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Van Hasselt, André Henri Constant; Jamar, Alexandre [Oth.]
Biographie nationale: vie des hommes et des femmes illustres de la Belgique, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours (Première Partie): Souverains, hommes politiques, guerriers, missionnaires, saints, évêques, etc. — Bruxelles: Alexandre Jamar, éditeur, 1856

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https://doi.org/10.11588/diglit.53598#0202
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BIOGRAPHIE NATIONALE

maison de Luxembourg, Jean fut le premier des quatre rois que cette illustre lignée
donna à la Bohême. Ce royaume était livré depuis quatre ans à toute sorte de déchire-
ments intérieurs. Le dernier souverain de la dynastie des Prémyslides, Wences-
las III, ayant été assassiné à Olmutz le 4 août 1306, sans laisser d’héritier direct, on
vit trois prétendants se disputer tour à tour sa couronne : d’une part, son beau-frère
Henri de Carinthie, de l’autre Rodolphe et Frédéric, fils d’Albert d’Autriche. Les
luttes sanglantes auxquelles ces prétentions donnèrent lieu déterminèrent enfin.,
en 1310, les seigneurs de Bohême à asseoir sur le trône si vivement disputé Élisa-
beth, sœur puînée de Wenceslas III, et à lui chercher un époux. En effet, le
10 juillet de la même année, une ambassade, composée de douze membres dont trois
du clergé, trois de la noblesse et six de la bourgeoisie, se présenta à Francfort
devant la diète de l’Empire pour offrir au fils de Henri VII la couronne de Bohême et
la main de la princesse Élisabeth. Rien ne pouvait flatter davantage l’orgueil que ce
souverain mettait dans son héritier et l’ambition qu’il avait pour lui-même. Aussi la
journée du 31 août suivant fut-elle témoin d’une de ces grandioses solennités que le
moyen âge donnait pour accompagnement à tous les actes importants de la vie poli-
tique. Un trône splendide était dressé devant le porche de la cathédrale de Spire,
Henri VII y était assis, revêtu des insignes de sa majesté, et auprès de lui se tenaient
tous les électeurs de l’Empire, outre un nombre considérable de seigneurs bardés de
fer et de prélats couverts de chapes d’or. Ce fut dans cet attirail et en présence de
ces témoins qu’après avoir prononcé la déchéance de Henri de Carinthie, il conféra à
son propre fils, selon le formulaire féodal, l’investiture du royaume de Bohême et des
territoires qui en relevaient. Le même jour l’archevêque de Cologne fiança les jeunes
époux, et le lendemain celui de Mayence bénit leur union. Puis ce furent des festins,
des tournois et toutes ces fêtes chevaleresques sans lesquelles les pompes de la sou-
veraineté n’étaient pas regardées comme complètes. Ces réjouissances se prolongèrent
jusqu’au 10 septembre. Alors l’Empereur partit avec toute sa famille pour Colmar:
et, onze jours plus tard, accompagné de l’impératrice, il se dirigea avec deux mille
chevaux vers l’Italie, où Rome le vit couronner empereur le 29 juin 1312 et où il
mourut le 24 août de l’année suivante '. Pendant que le père gagnait les Alpes pour
aller continuer la grande lutte des Gibelins contre les Guelfes, le fils prit le chemin
de la Bohême avec une armée plus nombreuse; car il lui fallait conquérir de fait le
royaume que l’investiture ne lui avait assuré qu’en droit.
C’était à coup sûr un spectacle étrange à voir que ce jeune roi de quatorze ans et
cette jeune reine qui en comptait à peine dix-huit, marchant au-devant des passions
et des haines auxquelles la Bohême était en proie. A la vérité, Henri VII avait adjoint
à son fils, pour le temps que devait encore durer sa minorité, un conseil de régence
composé de Pierre d’Aspelt, archevêque de Mayence, et de Berthold, comte de
1 Selon quelques historiens, il succomba au poison à Buenconvento, en Toscane. On voit encore
son mausolée dans la cathédrale de Pise. Ce prince, que Dante appelle le grand Henri et à qui il
promet une place dans le séjour des élus (Paradiso, XXX, 133), avait été précédé dans la tombe
par sa femme Marguerite de Brabant. Devenue malade pendant le siège de la ville de Brescia,
devant laquelle l’héroïque Waleram de Luxembourg, frère de Henri VIL fut tué, elle mourut à Gênes
le 11 décembre 1311.
 
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