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https://doi.org/10.11588/diglit.1719#0119
LI V R E I V. jtf
A CHAPITRE I. Chap. t
Des trois ordres de colonnes, de leur origine, & de leur intention.
LEs colonnes Corinthiennes onr toutes leurs proportions pareilles à celles des Ioni*r
ques, à lareserve du chapiteau, dont la hauteur fait quelles sont à proportion plus
* hautes & plus gresses 5 car la hauteur du chapiteau Ionique n'est quel la troisîéme partie du
* diamètre dclacolonne, au lieu que a le chapiteau Corinthien eltaussi haut/ que tout le dia-
* mètre , & ces deux parties du diamètre qui accroissent le chapiteau Corinthien y j don-
nent à la colonne une hauteur qui la fait paroître plus déliée. Les autres membres qui sont
g posefc sur les colonnes, sont empruntez des proportions de l'ordre Dorique ou de l'Ionique.
Car l'ordre Corinthien n'a point d'ordonnance propre & particulière pour sa corniche, ny
* pour ses autres drnemens, mais4 il prend ses mutules des Triglyphes de l'Ordre Dorique,
* de mesme que lesJ gouttes qu'il a en ses architraves ; & il tient de Tordre Ionique la sculptu-
* re qu'il a dans ses frises, comme auiïî ses * denticules & ses corniches. De sorte que de
1. La troisie'me partie du diamètre. Il faut
entendre que cette hauteur du chapiteau ne comprend pas ce
qui pend des volutes au desïbus del'astragale,mais feulement ce
qui est au dessus, pareequ'il s'agit icyde comparer la hauteur du
chapiteau avec la hauteur du fait de la colonne, ce qui ne sè pour-
roit pas faire si on consideroit la hauteur du chapiteau entier, dont
une partie anticipe sur le fait. II faut encore remarquer que la pro-
portion que Vitruve donne, ne doit pas estre prise au juste, mais
feulement à peu prés : car le chapiteau sans fes volutes a quelque
q chofe de moins que le tiers du diamètre du bas delà colonne.
i.Le chapiteau Corinthien est aussi HAUT.Pline
dit la mesine chofe de la hauteur du chapiteau Corinthien. Dans
ce qui nous reste de l'antiquité on ne trouve presquepoint de cha-
piteaux Corinthiens qui ne soient plus hauts que la largeur du bas
5e la colonne :cela est assèz étrange,si ce n'est que Phne de mesine
que Vitruve entende par le chapiteauje pannier ou tambour, iàns
comprendre le tailloir j pareeque la proportion la plus ordinaire, est
que le tambour sans le Tailloir ait de hauteur le diamètre de la co-
lonne. Toutefois Vitruve déclare un peu plus bas dans ce mesine
chap.que le Tailloir est compris dans cette grandeur du diamètre-,
ce qui ne fe rrouvepoint dans Pline, lorsque parlant du chapiteau
Corinthien, il dit feulement que sa hauteur est égale à la groûèur
du bas de la colonne, sins parler du Tailloir.
Cela pourrait faire croire que cet endroit de Vitruve "aurait
esté corrompu , & qu'il y avoit dans l'original fait abaeo ,
D mais qu'un Copistc qui n'entendoit pas le latin, & à qui on di-
ctoit le texte, a écrit soe cine avec un c. Ce qui a donné oc-
casion à une séconde erreur d'un autre Copiste, qui ne presii-
mant pas qu'on eust écrit sine avec un c, a lu am, siipposant que
, la dernière jambe de la lettre «testoit effacée, & prenant la lettre
* & la première jambe de la lettre » pour un ». On peut dire
contre cette conjecture, que le Copifte qui a esté allez ignorant
pour écrire fine avec un c, devoit avoir fait beaucoup de pa-
reilles sautes dans le livre, dans lequel néanmoins il ne s'en trou-
ve point d'autres de cette nature, si ce n'est au huitième chapi-
tre au z. livre, où le mot injertaest écrit dans tous les exemplai-
res inctrta, le Copiste ayant mis un c au lieu d'une/T Mais il n'est
pas fort difficile de croire que le texte de Vitruve que now avons,
ayant esté pris d'un exemplaire plus correct que celuy où sine
avoit esté écrit avec une, &que cet exemplaire ayant en quel-
_, ques endroits des mots & des lignes effacées, on lesarestituées
k comme on a pu sur d'autres exemplaires, dans lesquels ces mots &,
ces lignes seront trouvées plus lisibles*, & que l'on a pris dans
l'exemplaire, où il y avoit cine abaco écrit avec un e, ce cine aba-
eo que l'on a mis au lieu an sine abaco qui cstpit effacé dans l'e-
