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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0299
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RENOUVELLEMENT. 197

Par une fatalité commune â trois des illustres peintres auxquels les modernes ont le plus d'obli-
gations, leur vie a été très courte. Masaccio mourut à quarante-deux ans, Raphaël à trente-sept,
le Corrègc à quarante. Serait-ce trop hasarder que d'attribuer cette mort prématurée à la délicatesse
d'organes qui fut la source de leurs rares taleus?

Le Titien a autant apporté de perfection dans le coloris, que le Corrège dans le clair-obscur. Mais
eu convenant de ce que ces deux parties brillantes, qui se tiennent de si près, doivent au génie de
l'un et de l'autre, ne doit-on pas reconnaître aussi dans l'excellence où ils les ont portées l'influence
du caractère physique des contrées où ils vivaient et des qualités morales de leurs hahitans?

La nature, féconde, ingénieuse, et sage,
Par ses dons partagés ornant cet univers,
Parle à tous les humains, mais sur des tons divers.

La question de l'influence des climats , si souvent agitée, peut très justement s'appliquer non seu-
lement à ce qui concerne le coloris, mais encore à toutes les parties constitutives de la Peinture, et
à toutes les-Ecoles.

Celle de Rome, fondée sur un sol toujours empreint de la grandeur des Césars, au sein des monu-
mens de la Sculpture et de la Peinture antiques, a formé son style sur ces précieux modèles, au
tems de Raphaël et de Jules Romain. Ce style est celui qui convient éminemment à l'histoire; il est
noble dans l'ordonnance, correct et grandiose dans les formes. L'artifice du coloris qui dissimule
souvent tant de défauts dans les autres Ecoles, ne distrait point l'attention dans celle-ci de ce
qu'elle doit à la composition, à l'expression, au dessin. Les draperies, mieux imitées de l'antique
dans les sujets profanes, ou empruntées, dans les sujets religieux, des pompeux vètemens et des
majestueuses cérémonies d'une cour ecclésiastique, rappellent la gravité des sénateurs et des magis-
trats de l'ancicnno JRorac. Les habîtans de cette ville en général, et sur-tout les femmes, offrent
encore dans leur maintien des restes de ces anti<juco habitudes.

Le style de l'Ecole de Florence, quoique les mêmes causes aient dû s'y faire ressentir moins
puissamment, en a encore éprouvé quelques effets. La Toscane reçut originairement des colonies
grecques, mais elle fut peuplée principalement par les Etrusques, hommes de mœurs austères. L'Art
se conforma chez eux aux formes plus que sévères de leurs lois et de leur culte. Dans le cours du
moyen âge, dans le XIIe, le XIIT, le XVe siècle, la communication des Toscans avec les Orientaux
et les Grecs leur prêta un aspect grave, un costume sage, qui convenaient â l'esprit de leur gou-
vernement républicain. Les productions des beaux-arts reçurent l'empreinte des mœurs publiques.
Bientôt les Médicis offrirent à la curiosité de leurs concitoyens de riches collections de modèles
antiques; et Michel-Ange enfin, ce génie mâle et profond, Ayant ajouté à l'autorité de ces chefs-d'œu-
vre celui de ses propres exemples, toutes ces circonstances ont inspiré aux maîtres toscans le goût
des compositions sages et raisonuées , et leur ont fait adopter une manière qui tire sou mérite de la
correction du dessin, plus que de la facilité du pinceau et des charmes de la couleur-

L'Ecole de Bologne, plus tardive-dans ses succès, et placée entre Rome et Venise, ne posséda au
premier moment de la renaissance, c'est-à-dire à la fin du XII" siècle, que quelques uns des misé-
rables peintres grecs répandus alors dans l'Italie. Maïs cette ville illustre qui, dès le XÏII= siècle, et
sur-tout au XIVe, devint le berceau et le siège des sciences et des lettres (Bonoriia docebat), vit dès
cette époque se répandre parmi ses hahitans, avec la connaissance des auteurs sacres et profanes,
les principes et la pratique de la peinture; et ses premiers artistes cherchèrent dans les écrits des
anciens le sujet d'une foule de compositions historiques, tantôt profanes et tantôt religieuses. Quel-
ques uns des élèves de cette Ecole se portèrent à Florence et à Rome, et puisèrent d'utiles leçons

aux peinturas du Corrè(;c par le jugement îles plus grands maîtres des vcmcnt atteindre à des beauté qu'ils croyaient inimitnW". AonîW
siècles précéder!», il ne saurait être inutile ù l'instruction des jeunes exprime ce sentiment dans des lettrotqu'il écrivait de Homo û se

artistes de loue dire ce que des juyes aussi éclairés en ont pensé. On sin Louia, en i58o, et qui sont insérées Aaa%\i^ Lettttv Pittonche t
peut consulter à cet égard Vasarî, dans sa fie du Corrige. Iais Car- wra> it p™, 05, 89.
radie particulièrement lAont admirées, étudiées, et iU désiraient vi-

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