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https://doi.org/10.11588/diglit.1719#0011
PREFACE.
a esté basty dés ce temps-là au Louvre, est encore apresènt le modèle le plus
accombly que Ton puisse choisir pour la belle Architecture.
Cette préférence si honorable à nos Architectes releva tellement le courage
de tous ceux de la Nation qui se trouvèrent avoir quelque disjposition pour l'Ar-
chitecture , &: les porta à s'apliquer avec tant de soin à la recherche des secrets de
cet Art, qu'ils acquirent assez de suffisance pour aller sê faire admirer jusques dans
Rome, où ils firent des ouvrages que les Italiens mesmes reconnoisïènt estre des r*fa i«>s[*
chefs-d'oeuvres dignes de servir de Règle aux plus sçavans. Pre^ce'
Ce fut cette suffisance qui fit que le Roy d'Espagne Philippe 11 sê servit d'un &*p ** f«**
Architecte François pour son grand Bastiment de l'Escurial 5 &C qui fit que la '
Reine Catherine de Medicis n'employa que des François pour l'ordonnance ÔC
pour l'exécution du superbe Edifice de son Palais des Thuilleries : car la con-
noisîance profonde que cette Princessc Italienne avoit des beaux Arts, & prin-
cipalement de l'Architecture Iuy fit voir tant de capacité dans les deux Archite- Phu.dtLome.
ctes qu'elle choisit ; qu elle crut n'en pouvoir pas trouver de plus habiles dans **&&»*•
toute l'Italie.
A son exemple la Reine Marie de Medicis prit en France le grand Architecte iaapusdeBrof-
qui ordonna son incomparable Palais de Luxembourg ; qui passe pour l'Edifice &:
le plus accomply de l'Europe.
Mais l'excellence de ces sortes d'ouvrages, qui eut d'abord quelque estime,
n'ayant pas continué à recevoir en France les témoignages avantageux quelle a
dans les autres Païs, où lespersonnes de la plus haute qualité sefont un honneur
de la connoisfance de ces belles chosès, où l'on ne traite point d'Artisans & de
gens méchaniques ceux qui en font profesfion, mais où on leur donne la qualité Le Tttien-
de Chevalier &c de Comte Palatin, &C enfin où l'on parle d'eux avec éloge, les
mettant parmy les hommes Illustres 5 il ne faut pas s'étonner (i 1'Architecture,que
la première faveur des Rois du sieclepaisé avoit commencé à élever en France,
est retombée dans son premier abaisïèment.
Quand ceux qui pouvoient faire quelque chose de rare ont vu que le nom
des grands hommes qui ont travaillé avec un sî.heureux succés, n'estoit con-
nu de personne,pendant que celuy du moindre Architecte d'Italie étoit con-
sacré à l'éternité par les plus cxcellens écrivains de leur temps ; quand ils ont
consideré qu'on les avoit cent fois importunez à Roma pour leur faire admirer
des chosès qui ne valloient pas celles que persbnne ne daignoit regarder en
France, & que les plus grands Seigneurs dont la pluspart ne connoissent point
d'autre magnificence que celle de leur dépence ordinaire & journalière, qui sur-
passe toujours leurs revenus, étoient bien éloignez d'entreprendre celle d'un
Edifice sbmptueux; enfin quand ils ont fait ressexion que les plus grands Archi-'
tectes avec toute la noblesTe de leur Art, avoieht bien de la peine à s'élever au
desïus des moindres Artisans j ils ont mieux aimé prendre tout autre party, que
d'embraiser une profession si peu capable de satisfaire la passion qu'ils avoient
pour la gloire.
On ne peut pas ce me semble faire ressexion sur toutes ceschosessans avouer que Henry vvmm
si laFrance,à causedu peu de beaux Edifices qu'elle a eu jusques àpresent,donne ^cHt&T"™-
sujet aux Etrangers de dire qu elle nest pas le Théâtre de l'Architecture ; cela ne
doit pas estre imputé à l'incapacité des Architectes, mais au peu de soin que l'on a
eu dereconnoistre leur mérite. Aussly a-t-il lieu d'esperer que ceux de nostre Na-
tion qui s'apliquent maintenant à l'Architecture, animez par le soin que le Roy
a
a esté basty dés ce temps-là au Louvre, est encore apresènt le modèle le plus
accombly que Ton puisse choisir pour la belle Architecture.
