaisaient ;'
retracer les faits à leurs concitoyens, pour entretenir dans leurs âmes l'énergie qui caractérisai'
leurs nobles ancêtres. C'est Méléagrc qui, à la tète des princes de la Grèce, poursuit et attaque K
terrible sanglier de Calydon; c'est Atalanté, fille du roi d'Arcadie, qui la première ose joindre le
 
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