Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]: Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Cinquante-Neuvieme = Recueil Des Lettres, Tome IV): 1752-juin 1755 (A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1789) [VD18 90793420]

196 RECUEIL DES LETTRES
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LETTRE XCL
AU ME AI E.
—“—Cher frère, vous êtes assurément le premier
*7 53* capitaine d’infanterie qui ait ainsi parlé de philo-
sophie. Votre extrait de Gaffindi est digne de Bayle.
Je ne savais pas que GaJJendi eût été le précurseur
de Locke , dans le doute modeite et éclairé si la matière
peutpenser. Il y a dans de vieux magasms, où per-
sorine ne fouille, des épées souillées ; mais excellentes,
dont un bon guerrier peutse servir pourpercer les sots.
Beizébuth vous ait en sa sainte garde , mon cher
Marquis; je vous aime de tout mon cœur. Tâchez
de venir aujourd'hui chez votre frère le damné, qui
souffreplus que jamais.
LETTRE X C I I.
AU MEME.
FrERE Paul, je vous attendais, je comptais souper
avec vous aujourd’hui, et nous nous fîmes hier une
fête de vous promettre au révérend père abbé. Frère,
savez-vous bien que je viens de me coucher : mais
puisque mon frere elt toujours visité de dieu, et
affligé enson corps terrestre. je vais me lever, et mon
ame va tâcher de consoler la lienne. J’offre pour vous
mes ferventes prières , et je vous donne le baiser de
paix. Dans un quart d’heure je paierai de ma cellule
dans votre hermitage.
Frère Voit aire.