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Van Hasselt, André Henri Constant; Jamar, Alexandre [Bearb.]
Biographie nationale: vie des hommes et des femmes illustres de la Belgique, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours (Première Partie): Souverains, hommes politiques, guerriers, missionnaires, saints, évêques, etc. — Bruxelles: Alexandre Jamar, éditeur, 1856

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https://doi.org/10.11588/diglit.53598#0470
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362

BIOGRAPHIE NATIONALE.

documents certains sur l’introduction de l’Évangile en Belgique nous laisse dans une
complète ignorance à cet égard; de l’autre, les légendes pieuses, écrites beaucoup
plus tard et fondées en grande partie sur des traditions et des souvenirs altérés par
le temps, ne peuvent donner lieu qu’à des assertions hasardées dont l’histoire ne
s’accommode point; enfin, en s’appuyant sur des textes irrécusables, mais mal inter-
prétés, certains écrivains ont voulu établir des faits qui ne résistent réellement pas
à un examen sérieux. Ainsi, quand le savant Baronius et d’autres avancent, d’après la
lettre de ces légendes, que saint Pierre lui-même désigna saintValère, saint Euchère
et saint Materne pour prêcher l’Évangile dans nos contrées, et que ce dernier fonda
le siège épiscopal de Tongres, il parait évident à d’autres hagiographes très-doctes
que ces faits sont bien postérieurs au 1er siècle de notre ère, et qu’ils reposent sim-
plement sur la fausse interprétation d’un texte où, par une figure de style, les mots
envoyés ou disciples de saint Pierre ont été employés pour envoyés par le siège
apostolique dont il fut le fondateur
Cependant on ne saurait douter que, dès les deux premiers siècles, la parole évan-
gélique n’ait pénétré çà et là dans nos provinces avec les légions romaines qui cam-
paient dans la Germanie inférieure et servaient à former le long du Rhin une bar-
rière contre les barbares. Du moins plusieurs pierres tumulaires, trouvées dans cette
partie de l’ancienne Belgique et ornées de symboles évidemment chrétiens, autori-
seraient cette conjecture, si la nature même des choses ne la rendait pas probable 1 2.
Quoi qu’il en soit, la propagation de la Bonne Nouvelle parmi la population belge
a dû être fort difficile. Dans le midi et dans le centre de la Gaule, le principe spiri-
tualiste qui formait la base de la religion druidique, et surtout le dogme de l’immorta-
lité de lame et celui de la rémunération du bien et du mal qui constituaient un de
ses enseignements, offraient naturellement à la doctrine du Christ un terrain tout
prêt à en recevoir les semences. Aussi a-t-on dit avec quelque raison que les druides
furent les premiers apôtres de la Gaule. Il n’en était pas de même dans les provinces
habitées par nos ancêtres. Là, en effet, la race gauloise avait été profondément alté-
rée par l’intrusion non interrompue des clans germaniques qui, depuis le règne de
l’empereur Auguste, avaient été transplantés en deçà du Rhin , soit volontairement,
soit de vive force. Chez eux prévalaient d’autres idées religieuses, c’est-à-dire le
dogme odinique, qui, après avoir eu, à son origine, un caractère entièrement cosmo-
gonique et une morale où l’idée de la rémunération occupait une place, était dégénéré
en un panthéisme farouche. Il était devenu la consécration de la violence et la glo-
rification de la guerre; il faisait son eau lustrale du sang des victimes humaines; il
flattait tout ce qu’il y a de plus brutal au fond des cœurs; il ne réservait les délices
du ciel et ne promettait le sourire des valkyries qu’aux guerriers morts sur le champ
de bataille. On comprend aisément qu’une religion de paix et de charité ne dut guère
avoir de prise sur des intelligences obscurcies à ce point. Aussi l’histoire nous
montre-t-elle la Gaule méridionale et centrale acceptant l’Évangile longtemps avant
qu’il n’en fût question dans nos contrées. Sans doute, ici se rencontra plus d’un chré-
1 Telle est l’opinion des Bollandistes. Act. SS. I, p. 77.
2 V. Leksch, Central-Museum rheinlândischer Inschriften, 111, passim
 
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