xemplaire correct. Serlio témoigne estre dans cette opinion en
sontroisicme livre, lorsqu'il décrit le chapiteau de l'arc d'Anco-
ne, auquel lieu il dit qu'en tous les chapiteaux qu'il a mesurez,
le tambour sins le tailloir est plus grand que le diamètre de la
colonne, & que cela luy fait croire que ce texte de Vitruve est
corrompu. -
J'ay sait dans la figure deux chapiteaux Corinthiens, dont
l'un estsiùvant les mesures du texte de Vitruve , supposé qu'il
y ait dm abaco \ l'autre est suivant I'usàge ordinaire,'dont le mo-
dèle est pris sur l'ordre Corinthien,du Portique de la Rot onde, qui
cstl'ouvrage le plus approuvé de tous ceux que nous ayons des an-
ciens , & qu'on tient avoir esté fait peu de temps après Vitruve:
Villalpande dit que les chapiteaux du Temple de Salomon n'e-
stoient point de la proportion queVitruve donne au chapiteau Co-
rinthien, quoy qu'il prétende que les Grecs n'en ont point esté le»
inventeurs,mais qu'ils les ont copiez sur ceux du Temple de Salo-
mon : & il montre que ces chapiteaux avoient plus de hauteur
que la colonne n'a de largeur par le bas, à caufe qu'il est dit au
troisîéme des Rois que camélia iuxtà mensitram columnx. eratit
satla,cpc dans l'Hébreu il y a iuxta mensitram ventris colwnna ,
& que par confequent le chapiteau avoit de haut plus que le dia-
mètre du bas , au moins la valeur du renssement.
3. Donnent a ia colonne une hauteur. Toute
cette hauteur ne va qu'à neuf diamètres, & une sixiéme partie de
diamètre, pareeque la colonne Corinthienne sélon Vitruve n'e-
stoit plus haute que l'Ionique, que de ce que le chapiteau Conn>
thien estoit plus haut que l'Ionique : or la colonne Ionique avoit
en tout huit diamètres & demy, & sbn chapiteau n'avoit que le
tiers du diamètre de la colonne-, de sorte que le chapiteau Corin-
thien qui avoit de hauteur le diamètre tout entier , ne pouvoir
donner à la colonne Corinthienne déplus qu'à l'Ionique que
deux tiers de diamètre, qui joints à huit &demi font neuf & un
sixiéme.
Le$ colonnes des Temples Monopteres dont il eft parlé cy-"*
après au chapitre 7, en avoient dix} il n'est point dit de quel or-
dre elles estoient, mais il y a apparence qu'elles dévoient estre
Corinthiennes, puisque Vitruve dit que la colonne Corinthien-
ne est la plus déliée de toutes. II fe trouve que la pluspart des co-
lonnes de cet ordre, tant anciennes que modernes, ont cette hau»
teur , sçavoir de djx fois leur diamètre. Il y a néanmoins quel-
ques-unsdes Architectes modernes, comme Palladio, qui n'ont
sùivynyk proportion que Vitruve donne en ce chapitre à la co-
lonne Corinthienne, ny celle des Temples Monopteres, maïs
qui ont choisi une proportion moyenne en luy donnant neuf
diamètres & demy. J. BuIIantluy donne quelque chofe de moins
que les neuf diamètres & la sixiéme partie.
4. It PREND SES MUTULES DES TRIGLYPHES DB
l'ordre Dorique. C'est-à-dire que les modisions del'ordre
Corinthien, sont pris des modisions oumutules qui sont au deiTu$
des Triglyphes de l'ordre Dorique : car c'estainsi que je eroy
qu'il faut expliquer ces mots Trygliphomm rationes, qui lignifient
les chofes qui appartiennent aux Triglyphes, sur lesquels on sçait
qu'il y avoit des mutules qui sbûtenoient la corniche de mesme
que dans l'ordre Corinthien les modillonsla soutiennent, Ori!
a déjà esté dit quelle est la dissérence des mutules qui sont pro-
pres, à l'ordre Dorique, & des modillons qui appartiennent au
Corinthien, sçavoir au chapitre 1. du 1. livre, où les mutules sont
apellez Corbeaux, de leur nom françois.
5. Les gouttes qu'il a dans ses architraves-."
Nous n'avons point d'exemple de ces-gouttes dans les Architra-
ves Corinthiens. , ,
6. Des DENTicuiEs.DemesmequelemembredemouIure
apellé Echine à caufe de la forme de châtaigne qu'il a quand il est
taillé, ainsi qu'il a esté dit cy-devant, ne laiilè pas d'estre ainfî
apellé dans le chapiteau Dorique, quoy qu'il ne loit point taillé i
Il y a aussi apparence que le membre quarré, qui d'ordinaire est
recoupé en l'ordre Ionique, peut estre apellé Denticule, bien qu'il
Ce
A CHAPITRE I. Chap. t
Des trois ordres de colonnes, de leur origine, & de leur intention.
