DÉCADENCE. 63
Un pinceau large et facile a tracé les figures de ces trois tableaux, sur un fond d'or. L'exécution
en est soignée; le coloris en est agréable, par l'emploi de couleurs légères, rehaussées de blanc
avec assez de goût et d'intelligence.
On »c peut pas dire le même bien du dessin: il est peu correct, sur-tout dans l'espèce de Génie
qui désigne le Crépuscule, figure où l'on ne trouve ni proportions,' ni articulations.
Ainsi, tandis que la composition, tandis (pie les formes principales des figures, celles des drape-
ries, et le coloris même, peuvent obtenir encore quelques éloges, les détails du dessin sont loin de
ce mérite; c'est par-là que l'Art nous échappe.
Afin que ces pertes se présentent à nos yeux d'une manière plus sensible, dans l'Ecole Grecque PI. xlvji.
et l'Ecole Latine tout à la fois, au passage du X" au XIe siècle, j'en ai réuni sur la planche XLVII Min&tmw tiriwda
plusieurs exemples, puisés dans chacune des deux Ecoles.
Dans la partie supérieure, sont gravées des images empruntées de deux manuscrits latins du Xe
siècle. Les poses et les expressions des princes qui paraissent discourir, n'ont rien d'heureux, non
plus que le dessin du nu; les draperies n'ont d'autre mérite que de nous montrer les costumes
d'alors. Toutes ces parties de l'Art néanmoins se dégraderont encore davantage, ainsi que nous le
verrons dans les peintures latines des deux siècles suivans.
Les peintures de l'Ecole Grecque, qu'on voit dans la partie inférieure de la planche, conservent
l'espèce de supériorité qui a toujours distingué cette Ecole-
Une composition raisonnable, N° 6, représente l'assemblée des apôtres attendant la venue de
l'Esprit-Saint.
Une autre, N° 4 , nous montre l'empereur Basile II, célèbre au Xe siècle par ses victoires, rece-
vant la bénédiction du ciel et les hommages de la terre. Sa figure en pied, gravée en grand, N" 5,
ne manque pas de majesté, encore qu'un peu barbare.
Les deux figures d'évangélistes, N" 7 et S, et sur-tout celle de S'Mathieu, peinte sur un fond d'or,
sont dessinées, quant aux draperies et même au geste, avec une correction, on pourrait dire une
sorte de finesse, qui ne s'est plus retrouvée depuis ce moment, tant que la décadence a duré.
duXeau XIe siècle.
XI« sîÈcie.
Malgré mon désir de conduire ainsi le lecteur pas à pas sur la route où l'Art se précipite de plus pi. xi.vur.
en plus, j'ai souvent occasion de regretter que les monumens ne s'offrent pas à moi dans une suite Ol1*-1™»»™ de. chi-
1 i. .. . . rurçie, miniatures ti-
assez graduée. Souvent les nuances se confondent par l'intercalalion de pièces d'un style supérieur riîes d'un manuscrit
ou inférieur à l'époque à laquelle elles sont appliquées.
Ces inconvéniens ont leur source dans plusieurs circonstances que je prie le lecteur de ne pas
perdre de vue en parcourant cet ouvrage.
Les peintures des manuscrits sont dues, ainsi que je l'ai dit, à deux espèces d'artistes, aux pein-
tres de profession, et aux calligraphes qui se mêlaient de peindre. On sent quelle différence il doit
y avoir entre les travaux des uns et ceux des autres. Ou sent aussi combien les talens peuvent avoir
été différens entre des artistes d'un même pays et d'un même teins. Nuîlo unquam tempore deside-
ratï sunt periti atque imperiti artifices, a dit Muratori, en parlant des différences que l'on remarque
dans les caractères des inscriptions antiques, quoique d'une même époque; et le savant auteur de
l'ouvrage qui a pour titre, Attiemonumenti de fratelli Aivali, appuie cette observation par beau-
coup d'autres semblables, dans le Proemiû de ce trésor d'érudition, page xxxvi. A plus forte rai-
son doit-il exister des différences entre le style des artistes de la capitale d'un royaume, chef-lieu de
l'Ecole, et celui des maîtres qui habitent les provinces, et qui forment des Ecoles qu'on peut appe-
ler Secondaires (a).
(«) Ou pem da.wer parmi ces ouvrage*, que je suppose appartenir avec dw ta in dires d'un usnyc peu commun, et employé* seulement
h tics école* secondaires, des manuscrits exécutes dans des langues nu dans ipielipies < omîtes pal ticnlièies Tel est le manuscrit, en lanfiue
Un pinceau large et facile a tracé les figures de ces trois tableaux, sur un fond d'or. L'exécution
en est soignée; le coloris en est agréable, par l'emploi de couleurs légères, rehaussées de blanc
avec assez de goût et d'intelligence.
