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D Ê M. DE VOLTAIRE

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LETTRE XXL
A MADAME D E N I S s d Paris.
Le 16 mars, au soin
O U s {aurons, dans la vallée cle Josophat, pour- ” ’
quoi j’ai reçu si tard votre lettre du 25 février , par 1
laquelle vous m’apprenez que Rome sauvée n’est pas
perdue. Les bonnes nouvelles sont toujours retardées,
et les mauvaises ont des ailes. Soyez bénie d’avoir
gagné cette bataille, malgré les officiers de nos troupes
qui ne se sont pas, dit-on , trop bien comportés. Est-il
vrai que Cicéron avait une extinction de voix; et que
le sénat était fort gauche ? Toutes les lettres confir-
ment que Céfar a joué parfaitement, et qü’il y a eu
de l’enthousiasme dans le parterre.
Savez-vous quel est mon avis ? c’est de nous retirer
sur notre gain. Une pièce si romaine et si peu pari-
sienne ne peut long temps attirer la foule. Les scènes
fortes et vigoureuses , les sentimens de grandeur et
de générosité ravissent d’abord ; mais l’admiration
s’épuise bien vite. On n’aime que les portraits où l’on
se retrouve.
Les dames des premières loges se retrouveront-elles
dans le sénat romain ? On ne joue plus le Sertorius
de Pierre Corneilk, et on donne souvent le très-plat
Comte d’Elsex de son srère Thomas. Les gens inllruits
peuvent me savoir gré d'avoir lutté contre les diffi-
cultés d’un sujet si ingrat et si impraticable ; mais je
suis toujours très-persuadé que les loges se lasïeront
Corrcsp. générale. Tome IV. D
 
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