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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0307
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29() RÉSUMÉ HISTOKIQliK.

a engagé à terminer par un résumé historique notre travail sur
les meubles. Depuis le commencement du siècle, les gens de
lettres et les artistes ont cherché à donner à leurs travaux histo-
riques un cachet de vérité, ce qu'on appelait, il y a vingt ans, la
couleur locale. Jusqu'alors, sur le théâtre, dans les peintures, on
attachait peu d'importance à la reproduction fidèle des habitudes,
des vêtements, des objets que l'on représentait ; c'était peut-être,
au point de vue de l'art, un avantage, et personne ne songe à
blâmer le Titien d'avoir entouré la Vierge présentée au temple de
personnages en costume vénitien du xvie siècle. Le Cid, vêtu comme
un seigneur du temps de Louis XIV, et les Horaces, coiffés d'une
grande perruque , n'ôtaient rien à la qualité des chefs-d'œuvre de
Corneille. Mais le jour où les acteurs, aussi bien que les peintres, se
sont mis à vouloir exprimer les passions et les sentiments des
hommes, en même temps qu'ils les représentaient sous leur forme
réelle, qu'ils se sont attachés à reproduire fidèlement leur entou-
rage, leurs habitudes du moment, le public est devenu bientôt
exigeant : il a discuté le costume, il a relevé les erreurs ; il s'est»
mis à siffler sans miséricorde les anachronisme s. C'est un malheur :
l'art, à proprement parler, n'a rien à faire de cette friperie ; ce n'en
est pas moins un fait auquel il faut se soumettre de bonne grâce. Si
l'on représentait aujourd'hui sur la scène Du Guesclin en uniforme
de général, avec le tricorne, les épaulettes et la culotte blanche, le
drame, fût-il un chef-d'œuvre, serait hué impitoyablement dès le
lever du rideau. Ce que nous tolérons dans les œuvres des artistes
passés, nous ne l'admettons plus chez les nôtres ; si nous ne trou-
vons pas mauvais que Lebrun ait donné à Alexandre le vêtement
d'un romain de carnaval, nous ne permettrions pas cette licence à
nos peintres. Grâce aux études classiques, ceux-ci connaissent assez
bien les vêtements, les meubles, les ustensiles de l'antiquité ; depuis
quelques années particulièrement, plusieurs d'entre eux affectent
même une sévérité d'observation, une fidélité dans la reproduc- '
tion de la forme extérieure qui passent, à tort ou à raison, pour
une qualité aux yeux du public. Quant à ce qui est du moyen
âge, nous ne sommes pas aussi avancés, et nous voyons, tous
les ans, quantité de tableaux à sujets historiques, où l'on pour-
rait signaler de singulières bévues. Telles, par exemple, que si
l'on représentait sur une même toile une scène dans laquelle les
personnages seraient vêtus, qui en marquise du temps de
Louis XV, qui en officier de dragons de l'Empire, qui en maire de
noire temps, qui en conseiller au parlement du dernier siècle;
 
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