LEs colonnes Corinthiennes onr toutes leurs proportions pareilles à celles des Ioni*r
ques, à lareserve du chapiteau, dont la hauteur fait quelles sont à proportion plus
* hautes & plus gresses 5 car la hauteur du chapiteau Ionique n'est quel la troisîéme partie du
* diamètre dclacolonne, au lieu que a le chapiteau Corinthien eltaussi haut/ que tout le dia-
* mètre , & ces deux parties du diamètre qui accroissent le chapiteau Corinthien y j don-
nent à la colonne une hauteur qui la fait paroître plus déliée. Les autres membres qui sont
g posefc sur les colonnes, sont empruntez des proportions de l'ordre Dorique ou de l'Ionique.
Car l'ordre Corinthien n'a point d'ordonnance propre & particulière pour sa corniche, ny
* pour ses autres drnemens, mais4 il prend ses mutules des Triglyphes de l'Ordre Dorique,
* de mesme que lesJ gouttes qu'il a en ses architraves ; & il tient de Tordre Ionique la sculptu-
* re qu'il a dans ses frises, comme auiïî ses * denticules & ses corniches. De sorte que de
1. La troisie'me partie du diamètre. Il faut
entendre que cette hauteur du chapiteau ne comprend pas ce
qui pend des volutes au desïbus del'astragale,mais feulement ce
qui est au dessus, pareequ'il s'agit icyde comparer la hauteur du
chapiteau avec la hauteur du fait de la colonne, ce qui ne sè pour-
roit pas faire si on consideroit la hauteur du chapiteau entier, dont
une partie anticipe sur le fait. II faut encore remarquer que la pro-
portion que Vitruve donne, ne doit pas estre prise au juste, mais
feulement à peu prés : car le chapiteau sans fes volutes a quelque
q chofe de moins que le tiers du diamètre du bas delà colonne.
i.Le chapiteau Corinthien est aussi HAUT.Pline
dit la mesine chofe de la hauteur du chapiteau Corinthien. Dans
ce qui nous reste de l'antiquité on ne trouve presquepoint de cha-
piteaux Corinthiens qui ne soient plus hauts que la largeur du bas
5e la colonne :cela est assèz étrange,si ce n'est que Phne de mesine
que Vitruve entende par le chapiteauje pannier ou tambour, iàns
comprendre le tailloir j pareeque la proportion la plus ordinaire, est
que le tambour sans le Tailloir ait de hauteur le diamètre de la co-
lonne. Toutefois Vitruve déclare un peu plus bas dans ce mesine
chap.que le Tailloir est compris dans cette grandeur du diamètre-,
ce qui ne fe rrouvepoint dans Pline, lorsque parlant du chapiteau
Corinthien, il dit feulement que sa hauteur est égale à la groûèur
du bas de la colonne, sins parler du Tailloir.
Cela pourrait faire croire que cet endroit de Vitruve "aurait
esté corrompu , & qu'il y avoit dans l'original fait abaeo ,
D mais qu'un Copistc qui n'entendoit pas le latin, & à qui on di-
ctoit le texte, a écrit soe cine avec un c. Ce qui a donné oc-
casion à une séconde erreur d'un autre Copiste, qui ne presii-
mant pas qu'on eust écrit sine avec un c, a lu am, siipposant que
, la dernière jambe de la lettre «testoit effacée, & prenant la lettre
* & la première jambe de la lettre » pour un ». On peut dire
contre cette conjecture, que le Copifte qui a esté allez ignorant
pour écrire fine avec un c, devoit avoir fait beaucoup de pa-
reilles sautes dans le livre, dans lequel néanmoins il ne s'en trou-
ve point d'autres de cette nature, si ce n'est au huitième chapi-
tre au z. livre, où le mot injertaest écrit dans tous les exemplai-
res inctrta, le Copiste ayant mis un c au lieu d'une/T Mais il n'est
pas fort difficile de croire que le texte de Vitruve que now avons,
ayant esté pris d'un exemplaire plus correct que celuy où sine
avoit esté écrit avec une, &que cet exemplaire ayant en quel-
_, ques endroits des mots & des lignes effacées, on lesarestituées
k comme on a pu sur d'autres exemplaires, dans lesquels ces mots &,
ces lignes seront trouvées plus lisibles*, & que l'on a pris dans
l'exemplaire, où il y avoit cine abaco écrit avec un e, ce cine aba-
eo que l'on a mis au lieu an sine abaco qui cstpit effacé dans l'e-
xemplaire correct. Serlio témoigne estre dans cette opinion en