On »c peut pas dire le même bien du dessin: il est peu correct, sur-tout dans l'espèce de Génie
qui désigne le Crépuscule, figure où l'on ne trouve ni proportions,' ni articulations.
Ainsi, tandis que la composition, tandis (pie les formes principales des figures, celles des drape-
ries, et le coloris même, peuvent obtenir encore quelques éloges, les détails du dessin sont loin de
ce mérite; c'est par-là que l'Art nous échappe.
Afin que ces pertes se présentent à nos yeux d'une manière plus sensible, dans l'Ecole Grecque PI. xlvji.
et l'Ecole Latine tout à la fois, au passage du X" au XIe siècle, j'en ai réuni sur la planche XLVII Min&tmw tiriwda
plusieurs exemples, puisés dans chacune des deux Ecoles.
Dans la partie supérieure, sont gravées des images empruntées de deux manuscrits latins du Xe
siècle. Les poses et les expressions des princes qui paraissent discourir, n'ont rien d'heureux, non
plus que le dessin du nu; les draperies n'ont d'autre mérite que de nous montrer les costumes
d'alors. Toutes ces parties de l'Art néanmoins se dégraderont encore davantage, ainsi que nous le
verrons dans les peintures latines des deux siècles suivans.
Les peintures de l'Ecole Grecque, qu'on voit dans la partie inférieure de la planche, conservent
l'espèce de supériorité qui a toujours distingué cette Ecole-
Une composition raisonnable, N° 6, représente l'assemblée des apôtres attendant la venue de
l'Esprit-Saint.
Une autre, N° 4 , nous montre l'empereur Basile II, célèbre au Xe siècle par ses victoires, rece-
vant la bénédiction du ciel et les hommages de la terre. Sa figure en pied, gravée en grand, N" 5,
ne manque pas de majesté, encore qu'un peu barbare.
Les deux figures d'évangélistes, N" 7 et S, et sur-tout celle de S'Mathieu, peinte sur un fond d'or,
sont dessinées, quant aux draperies et même au geste, avec une correction, on pourrait dire une
sorte de finesse, qui ne s'est plus retrouvée depuis ce moment, tant que la décadence a duré.
duXeau XIe siècle.
XI« sîÈcie.
Malgré mon désir de conduire ainsi le lecteur pas à pas sur la route où l'Art se précipite de plus pi. xi.vur.
en plus, j'ai souvent occasion de regretter que les monumens ne s'offrent pas à moi dans une suite Ol1*-1™»»™ de. chi-
1 i. .. . . rurçie, miniatures ti-
assez graduée. Souvent les nuances se confondent par l'intercalalion de pièces d'un style supérieur riîes d'un manuscrit
ou inférieur à l'époque à laquelle elles sont appliquées.
Ces inconvéniens ont leur source dans plusieurs circonstances que je prie le lecteur de ne pas
perdre de vue en parcourant cet ouvrage.
Les peintures des manuscrits sont dues, ainsi que je l'ai dit, à deux espèces d'artistes, aux pein-
tres de profession, et aux calligraphes qui se mêlaient de peindre. On sent quelle différence il doit
y avoir entre les travaux des uns et ceux des autres. Ou sent aussi combien les talens peuvent avoir
été différens entre des artistes d'un même pays et d'un même teins. Nuîlo unquam tempore deside-
ratï sunt periti atque imperiti artifices, a dit Muratori, en parlant des différences que l'on remarque
dans les caractères des inscriptions antiques, quoique d'une même époque; et le savant auteur de
l'ouvrage qui a pour titre, Attiemonumenti de fratelli Aivali, appuie cette observation par beau-
coup d'autres semblables, dans le Proemiû de ce trésor d'érudition, page xxxvi. A plus forte rai-
son doit-il exister des différences entre le style des artistes de la capitale d'un royaume, chef-lieu de
l'Ecole, et celui des maîtres qui habitent les provinces, et qui forment des Ecoles qu'on peut appe-
ler Secondaires (a).
(«) Ou pem da.wer parmi ces ouvrage*, que je suppose appartenir avec dw ta in dires d'un usnyc peu commun, et employé* seulement
h tics école* secondaires, des manuscrits exécutes dans des langues nu dans ipielipies < omîtes pal ticnlièies Tel est le manuscrit, en lanfiue