Cette préférence si honorable à nos Architectes releva tellement le courage
de tous ceux de la Nation qui se trouvèrent avoir quelque disjposition pour l'Ar-
chitecture , &: les porta à s'apliquer avec tant de soin à la recherche des secrets de
cet Art, qu'ils acquirent assez de suffisance pour aller sê faire admirer jusques dans
Rome, où ils firent des ouvrages que les Italiens mesmes reconnoisïènt estre des r*fa i«>s[*
chefs-d'oeuvres dignes de servir de Règle aux plus sçavans. Pre^ce'
Ce fut cette suffisance qui fit que le Roy d'Espagne Philippe 11 sê servit d'un &*p ** f«**
Architecte François pour son grand Bastiment de l'Escurial 5 &C qui fit que la '
Reine Catherine de Medicis n'employa que des François pour l'ordonnance ÔC
pour l'exécution du superbe Edifice de son Palais des Thuilleries : car la con-
noisîance profonde que cette Princessc Italienne avoit des beaux Arts, & prin-
cipalement de l'Architecture Iuy fit voir tant de capacité dans les deux Archite- Phu.dtLome.
ctes qu'elle choisit ; qu elle crut n'en pouvoir pas trouver de plus habiles dans **&&»*•
toute l'Italie.
A son exemple la Reine Marie de Medicis prit en France le grand Architecte iaapusdeBrof-
qui ordonna son incomparable Palais de Luxembourg ; qui passe pour l'Edifice &:
le plus accomply de l'Europe.
Mais l'excellence de ces sortes d'ouvrages, qui eut d'abord quelque estime,
n'ayant pas continué à recevoir en France les témoignages avantageux quelle a
dans les autres Païs, où lespersonnes de la plus haute qualité sefont un honneur
de la connoisfance de ces belles chosès, où l'on ne traite point d'Artisans & de
gens méchaniques ceux qui en font profesfion, mais où on leur donne la qualité Le Tttien-
de Chevalier &c de Comte Palatin, &C enfin où l'on parle d'eux avec éloge, les
mettant parmy les hommes Illustres 5 il ne faut pas s'étonner (i 1'Architecture,que
la première faveur des Rois du sieclepaisé avoit commencé à élever en France,
est retombée dans son premier abaisïèment.
Quand ceux qui pouvoient faire quelque chose de rare ont vu que le nom
des grands hommes qui ont travaillé avec un sî.heureux succés, n'estoit con-
nu de personne,pendant que celuy du moindre Architecte d'Italie étoit con-
sacré à l'éternité par les plus cxcellens écrivains de leur temps ; quand ils ont
consideré qu'on les avoit cent fois importunez à Roma pour leur faire admirer
des chosès qui ne valloient pas celles que persbnne ne daignoit regarder en
France, & que les plus grands Seigneurs dont la pluspart ne connoissent point
d'autre magnificence que celle de leur dépence ordinaire & journalière, qui sur-
passe toujours leurs revenus, étoient bien éloignez d'entreprendre celle d'un
Edifice sbmptueux; enfin quand ils ont fait ressexion que les plus grands Archi-'
tectes avec toute la noblesTe de leur Art, avoieht bien de la peine à s'élever au
desïus des moindres Artisans j ils ont mieux aimé prendre tout autre party, que
d'embraiser une profession si peu capable de satisfaire la passion qu'ils avoient
pour la gloire.
On ne peut pas ce me semble faire ressexion sur toutes ceschosessans avouer que Henry vvmm
si laFrance,à causedu peu de beaux Edifices qu'elle a eu jusques àpresent,donne ^cHt&T"™-
sujet aux Etrangers de dire qu elle nest pas le Théâtre de l'Architecture ; cela ne
doit pas estre imputé à l'incapacité des Architectes, mais au peu de soin que l'on a
eu dereconnoistre leur mérite. Aussly a-t-il lieu d'esperer que ceux de nostre Na-
tion qui s'apliquent maintenant à l'Architecture, animez par le soin que le Roy
a