sontroisicme livre, lorsqu'il décrit le chapiteau de l'arc d'Anco-
ne, auquel lieu il dit qu'en tous les chapiteaux qu'il a mesurez,
le tambour sins le tailloir est plus grand que le diamètre de la
colonne, & que cela luy fait croire que ce texte de Vitruve est
corrompu. -
J'ay sait dans la figure deux chapiteaux Corinthiens, dont
l'un estsiùvant les mesures du texte de Vitruve , supposé qu'il
y ait dm abaco \ l'autre est suivant I'usàge ordinaire,'dont le mo-
dèle est pris sur l'ordre Corinthien,du Portique de la Rot onde, qui
cstl'ouvrage le plus approuvé de tous ceux que nous ayons des an-
ciens , & qu'on tient avoir esté fait peu de temps après Vitruve:
Villalpande dit que les chapiteaux du Temple de Salomon n'e-
stoient point de la proportion queVitruve donne au chapiteau Co-
rinthien, quoy qu'il prétende que les Grecs n'en ont point esté le»
inventeurs,mais qu'ils les ont copiez sur ceux du Temple de Salo-
mon : & il montre que ces chapiteaux avoient plus de hauteur
que la colonne n'a de largeur par le bas, à caufe qu'il est dit au
troisîéme des Rois que camélia iuxtà mensitram columnx. eratit
satla,cpc dans l'Hébreu il y a iuxta mensitram ventris colwnna ,
& que par confequent le chapiteau avoit de haut plus que le dia-
mètre du bas , au moins la valeur du renssement.
3. Donnent a ia colonne une hauteur. Toute
cette hauteur ne va qu'à neuf diamètres, & une sixiéme partie de
diamètre, pareeque la colonne Corinthienne sélon Vitruve n'e-
stoit plus haute que l'Ionique, que de ce que le chapiteau Conn>
thien estoit plus haut que l'Ionique : or la colonne Ionique avoit
en tout huit diamètres & demy, & sbn chapiteau n'avoit que le
tiers du diamètre de la colonne-, de sorte que le chapiteau Corin-
thien qui avoit de hauteur le diamètre tout entier , ne pouvoir
donner à la colonne Corinthienne déplus qu'à l'Ionique que
deux tiers de diamètre, qui joints à huit &demi font neuf & un
sixiéme.
Le$ colonnes des Temples Monopteres dont il eft parlé cy-"*
après au chapitre 7, en avoient dix} il n'est point dit de quel or-
dre elles estoient, mais il y a apparence qu'elles dévoient estre
Corinthiennes, puisque Vitruve dit que la colonne Corinthien-
ne est la plus déliée de toutes. II fe trouve que la pluspart des co-
lonnes de cet ordre, tant anciennes que modernes, ont cette hau»
teur , sçavoir de djx fois leur diamètre. Il y a néanmoins quel-
ques-unsdes Architectes modernes, comme Palladio, qui n'ont
sùivynyk proportion que Vitruve donne en ce chapitre à la co-
lonne Corinthienne, ny celle des Temples Monopteres, maïs
qui ont choisi une proportion moyenne en luy donnant neuf
diamètres & demy. J. BuIIantluy donne quelque chofe de moins
que les neuf diamètres & la sixiéme partie.
4. It PREND SES MUTULES DES TRIGLYPHES DB
l'ordre Dorique. C'est-à-dire que les modisions del'ordre
Corinthien, sont pris des modisions oumutules qui sont au deiTu$
des Triglyphes de l'ordre Dorique : car c'estainsi que je eroy
qu'il faut expliquer ces mots Trygliphomm rationes, qui lignifient
les chofes qui appartiennent aux Triglyphes, sur lesquels on sçait
qu'il y avoit des mutules qui sbûtenoient la corniche de mesme
que dans l'ordre Corinthien les modillonsla soutiennent, Ori!
a déjà esté dit quelle est la dissérence des mutules qui sont pro-
pres, à l'ordre Dorique, & des modillons qui appartiennent au
Corinthien, sçavoir au chapitre 1. du 1. livre, où les mutules sont
apellez Corbeaux, de leur nom françois.
5. Les gouttes qu'il a dans ses architraves-."
Nous n'avons point d'exemple de ces-gouttes dans les Architra-
ves Corinthiens. , ,
6. Des DENTicuiEs.DemesmequelemembredemouIure
apellé Echine à caufe de la forme de châtaigne qu'il a quand il est
taillé, ainsi qu'il a esté dit cy-devant, ne laiilè pas d'estre ainfî
apellé dans le chapiteau Dorique, quoy qu'il ne loit point taillé i
Il y a aussi apparence que le membre quarré, qui d'ordinaire est
recoupé en l'ordre Ionique, peut estre apellé Denticule, bien qu'il
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