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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0297
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RENOUVELLEMENT. i95

variété infinie. Par-tout les attitudes plaisent par d'heureux contrastes. Les têtes, plutôt inclinées
que droites, sont toujours ornées de beaux cheveux, dont le désordre ou la molle négligence n'an-
noncent ni l'art, ni la peine. Que de vie et d'esprit dans les mouvemens des yeux et de la bouche !
Quel peintre a su faire si bien concourir ces traits à produire le rire charmant dont il embellit
des ligures enfantines? Que de grâce dans les mains et dans les bras qui par des inflexions circulai-
res, semblent couronner ce qu'ils touchent !

La première partie de la planche CCIÏ, gravée d'après des peintures long-tems inconnues, offre
une multitude d'exemples de cette grâce dans des ligures d'enfant singulièrement variées quant aux
formes et aux attitudes.

Le génie du Corrège se montre encore plus fécond et plus étonnant dans la coupole de la cathé-
drale de Parme. On sait que le sujet est l'assomption de la Vierge. J'en donne, sur la planche CCIII,
la partie principale. Cette partie suffira pour rappeler toutes les autres; et si, d'un autre côté, on
veut examiner avec attention la gravure en quinze feuilles que le peintre J. B. Yanni en a faite, on
reconnaîtra que le mérite de concevoir dans son ensemble et dans ses détails une si vaste machine,
de dessiner dans de justes proportions tant de figures colossales, d'établir convenablement les effets
du clair-obscur dans toute l'étendue de la scène, de captiver enfin les regards par l'éclat et l'harmo-
nie du coloris, n'est pas le propre d'un esprit ordinaire. Cette peinture est daus son genre un mo-
dèle qui n'a jamais été égalé, quoiqu'on en ait souvent entrepris de semblables dans les dômes des
églises. Le Corrège a traité son sujet avec toute la dignité qu'il exigeait et avec une richesse qui
étonne l'imagination. Au-dessus des nuées, uue multitude d'auges, vus dans des raccourcis qui se
varient â l'infini saus altérer jamais la beauté des formes, composent un trône immense, sur lequel
la Vierge fait son entrée triomphale dans un ciel resplendissant de la plus vive lumière.

On ne peut se lasser d'admirer avec quel artifice les autres groupes qui remplissent aussi de larges
espaces, se prétuni .ms effets du clair-obscur. Liés l'un à l'autre par les reflets les plus heureux, sou-
tenus par de grandes masses d'ombres, ils ajoutent au relief et à l'harmonie des couleurs cette
grâce idéale à laquelle le Corrège subordonnait tout, même l'expression qu'il ne voulait obtenir
que d'elle.

A une connaissance profonde du clair-obscur, ce peintre unissait le dessin le plus hardi. Eh, com-
ment quaud on considère les figures colossales de cette coupole, quand on les voit dessinées d'un
crayon si facile et si assuré, comment ne pas se persuader, quoiqu'on eu ait dit, que le Corrège
avait vu Rome, et qu'il y avait fait même quelques éludes d'après l'antique (a) ?

La seconde partie de la planche CCU est occupée par des sujets mythologiques où l'on retrouve
des formes véritablement grecques.

Une preuve plus forte encore à mes yeux, que ce peintre connaissait les principes des maîtres de
l'antiquité, ou, ce qui ne l'honorerait pas moins, qu'il avait été aussi richement doté par la nature,
c'est qu'il a estimé comme eux que le véritable but de l'Art est de plaire, et qu'il y a toujours réussi.
Ce n'est pas seulement dans les plafonds qu'il nous fait juger de cette disposition particulière de son
esprit: c'est daus ses productions les moins étendues, comme dans les plus vastes.

Fidèle à son pinceau, la grâce embellit tous ses personnages de l'un et de l'autre sexe, dans tous les
âges, dans toutes les situations ; elle accompagne même les êtres inanimés qu'il place dans ses tableaux.

On ne connaît tout ce que la nature a de charmes, et tout ce que l'Art lui eu peut dérober, que
lorsqu'on a vu les tableaux du Corrège.

11 a traité rarement, mais avec succès, l'allégorie morale, et toujours très heureusement les sujets
de la fable.

(a) I.e père ïlesia, daus la notice intitulât: Parnasso tic Pîitori, oié frappé dans quelques uusilcs ouvrages àe cemattre. Il eitainioMio-

aasurc posséder uu dessin qu'il croit Tait à Home, par le Corrège, d'à- ment les bas-reliefs peints à l'imitation dit sine, qu'il avait vus dans le

près une des peintures do Raphaël, au Vatittiu, et il réunit plusieurs monastère de S' Paul, ù l'aime, et dont les sujets parais".'"' pour la

lémoiguagos qui semblent prouver que eei ai [iste lit doux voyages d.ins plupart empruntes do l'antique. Voyez la planche CCI', et I esplica-

cetle ville. Mengs était persuadé do ce fait avec d'autant plus du l'onde- tion que j'en ai donnée, à la page 174 do la TbW*''m plttnehM do

ment, qu'il en jugeait par l'empreinte dusiylo del'auiiquedoutdavait peinture.
 
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