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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0302
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2oo PEINTURE.

perfection; je veux parler de celui qui représente le martyre de S' Etienne, religieux dominicain

qu'on voit à Venise, dans l'église de S' Jean et S' Paul, et que je donne sur la planche CCII1.

Trois figures remplissent le vaste champ de ce tableau, et leur disposition présente une ordon-
nance parfaite.

A rentrée d'une épaisse forêt, S' Pierre est poursuivi et déjà renversé par un assassin. Son com-
pagnon blessé prend la fuite ; l'épouvante précipite ses pas. L'active férocité du brigand qui va frap.
per S' Pierre, la tranquillité douce de ce saint personnage qui attend la mort sans la craindre, tous
ces sentimens sont rendus avec une juste expression. La figure principale est sublime. L'un des
bras du martyr est élevé; l'autre tombe comme le reste du corps, non sans vie, mais sans mouve-
ment. Eh, pourquoi la victime s'agiterait-eUe? Sa résignation est entière; on voit dans son regard
qu'elle fait au ciel l'offrande de sa vie. Jamais scène si touchante n'a été retracée avec des moyens si
simples; mais tout est juste, et tout va au but. Si Titien eût produit beaucoup de tableaux égaux
à celui-ci, il se serait placé à côté de Raphaël.

La célébrité que tant et de si beaux ouvrages lui firent acquérir, lui valut les éloges des poètes
et des autres écrivains les plus illustres de son tems.

L'Àrioste, qui chanta les charmes d'Alcinc et d'Angélique, comme Titien peignit la beauté de
.Vénus et de Dauaé, allait souvent visiter cet artiste à Ferrare, et il lui rend hommage dans son
poème, aiusi qu'à Michel-Ange et à Raphaël.

L'éducation distinguée que le Titien avait reçue, sa courtoisie, ses manières nobles, le talent
dont il était doué d'imiter la figure humaine avec autant de charme que de vérité, le firent extrê-
mement rechercher pour les portraits. 11 exécuta ceux d'un grand nombre de souverains, et fit plu-
sieurs fois celui de Charles-Quint. Ce prince n'accorda la permission de le peindre qu'à lui seul.
Les femmes.célèbres par leur beauté, les littérateurs illustres, les rois, les grands hommes dans
tous les genres, croyaiont nrcroUre leur gloire s'il traçait leur image; et en. effet.ces poztfraits mul-
tipliés ensuite par la gravure, contribuent à porter ■:. l'immortalité le souvenir de leurs modèles.

Il retira lui-même une grande instruction du travail du portrait. La nécessité de considérer atten-
tivement, pour arriver à une ressemblance exacte, les contours de chaque trait, les apparences exté-
rieures des chairs, et la variété des tons ou des demi-teintes , que les sinuosités du dessous produisent
au-dchors, le conduisit probablement à découvrir le secret de ce merveilleux appareil de la nature.

Le Titien enfin éleva la science et la pratique du coloris jusqu'aux beautés de l'idéal; et c'est là
l'inappréciable service que l'Art a reçu de lui dans son renouvellement.

Ainsi, je le répète, quand Raphaël et Michel-Ange curent porté au plus haut degré les parties
fondamentales de la Peinture, le Corrège et le Titien eu complétèrent la perfection, l'un eu lui
prêtant toute la magie du clair-obscur, l'autre tous les charmes du coloris (a). Telle Vénus parée à
sa naissance d'une beauté divine, appelle encore les Grâces, pour tresser ses cheveux et nouer sa
ceinture (b).

(a) Pline dit, d'après Amigone et Xénocralc, qui avaient écrit sur b du coloris et du clair-obscur, cl de l'autre, que les trois grands maîtres

Peinture, que l'arrhasius posséda au plus haut degré le rare talent de modernes dont il s'agit, sans avoir eu les anciens pour modèles, ont

peindre les extrémités tournantes des corps, et do les arrondir de ma- mis eu pratique ce principe fondamental et en ont obtenu des effets

nicre à indiquer quelque chose sur une lace opposée, cxtrvma corpo- merveilleux, et qu'ils méritent au moins le litre de restaurateurs, si ce

ruinj'accrcj cl dcsiiiciitù ficturtv modum inclttdere, ele. ; lili. xssv, n'est celui d'inventeurs, dans celle partie importante de l'Art,
cap. 10. (£) Telle aussi une imprudente mortelle croit compléter sa parure,

Zonelli, Pittura Vcncziana, pag, yo, attribua lo môme mente au et se flaue de s'embellir, en mêlant à la fraîcheur de son teint des COU-

Giorgion ; aGîorgîono comintib b rendare più dolci i contorai délie leurs factices.

«figure, cosl ehc s'iniendcsse ebe si pue nndarci d'intorno, cil in tal Apulée raconte (liv. vi ) que Psyché, persuadée qu'elle trouverait

« modo essi contorpi terminusscro ebe fucessero vederc in un certo mo- dans la boite que Vénus lui avait ordonne de demander à Proscrpine,

ii do quel ebe dopo di se nascondearsi. u de nouveaux charmes propres à ramener son amant, n'y puisa au con-

Mengs a justement accordé de semblables éloges au Corrège, et il a traire qu'un soporifique, qui engourdit profondément ses membres.
£"t remarquer combien le clair-obscur contribue sur ce point a l'effet La Peinture eut le même sort on sortant des mains du CÔrrfejje

llu ^wiu- et du Titien, Chaque peintre crut pouvoir obtenir les succès de ces

Si &uç „„ rflmi, a ce passflGC dfl pljn0j sol[ ÏU.0B k rusaeropporler grands maîtres, eu cherchant leur coloris et leur cl.m-ol.-cur, si difll-

au dessin vt ;m Mioris tllseL11b|e, ou à l'un, ou h l'autre séparément, ciles à imiter. Il ne s'agissait, suivant eux, que do copier les couleur*

avec ce que t-mcni ei Mengs, artistes tous deux, disent du Giorgiou dont la nature peint chaque objet, ci d'employer alternaliveineui ta

et du Corrège, et «ecce qu'on peut affirmer de semblable du Titien, lumière et les ombres. Mais la palette de ces d«o* lil:""ls maître* do-

.1 sera évident, d'un cote, que les peintres do l'antiquité, n'ont pas vint pour un nombre infini de leurs successeurs la botte de Paudore :

ignoré, comme on les ou a souvent accusés, un des principes essentiels il en naquit mille défauts, L'affectation, In manière, des compositions
 
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